Décidément, l'année de rêve de l'Impact de Montréal ne montre aucun signe de vouloir s'arrêter.

À quelques jours de leur départ pour le Mexique, où le match retour contre le Santos Laguna aura lieu jeudi prochain, les improbables quarts-de-finalistes de la Ligue des champions de la CONCACAF n'auraient pu rêver d'un meilleur scénario que leur jouissive victoire de 2-0 d'hier soir.

Toute la pression repose maintenant sur les épaules des joueurs du Santos, qui devront marquer au moins trois fois chez eux, le 5 mars, pour espérer passer à la ronde suivante du tournoi. Grosse commande, pour un club qui n'a trouvé le fond du filet que cinq fois en huit matchs cet hiver.

 

Il est vrai qu'en début de partie, les Mexicains, favoris de la plupart des observateurs, avaient laissé sur les lignes de côté quelques-uns de leurs partants habituels. Mais la victoire de l'Impact demeure très méritoire.

On dit souvent que la Major League Soccer est la meilleure ligue de soccer professionnel en Amérique du Nord. C'est faire fi de la géographie du continent et surtout faire insulte au championnat mexicain, qui compte pas moins de quatre équipes parmi les huit toujours en lice dans la Ligue des champions. L'Impact a battu hier un vrai club de soccer qui joue dans un championnat relevé, pas un obscur club de second niveau.

Le but rapide d'Eduardo Sebrango a semblé geler les joueurs de Santos, qui ont perdu nombre de batailles pour le ballon au cours de la première mi-temps. «Marquer tôt, c'est toujours l'objectif, a souligné l'entraîneur John Limniatis après la rencontre. Ça met l'autre équipe sur les talons et ça te procure beaucoup d'énergie parce que tu te mets à croire en toi-même.»

Alors qu'on s'attendait à ce que Santos multiplie les passes courtes et exerce un contrôle constant du ballon, ce sont plutôt les hommes en bleu qui leur ont servi cette médecine. Les Montréalais ont dominé au chapitre du temps de possession tout en exerçant une bonne vigilance face à la contre-attaque de leurs adversaires.

Alors que Santos est au beau milieu de son championnat d'hiver, l'Impact en était à son premier match compétitif depuis la fin octobre. Pourtant, aucune trace de rouille dans le jeu des Montréalais, qui ont visiblement tiré tout le profit qu'ils pouvaient espérer de leur récente tournée en Italie.

Il n'en tient qu'à l'Impact de poursuivre sur sa lancée, dans des conditions qui promettent toutefois d'être beaucoup moins favorables lors du match retour. À Torreon, il n'y aura pas 55 000 partisans qui font la vague. Il n'y aura plus d'effet de surprise. Et le match aura lieu sur du gazon naturel, plutôt que sur une surface artificielle sur laquelle l'Impact avait eu l'avantage non négligeable de pouvoir s'entraîner pendant plus d'une semaine.

Non, ce quart de finale n'est pas fini. Mais il aurait difficilement pu mieux commencer. L'Impact dans le quatuor final de la Ligue des champions? Ça pourrait bien se faire.

On a beaucoup parlé, avec raison, de la foule remarquable qui s'est déplacée hier au Stade olympique. Il est toutefois inacceptable que le match entre l'Impact et Santos Laguna, l'un des plus importants, sinon le plus important, de l'histoire des clubs de soccer canadiens, n'ait pas été télédiffusé en direct, sauf sur l'obscure chaîne CBC Bold, à laquelle à peu près personne n'est abonné. Radio-Canada nous avait fait le même coup lors de la Coupe du monde U-20, à l'été 2007. Question: à quoi ça sert d'acheter les droits de télédiffusion, si c'est pour fourguer les matchs sur l'internet ou pour les présenter à une heure où même les gars de La Zone sont partis se coucher? (Michel Villeneuve a d'ailleurs dû commencer son émission en avertissant les téléspectateurs de se boucher les oreilles s'ils voulaient regarder le match sans connaître le résultat à l'avance.)

À quoi ça sert d'avoir une solide équipe de reporters, descripteurs et autres analystes si c'est pour reléguer la partie dans les limbes télévisuels? J'aime bien Les invincibles, mais il me semble que Lyne la pas fine, l'horrible P.-A. et le reste de cette joyeuse bande de losers (plus ou moins) sympathiques auraient pu profiter d'une semaine de relâche. Une belle occasion manquée, quand on sait que le soccer est le sport de participation le plus populaire au Québec et dans le reste du pays...

«On est une chaîne généraliste. Ça limite ce qu'on peut faire dans l'événementiel», plaide le directeur des sports de Radio-Canada, François Messier. Je veux bien. Tout de même, n'aurait-on pu, le temps d'un match, conclure un partenariat avec RDS? Non, répond-il. «On est partenaires de l'Impact et on essaie de préparer la saison qui s'en vient. Quel genre de message est-ce qu'on aurait lancé à l'équipe si on avait envoyé le match à RDS?»

Paraît que Radio-Canada réfléchit avec la CBC à un projet de chaîne sportive spécialisée. Souhaitons que ça se réalise au plus vite. Les amateurs de sport méritent mieux.