Le français est une langue merveilleuse. Parfois, il suffit de lire ou d'écouter attentivement les mots employés pour comprendre une situation. Par exemple, on ne donne jamais du respect, on gagne ou on mérite le respect. Malheureusement, trop souvent dans la vie, on oublie d'écouter sa langue. On marcherait moins plié en deux en direction des plaines d'Abraham.

Parfois aussi, quand on s'arrête quelques secondes, on réalise à quel point un surnom est révélateur. « L'Artiste «, dit-on de Kovalev. Quelqu'un, à un moment donné, a senti un aspect de la personnalité de Kovalev, il l'a utilisé dans un texte ou dans une intervention à la radio ou à la télé et le surnom est resté. C'est parce qu'il correspondait à un point fondamental de la personnalité ou du jeu de Kovy. Comme le Rocket pour Maurice Richard ou le Grand Jean pour Jean Béliveau. Ou le Sénateur pour Serge Savard. Des surnoms qui collent à la peau.

Qui dit artiste dit sensibilité. Heureusement, Guy Carbonneau a su dépasser son instinct, a su faire passer le bien de l'équipe avant sa conviction d'avoir raison et s'est assis avec Kovalev pour discuter. Pour le rassurer, pour lui rappeler qu'il est un élément essentiel du Canadien et que toute l'organisation compte sur son talent et son charisme pour continuer dans le succès.

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C'est un artiste. Vous pouvez dire qu'Alex Kovalev est un joueur de hockey, un professionnel, qu'il est payé pour jouer, qu'il n'a pas à avoir des états d'âme puisqu'il gagne des millions, vous aurez raison. Mais en apparence seulement.

Parce que ça n'a rien à voir. Alex Kovalev est un artiste et il a besoin d'être réconforté. C'est comme ça et c'est fréquent.

Dans une autre moitié de ma vie, je passe mon temps à travailler avec des artistes. Que ce soit des musiciens, des réalisateurs ou des acteurs. Ce sont des professionnels, ce sont des femmes et des hommes payés pour faire leur travail. Ça ne change rien à la situation. Ils ont souvent besoin d'être rassurés, d'être encouragés, de se faire dire qu'ils sont essentiels et qu'ils sont les meilleurs.

Comme Alexei...

Et je n'exagère pas d'un iota. Quelqu'un d'aussi solide et d'aussi fort que Michel Forget, un pan de mur physique et mental, est l'artiste par excellence quand vient le temps de se faire rassurer. Un vrai Kovalev. Je me rappelle un dimanche après-midi où j'étais à Indianapolis pour couvrir le Grand Prix de Formule 1. Le téléphone avait sonné. C'était Michel Forget. Il était en train de préparer une journée de tournage et il n'était pas rassuré sur le sens à donner à une longue réplique. On a discuté une dizaine de minutes. Dans le fond, Forget avait parfaitement compris. Il avait juste le goût de jaser, pour se faire dire que tout allait bien, que tout le monde était content de son travail et de son jeu.

Un artiste. Un Kovalev.

Si c'est vrai pour un colosse comme Michel Forget, imaginez-vous comment ça peut être essentiel de se faire rassurer et de se faire encourager pour une comédienne aussi passionnée que Julie Dupage, la Valérie de Lance et compte. Plus l'artiste a du talent, plus il est à fleur de peau. Moins c'est facile d'afficher toujours la même constance.

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Un acteur n'est pas un joueur de hockey. Mais les deux donnent un spectacle, les deux sont des performers. Certains comédiens arrivent à fonctionner sur le pilote automatique. Ils sont toujours réguliers. Bons, rarement géniaux. C'est la même chose au hockey. Il y a des Steve Bégin et il y a des Alex Kovalev. Je ne dis pas que c'est juste, je dis juste que c'est comme ça. Et qu'heureusement, Guy Carbonneau semble avoir compris qu'il fallait parfois traiter différemment des hommes qui sont différents.

Soit dit en passant, Bob Gainey, qui a joué avec Guy Lafleur et avec plusieurs grands du hockey, a parfaitement saisi qu'un Kovalev sera toujours différent, qu'il sera parfois difficile à cerner et qu'il faudra parfois prendre le temps d'écouter au lieu de donner des ordres.

C'est arrivé cette semaine, ça va arriver encore. Ce n'est pas grave, c'est un artiste.

DANS LE CALEPIN - Michel Villeneuve a surfé pendant 24 heures avec une rumeur de transaction impliquant Brad Richards. Hier, notre Michou national s'est défendu d'avoir lancé une autre rumeur. Il a expliqué qu'il s'était contenté de suivre un dossier, de nous raconter que Bob Gainey s'était informé au sujet de Brad Richards. Ça arrive évidemment dans une ville où on discute du Canadien 24 heures par jour à la radio et où un réseau de télé s'affiche comme le partenaire du Canadien. De toute façon, ça ne veut rien dire, ce genre de rumeur. Si Bob Gainey a appelé son vis-à-vis de Dallas, il ne le dira jamais. Et s'il ne l'a pas fait, il n'en parlera pas non plus puisqu'il ne l'a pas fait. Autrement dit, chaque jour on pourrait lancer que Bob Gainey a parlé avec Doug Risebrough ou avec Brian Burke et il n'y a pas de risque puisque Gainey ne confirmera ni n'infirmera la rumeur. Par ailleurs, j'ai entendu dire que Bob Gainey a discuté avec Marie-Mai...