Il n'y a pas que les émetteurs de cartes de crédit qui continuent de saigner à blanc les gens surendettés en leur chargeant des taux d'intérêt fort élevés sur les soldes impayés. Les entreprises de «services publics» n'y vont pas, elles aussi, avec le dos de la cuiller pour siphonner davantage les familles lourdement endettées et incapables de payer la totalité de leurs comptes courants.

Que la Banque du Canada ait radicalement abaissé son taux directeur de 4% à seulement 1% en l'espace d'à peine une année, cela n'a eu aucun impact à la baisse sur les taux d'intérêt exigés par les grands fournisseurs de services publics, à savoir l'électricité, le gaz naturel, le téléphone, la câblodistribution et l'internet.

 

Commençons par le plus original dans sa facturation: Vidéotron. Chez eux, on doit payer d'avance les services requis par notre abonnement mensuel. Exemple: la facturation «courante» pour la période de 18 février au 17 mars 2009 est datée du 30 janvier 2009. L'échéance est le 18 février. Si je ne paie pas le montant facturé à ladite date d'échéance, on me chargera l'équivalent d'un taux d'intérêt de 19,56% par année (soit 1,5% par mois, calculé et composé quotidiennement à compter de la date d'échéance).

Allons maintenant voir ce qui se passe avec les soldes impayés des clients de Bell Canada, le plus gros fournisseur de la téléphonie canadienne, en plus du sans-fil, de la câblodistribution et de l'internet.

Chez Bell Canada [[|ticker sym='T.BCE'|]], les soldes impayés font l'objet de deux surcharges différentes. La portion des services réglementés est assujettie à un taux d'intérêt annuel de 12,68% (soit 1% par mois, composé).

Mais là où la facture de Bell fait très mal aux clients incapables de payer entièrement leurs comptes mensuels, c'est au chapitre des nombreux services dits non réglementés (interurbains, plans d'entretien, Bell Mobilité, Sympatico, internet). Le taux d'intérêt sur les soldes impayés des services non réglementés s'élève à 26,80% (voire 2% par mois, composé). Et les intérêts courent à partir de la date de facturation, comme dans le cas des cartes de crédit.

La société Rogers [[|ticker sym='T.RCI.B'|]] exige elle aussi sur les comptes en souffrance d'onéreux frais d'intérêt de 26,80% (2% par mois composé mensuellement).

Du côté de Gaz Métro [[|ticker sym='T.GZM.UN'|]], on ne se casse pas la tête avec les fluctuations de taux directeur de la Banque du Canada. On n'en tient absolument pas compte. Ainsi, depuis 15 à 20 ans, c'est le statu quo chez Gaz Métro, m'affirme-t-on. Gaz Métro facture toujours le même taux d'intérêt sur les comptes non payés à temps, soit 1,5% par mois, composé, ce qui donne l'équivalent d'un taux d'intérêt annuel de quelque 19,5%.

Passons maintenant à Hydro-Québec. Après un délai de grâce de 21 jours, Hydro vous attend avec un taux d'intérêt de 15,38% (calculé à raison 1,2% par mois, composé).

Fait à noter: depuis que la facture a fait peau neuve en 2008, Hydro-Québec se contente d'indiquer sur la facture résidentielle la mise en garde suivante: «Payer en retard entraîne des frais d'administration calculés au taux mensuel de 1,2% à partir de la date de facturation.»

Hydro a ainsi retiré de sa mise en garde la mention du taux annuel de 15,38% (soit 1,2% par mois, composé). Comme si on ne voulait pas faire peur aux consommateurs!

Dans ma chronique de samedi dernier «Le vrai scandale de la crise», je signalais que les grandes institutions bancaires facturaient actuellement autour de 19,5% d'intérêt sur les soldes des cartes courantes de Visa et MasterCard, soit à peine un demi-point de pourcentage de moins qu'en février 1990. À cette époque, le taux d'escompte de la Banque du Canada s'élevait à 13% alors qu'aujourd'hui, il se situe à 1% et des poussières.

Sachez que nos institutions bancaires sont encore plus gourmandes avec les découverts de compte. Plusieurs d'entre elles vous facturent rien de moins que du 21% d'intérêt. Ainsi, je vous invite à faire bien attention avec l'utilisation de votre carte de débit, laquelle débite instantanément votre compte bancaire, sans le moindre délai.

Qu'attendent les gouvernements pour imposer une limite à l'exploitation des gens surendettés! Qu'attendent-ils pour exiger de ces fournisseurs de «services publics» une mise à jour trimestrielle des taux d'intérêt qui s'inspirerait de la grille des taux d'intérêt prescrits par Revenu Canada sur les comptes en souffrance. Actuellement, le taux fédéral sur les créances est de 6%. Revenu Québec charge, quant à lui, du 7%. Cela me semble assez élevé dans le contexte d'un taux directeur à 1% et d'un taux préférentiel à 3%!