L' an dernier au Canada, 1097 décès reliés au travail ont été recensés par l'Association des Commissions des accidents du travail du Canada.

L' an dernier au Canada, 1097 décès reliés au travail ont été recensés par l'Association des Commissions des accidents du travail du Canada.

En admettant qu'un Canadien travaille environ 230 jours dans une année, ça signifie, qu'en moyenne, le travail est responsable de cinq décès par jour. Ça donne froid dans le dos.

Ce macabre bilan est le résultat d'une recherche conduite par Andrew Sharpe et Jill Hardt, du Centre d'étude des niveaux de vie, un organisme indépendant d'Ottawa, bien connu pour ses travaux sur la productivité canadienne. Les deux chercheurs ont voulu comprendre ce qui explique ce sombre portrait.

Ils ont analysé les causes des décès, l'âge des victimes, leur secteur d'activité et ce, sur une période s'échelonnant de 1993 à 2005. Le niveau élevé de morts liées au travail est ce qui choque le plus à la lecture de ce rapport.

L'absence totale de progrès à ce chapitre est également source d'inquiétude et d'indignation. Il est tout à fait inacceptable que tant de gens meurent en gagnant leur vie.

Deux causes majeures sont responsables de la mort des travailleurs: les accidents et les maladies contractées au travail, l'amiantose étant la plus fréquente. En 2005, 557 travailleurs ont succombé à une maladie, alors que 491 sont morts après un accident.

Quand on analyse les données sur une longue période, on note qu'en 1996, 2,9 personnes sur 100 000 travailleurs ont perdu la vie accidentellement, alors qu'en 2005 ce ratio était de 3,0.

Malgré les campagnes de sensibilisation, aucune amélioration n'a été observée en 10 ans. Le boom de l'immobilier et la remontée du prix des matières premières expliquent en partie ce bulletin de cancre.

La construction et le travail dans les mines sont parmi les secteurs les plus risqués répertoriés par les chercheurs.

Que des explications existent ne rend pas ce bilan plus excusable. Il faut absolument faire mieux. Ça saute encore plus aux yeux lorsqu'on compare la performance canadienne à celle d'autres pays.

L'Australie, le Danemark, la Finlande, le Japon, la Suisse, la Suède et le Royaume-Uni, pour ne nommer que ces pays, affichent tous un meilleur bilan que le Canada pour ce qui est du ratio de morts par accident sur 100 000 travailleurs.

Trop de risques sont pris avec la vie des travailleurs canadiens, des améliorations doivent absolument être apportées au chapitre de la prévention.

Là-dessus, le Québec n'a pas de leçon à donner au reste du pays. Le nombre de travailleurs morts des suites d'un accident de travail y est en croissance. Du 1er janvier au 26 novembre, 76 personnes sont mortes en 2004, 92 en 2005 et 102 en 2006.

Si on se désole du surplace observé au chapitre des morts accidentelles, il y a de quoi pleurer à constater la progression des décès liés aux maladies. Au Canada, de 1996 à 2005, le ratio est passé de 1,5 par 100 000 travailleurs à 3,4.

Là encore, ça s'explique. Prenons le cas de l'amiantose, une fibrose pulmonaire causée par l'inhalation de fibres d'amiante lors de son extraction ou de son broyage dans les industries du textile, du ciment et de l'isolation.

Cette maladie a une longue période de latence, ça peu prendre de 20 à 40 ans avant l'apparition des premiers symptômes. On récolte donc aujourd'hui le résultat des piètres conditions de travail d'autrefois.

Le rapport de recherche nous apprend qu'en 1996, 60 travailleurs sont morts au Canada des suites d'une maladie reliée à l'amiante. Ce chiffre a grimpé à 286 en 2004. Le pire est encore à venir, il faudra attendre 2020 avant d'observer un déclin.

Le Québec, important producteur d'amiante, est durement touché. Depuis 1999, dernières années pour laquelle la CSST nous a fourni des données, 477 travailleurs sont morts des suites de l'amiantose, dont 105 en 2005. On a beau avoir sévèrement encadré l'utilisation de cette matière depuis 1990, l'amiante a eu le temps de faire des ravages.

Si on ne peut pas refaire le passé, il faut tout mettre en uvre pour que l'histoire ne se répète pas. Outre l'amiante qu'il faut manipuler avec précaution, d'autres substances sont apparues sur le marché. Il faudrait s'assurer que les travailleurs n'en feront pas les frais.

On le dit souvent, la seule chose que l'on sait avec certitude, c'est qu'on va mourir un jour. Si la mort en général est inévitable, il faut tout faire pour que celle liée au travail soit évitée.