Attendez que je me rappelle... Il y a exactement trois mois, les indices boursiers touchaient leur creux du cycle baissier que l'on vient de traverser. La grande déprime était omniprésente partout, même chez les plus optimistes des spéculateurs. Les gens ne voulaient plus rien savoir de la Bourse. Le niveau de découragement des investisseurs, même chez les plus aguerris, était extrêmement élevé en raison de la multiplication de mauvaises nouvelles financières.

En rappel, voici les statistiques que j'avais publiées sur les creux boursiers atteints en cours de séance le 6 mars dernier, avec, entre les parenthèses, le pourcentage de recul par rapport aux sommets du précédent marché haussier :

- S & P/TSX Composite : 7480 points (-50,7%)

- Dow Jones : 6470 points (-54,5%)

- S & P 500:667 points (-57,7%)

- NASDAQ : 1265 points (-55,8%)

- Nikkei : 6994 points (-52,1%)

Ces creux du dernier «bear market» représentaient les pires performances boursières enregistrées depuis la déconfiture de Wall Street des années 1929 à 1932 (-86% pour les indices américains) et celle de la Bourse japonaise de 1989-1992 (-63% pour le Nikkei).

Comme les reculs observés jusqu'au 6 mars dernier dépassaient de beaucoup les baisses moyennes (33%) enregistrées lors des 11 cycles baissiers observés depuis 1956, j'avais proposé aux plus braves (ou frondeurs) de commencer à réinvestir graduellement dans les grands indices boursiers, comme le XIU (S & P/TSX 60 de la Bourse de Toronto), le XSP (S & P 500 de la Bourse de New York) ou le XIN (MSCI Mondial). Ces trois indices sont négociés à la cote de la Bourse de Toronto, comme de simples actions que l'on achète par l'entremise des maisons de courtage.

On ne sait toujours pas si les creux du 6 mars dernier représentent bel et bien les «vrais» creux du dernier «bear market». On se souviendra qu'en novembre dernier, on avait eu droit à de «faux» creux. Les investisseurs s'étaient fait prendre dans une «trappe haussière» qui s'était poursuivie jusqu'au début de janvier dernier. Par la suite, une magistrale débandade nous avait rabaissé le portefeuille jusqu'aux creux de la séance boursière du 6 mars passé.

Mais depuis ces creux, on constate que la Bourse a littéralement explosé à la hausse. D'une simple correction à la hausse dans un marché fondamentalement déprimé, on est passé à un marché de plus en plus euphorique. Comme seule la Bourse peut en créer. Les investisseurs reprennent rapidement confiance et redeviennent de plus en plus actifs dans le marché.

Une fois de plus, la Bourse confirme le vieil adage suivant : une fois le creux d'un cycle baissier atteint, le revirement à la hausse a la réputation d'être explosif. On parle ici d'une hausse potentielle pouvant atteindre les 40% durant les 12 premiers mois qui suivent le creux dudit cycle baissier.

Loin de moi l'intention de vouloir casser le party auquel la Bourse nous convie ces temps-ci. Sachez toutefois que le redressement de la Bourse depuis les creux du 6 mars dernier et le haut de la dernière semaine a déjà atteint en trois mois seulement les 40% de la hausse annuelle historique qui suit le creux des cycles baissiers!

- S & P/TSX Composite : de 7480 à 10 637 points (+42,2%)

- Dow Jones : de 6470 à 8787 points (+35,8%)

- S & P 500 : de 667 à 949 points (+42,3%)

- NASDAQ : de 1265 à 1850 points (+46,2%)

- Nikkei: de 6994 à 9793 points (+40,0%)

Comme on vient de le constater, il s'agit d'un redressement boursier explosif et rapide.

Trop rapide? On verra au cours des prochaines semaines... si les investisseurs puiseront davantage dans les montagnes de liquidités qu'ils laissent traîner actuellement à du 0% ou presque dans les fonds de marché monétaire, les bons du Trésor et les dépôts à court terme.

En raison de la forte hausse de 40% engrangée depuis les trois derniers mois, le marché boursier est techniquement dû pour prendre une pause. Mais comme il a été impossible de prévoir l'ampleur de la récente déconfiture, il est également impossible de deviner quand se produira la prochaine correction à la baisse et son ampleur...

Voilà pourquoi, il faut échelonner ses achats lorsqu'on est en phase de reconstruction de portefeuille et... échelonner ses prises de profit lorsqu'on a d'intéressants gains d'accumulés.

Et là-dessus, bonne chance !