Consommation au ralenti, baisse des prix de l'immobilier, crise du crédit... Encore un papier sur les États-Unis? Non. Plutôt un dernier bilan de santé du Royaume-Uni, dont les sujets passent un dur hiver.

Consommation au ralenti, baisse des prix de l'immobilier, crise du crédit... Encore un papier sur les États-Unis? Non. Plutôt un dernier bilan de santé du Royaume-Uni, dont les sujets passent un dur hiver.

Les États-Unis et le Royaume-Uni ont connu, à plusieurs égards, des conditions économiques similaires ces dernières années: crédit à volonté, marché immobilier surchauffé, forte création d'emplois, bref, une conjoncture bouillonnante.

Or, pour les mêmes causes qui contribuent à mettre à mal l'économie américaine, les îles britanniques sont en train de succomber à un sévère coup de froid.

Selon une récente enquête du Financial Times, les économistes prévoient que 2008 sera la pire année pour le Royaume-Uni en 15 ans.

La croissance, qui était de 3,1% l'an dernier, devrait passer sous les 2% en 2008, ce qui en ferait la plus mauvaise année depuis 1992. Certains experts n'écartent pas les risques de récession.

La morosité s'est d'ailleurs installée dans la City, haut lieu de la finance européenne: la solide livre sterling - véritable monument de marbre sur le marché des changes ces dernières années - s'effrite à vue d'oeil. La devise britannique a atteint un bas historique face à l'euro il y a 10 jours.

En deux semaines, la monnaie unique européenne s'est appréciée de plus de 9% face à son homologue d'outre-Manche (à 76,135 pence pour 1 euro).

En fait, la livre sterling figure parmi les devises qui ont le plus fortement reculé en 2008 face à l'ensemble des monnaies.

La raison: les marchés tablent sur une série de baisses des taux d'intérêt de la part de la Banque d'Angleterre qui, malgré sa hantise de l'inflation, devra requinquer une économie malade.

Immobilier

Comme aux États-Unis, l'une des sources des déboires britanniques se trouve dans le secteur immobilier. Les prix des propriétés sont au mieux stables, voire en légère baisse depuis l'été dernier, après 10 années où ils auront presque triplé. Le risque est qu'ils s'effondrent.

La semaine dernière, le Royal Institution of Chartered Surveyors (RICS), un regroupement d'évaluateurs immobiliers, révélait que la confiance des ménages a chuté à son plus bas niveau depuis le krach immobilier du début des années 90.

De plus, environ les deux tiers des évaluateurs rapportent une baisse des prix des maisons dans la région de Londres, du jamais vu depuis 1992.

Les banques britanniques, échaudées par la crise du crédit venue des États-Unis qui a terrassé la banque locale Northern Rock, ont «significativement» durci leurs conditions de prêt, selon le dernier rapport de la Banque d'Angleterre.

«La crise du crédit est en train de se propager aux entreprises et aux ménages», ajoute dans une étude la Banque American Express.

Marks & Spencer

Or, quand l'économie britannique prend un coup de froid, la mythique chaîne de magasins Marks & Spencer attrape la grippe.

L'enseigne britannique vient en effet d'annoncer des résultats désastreux.

Dans les magasins ouverts depuis au moins un an, les ventes de Marks & Spencer ont baissé de 2,2% au quatrième trimestre 2007, par rapport à la même période de 2006.

Si l'alimentaire s'est maintenu, le recul est sévère pour l'habillement malgré les Fêtes de fin d'année.

Ces difficultés sont significatives pour l'économie dans la mesure où les Britanniques y achètent un vêtement sur 10.

Mais le coup de grâce est venu vendredi matin: on apprenait alors que les ventes de détail pour l'ensemble du Royaume-Uni ont chuté de 0,4% en décembre. Le pire résultat en 11 mois, confirmant que l'économie titube dangereusement.

Comme aux États-Unis, le malaise est profond. Les ménages anglais croulent sous les dettes - notamment immobilières - de plus en plus lourdes.

Selon la Financial Services Authority, le gendarme des marchés financiers, le quart d'entre eux redoutaient récemment les factures d'après Noël.

En moyenne, le Britannique a doublé sa dette depuis l'an 2000, à 33 000 livres (66 100$CAN), selon une étude de PriceWaterHouseCoopers.

S'ajoutent à cela deux autres facteurs aggravants: le ralentissement de l'économie américaine et la flambée des cours des matières premières.

Devant un pronostic aussi sombre, les autorités monétaires devront donc veiller sur le patient. L'économie britannique file un mauvais coton.

Et le 7 février au plus tard, date de sa prochaine réunion, la Banque d'Angleterre abaissera les taux, en déduit Richard McGuire, économiste chez la banque RBC,

Après les États-Unis, le Canada et possiblement l'Europe continentale, le Royaume-Uni va donc participer à son tour à un vaste mouvement de détente du crédit.