Hier, vous étiez quelques-uns à réfléchir sur l'inflation cybernétique que suppose un produit comme Windows Vista et quelqu'un soulevait l'hypothèse qu'il faudrait peut-être apprendre à se passer d'ordinateur. Tout un rêve !

Hier, vous étiez quelques-uns à réfléchir sur l'inflation cybernétique que suppose un produit comme Windows Vista et quelqu'un soulevait l'hypothèse qu'il faudrait peut-être apprendre à se passer d'ordinateur. Tout un rêve !

Un rêve dont je serais éventuellement preneur. Ainsi, pour les besoins de cette chronique, imaginons qu'un mouvement Maison libre d'ordi (PC Free Home) ait été lancé et soit en train de déferler partout sur notre pauvre planète. Je ne parle pas d'un retour aux lampes à charbon, mais d'une simple rationalisation à la maison (pas au bureau) dans nos rapports avec l'ordinateur.

Ainsi, au lieu d'avoir un, deux ou trois ordi par maison, nous pourrions nous contenter de ceux que mettrait à notre disposition les cafés, dépanneurs, clubs vidéo, salles communautaires, bibliothèques, salles d'attente, gares et autres établissement qui aideraient à structurer un modèle d'affaire pouvant s'avérer rentable. Grâce à des techno comme Ajax, Web2, Windows Live, cartes à puces (qu'on aurait sur soi), etc., nous pourrions, de n'importe où, accéder à nos fichiers, écrire nos documents, passer à travers notre courriel, imprimer quelques photos, payer nos comptes, emplir notre iPod de musique ou de podcasts et, pourquoi pas, jouer à nous entre-tuer en ligne.

Les avantages ? Pas d'investissement, pas d'entretien ni réparations ni mises à niveau, pas de problème de sécurité, pas de back up à faire, pas de cyberdépendance, plus d'exercice, plus de temps avec la famille, la ou le conjoint(e) et les amis, plus de loisir (lecture, sport, spectacles, cinéma, télé, etc.). Les inconvénients ? Obligation de sortir (l'hiver c'est chiant) et d'utiliser des équipements publics (pas toujours à notre goût), recyclage forcé des revendeurs informatiques, etc.

J'ai des ordis chez moi depuis 1984, je suis sur Internet depuis 1995, j'ai des enfants à l'école et j'ai des parents et des amis qui m'envoient des courriels. Or jamais, un travail scolaire ne m'est apparu plus fouillé, mieux documenté, mieux écrit, parce que mon tit-cul avait fait sa recherche sur Internet au lieu de l'avoir fait dans des livres de référence. Jamais la qualité de mes communications par courriel, tchatte ou Messenger n'a approché celle faite au téléphone ou entre quatre yeux. Jamais le Net et ses techno d'information n'est arrivé à la cheville d'un journal quotidien et d'une panoplie mensuelle de bons magazines (en vrai papier) pour m'élargir les horizons sur l'actualité internationale.

Faites-vous aller la calculette. Tâchez de déterminer la nature du montant annuel que vous consacrez à l'informatique (ne calculez pas vos frais mensuels pour Internet; dans mon hypothèse vous devrez continuer à payer en allant dans un café ou un centre communautaire). Imaginez que vous arriviez à 800 $, ce qui est peu si vous changez de PC aux deux ou trois ans, si vous achetez un périphérique de temps à autres, s'il vous arrive de payer des logiciels, si vous devez faire réparer un gugusse, si vous videz votre jet d'encre aux six semaines, etc. Essayez également de mesurer le temps que vous consacrez à réparer Windows, à vous nettoyer d'une infestation virale, à changer un graveur de DVD hostile, etc

Pensez maintenant aux livres que vous pourriez acheter à chaque année avec 800 $. Imaginez les beaux ouvrages de référence, dictionnaires récents, atlas hauts en couleur, romans primés, etc. qui, à chaque année, viendraient s'ajouter dans votre bibliothèque. Songez à l'encadrement qu'ils procureraient à vos écoliers. Pensez au temps économisé que vous pourriez consacrer à mieux soutenir vos bambins dans leurs travaux, à mieux aimer votre conjoint(e), à sortir davantage.

Après les maisons non fumeur, il y aurait celles qui sont sans ordi ! Comme on fait son épicerie avec des sacs réutilisables au lieu d'accepter des sacs en plastic, on assumerait ses besoins informatiques en utilisant des équipements publics. Ce qui signifie qu'il y aurait évidemment des maisons avec ordis comme il y a des maisons où on fume. On y retrouverait les vrais amateurs d'informatique, les bidouilleurs et autres fous du code. Ce serait également le lot de ceux pour qui l'ordi est un outil essentiel (travailleurs autonomes, personne handicapée, etc.). Mais aussi, on y compterait bon nombre de personnes seules n'aimant pas sortir, de cyberdépendants, d'amateurs de porno, etc.

Je rêve et je suis con, car si cela se pouvait, ce serait la faillite de tellement de multinationales qui font dans l'informatique (et qui la plupart du temps nous prennent pour des demeurés) que l'on sombrerait dans une profonde récession. Je rève et je suis con, car après demain, le mois prochain, bientôt. Epson lancera une imprimante à photo d'une qualité jamais vue, Apple un iPod – Blackberry interfacé directement à un iMac, Toshiba un PC Intel dix fois plus vite et vous et moi seront les premiers à tout faire pour nous les procurer.

PS – Quelqu'un aurait-il quand même (sait-on jamais) une suggestion de logo (avec applications macaron et autocollant) pour « Maison libre d'ordi - PC Free Home) » ?