Est-il risqué d'investir ses épargnes dans des fonds communs à portefeuille équilibré?

Est-il risqué d'investir ses épargnes dans des fonds communs à portefeuille équilibré?

À cette question «classique» du petit épargnant qui cherche un véhicule de placement plus rentable que les certificats de placement garantis, je réponds: oui et non!

Oui! Tous les fonds équilibrés présentent un certain de degré de risques puisque le capital investi ne bénéficie d'aucune protection en cas de chute des marchés financiers, que ce soit le marché boursier des actions ou le marché obligataire des obligations négociables. Je ne parle ici des fonds «distincts» ou «protégés» qui offrent une protection du capital moyennant une onéreuse prime en frais de gestion.

Je reviens aux fonds communs... ordinaires. La valeur des portefeuilles équilibrés (ou diversifiés ou répartition d'actifs) fluctue à la hausse ou à la baisse au gré de la performance quotidienne des titres (actions, obligations, unités de fiducie, bons du trésor, etc.) en portefeuille.

Mais quand on regarde de près la performance historique des gestionnaires institutionnels de portefeuilles équilibrés des caisses de retraite et des fonds communs de placement, on constate que le risque est à tout le moins faible.

Je m'explique. La firme de services-conseils Morneau Sobeco publie à tous les trimestres le rendement des 350 fonds communs gérés pour le compte des caisses de retraite canadiennes par quelque 60 sociétés de gestion de placements. Ce sont les mêmes firmes qui sont actives dans l'industrie des fonds communs de placement.

En ce qui concerne les fonds équilibrés (ou diversifiés), j'ai constaté qu'en 26 ans de recensement de données sur le rendement, l'indice de référence du portefeuille-type de cette catégorie a enregistré un recul seulement à quatre occasions, soit en 1981 (- 2,08%) , en 1990 (-5,14%) , en 2001 (-3,12%) et en 2002 (-5,11%).

Et comme vous pouvez voir, les reculs étaient somme toute relativement faibles. Le portefeuille-type d'un fonds équilibré est réparti comme suit: 43% Indice Scotia Univers des obligations négociables; 2% Indice Scotia des bons du Trésor; 30% Indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto et 25% Indice MSCI Monde d'actions internationales.

La performance des indices de référence c'est bien beau, mais cela ne nous donne pas pour autant le vrai portrait de la performance des gestionnaires des portefeuilles équilibrés.

Jetons donc un coup d'oeil sur la performance des 60 sociétés de gestion qui gèrent les épargnes des Canadiens.

Une bonne façon d'évaluer le niveau de risque des fonds à portefeuilles équilibrés consiste à analyser la performance des gestionnaires en fonction des centiles et des quartiles de rendement.

Prenons les gestionnaires de portefeuilles équilibrés les mois performants, c'est-à-dire ceux qui ont bouclé les années au 95 ìème centile ou pire. Au cours des 26 années de recensement des statistiques de performance, les gestionnaires les moins performants ont finalement enregistré des reculs lors de cinq occasions seulement: en 1987 (-13,22%); en 1990 (-2,46%); en 1994 (-3,45%); en 2001 (-5,99%) et en 2002 (-9,72%).

Comme vous pouvez le constater, il n'y a pas eu d'année catastrophique lors de cette longue période de 26 années, pourtant ponctuée par de multiples débandades boursières et une panoplie de scandales financiers.

À la décharge d'ailleurs de ce groupe de gestionnaires de portefeuilles équilibrés, il faut rappeler que l'année 1987 est celle du krach d'octobre qui a vu le Dow Jones fondre de 22% en une seule séance.

Et en ce qui concerne les années 2001 et 2002, ce sont celles de l'éclatement de la bulle Internet et de la descente aux enfers notamment de Nortel, lequel titre représentait en août 2000 presque le tiers de la capitalisation boursière de la Bourse de Toronto.

Entre août 2000 et octobre 2002, Nortel avait plongé de 124,50$ à seulement 69 cents ! Comme la presque totalité des fonds communs canadiens avaient du Nortel dans leurs portefeuilles... ils en ont tous subi les conséquences de l'effondrement en Bourse de l'équipementier de la téléphonie.

Chez les gestionnaires de portefeuilles diversifiés qui figurent parmi le troisième quartile (c'est-à-dire du cinquantième au soixante-quinzième centile), on note également cinq années de pertes pour ceux qui arrivent au 75ième centile, soit en 1987 (-6,93%), en 1990 (-1,32%), en 1994 (-2,55%), en 2001 (-2,29%) et en 2002 (-7,18%).

On remarquera qu'en dépit des deux années extrêmement difficiles de 1987 et 2002, les gestionnaires du troisième quartile se sont tout de même relativement bien défendus en limitant leurs pertes à un maximum de 7,0%.

J'en arrive maintenant au rendement médian, c'est-à-dire celui qui sépare en deux groupes égaux la performance des gestionnaires de portefeuilles diversifiés, soit les 50% meilleurs, et les 50% moins bons.

Du côté du rendement médian, on doit convenir que les gestionnaires se sont fort bien défendus car sur les 26 années analysées on note une performance négative qu'à trois reprises, soit en 1987 (-4,30%), en 1994 (-1,42%) et en 2002 (-5,06%).

Chapeau devant une telle performance historique. C'est rassurant de voir les gestionnaires de portefeuilles équilibrés se débrouiller de la sorte même dans les années extrêmement difficiles.

Pour leur part, les gestionnaires du premier quartile (les 25% meilleurs) n'ont connu en 26 ans que deux petites années de vaches maigres, soit en 1987 (-2,81%) et en 2002 (-1,44%).

Voyons maintenant le rendement annuel moyen que les groupes de gestionnaires ont réussi à obtenir depuis 1981, soit en 26 ans.

Commençons par les moins bons, c'est-à-dire ceux qui figurent en queue de peloton, les 5% moins bons: ils ont malgré tout rapporté un rendement annuel moyen de 6,6%.

Le rendement annuel médian (le milieu) présente quant à lui une fort respectable moyenne de 10,94%.

Les gestionnaires du premier quartile, celui des 25% meilleurs, affichent sur 26 ans un rendement annuel moyen de 12,6%.

La mise au point sur la performance historique des fonds canadiens équilibrés étant faite, quels sont les meilleurs ? En voici cinq qui figurent parmi les fonds étoiles. Entre les parenthèses, vous trouverez en date du 28 février dernier le rendement annuel sur un an et le rendement annualisé sur trois ans.

- CI Fonds équilibré canadien (12,40% sur 1 an; 13,10% sur 3 ans)

- Fonds équilibré Power Dynamique (12,19% sur 1 an; 14,46% sur 3 ans)

- Portefeuille de croissance pure AIC (13,99%; 12,24% sur 2 1/2 ans)

- AGF Canadien équilibré (14,53% sur 1 an; 10.80% sur 3 ans)

- Fonds Fidelity répartition d'actifs canadiens (9,25% sur 1 an; 11,7% sur 3 ans)

Il existe actuellement sur le marché canadien plus de 500 fonds dans la catégorie des fonds dits équilibrés, diversifiés ou de répartition d'actifs. Avant d'y investir, vérifiez la performance historique et la composition du portefeuille des fonds susceptibles de vous intéresser.