Le 4 juillet dernier, BCE annonçait que l'entreprise avait conclu «une entente finale» avec le groupe d'investisseurs dirigé par Teachers', au prix de 42,75$ l'action. La clôture de la méga transaction de 51,7 milliards de dollars devait avoir lieu le 11 décembre 2008.

Le 4 juillet dernier, BCE annonçait que l'entreprise avait conclu «une entente finale» avec le groupe d'investisseurs dirigé par Teachers', au prix de 42,75$ l'action. La clôture de la méga transaction de 51,7 milliards de dollars devait avoir lieu le 11 décembre 2008.

En ce jour J, hier, BCE annonçait plutôt l'avortement de ladite «entente finale», laquelle était pourtant basée sur «l'entente définitive» datée du 29 juin 2007. La transaction ne serait pas viable, selon Teachers'. Prétexte évoqué: la transaction ne répond pas aux tests de solvabilité énoncés dans l'entente définitive.

Comme on peut le constater, en Bourse, les termes «entente finale» et «entente définitive» ne veulent «finalement» rien dire de concret ou presque.

Pis encore dans le cas des actionnaires de BCE, ils se retrouvent aujourd'hui Gros-Jean comme devant, avec une action de BCE qui se négocie maintenant à 22,00$ pièce.

Lors de l'annonce de «l'entente finale» du 4 juillet dernier, il aurait fallu que les actionnaires lisent la «Mise en garde concernant les déclarations prospectives» qui apparaissait à la fin du communiqué. Cela leur aurait rappelé la célèbre citation de receveur de baseball Yogi Berra : «Ce n'est pas fini, tant que ce n'est pas fini.»

Dans ma chronique du 5 juillet où je commentais la fameuse «entente finale», j'expliquais à la fin de celle-ci pourquoi l'action de BCE continuait de se négocier à escompte par rapport au prix offert de 42,75$.

«En Bourse, dans le cadre des grandes fusions et acquisitions de sociétés, rien n'est jamais acquis tant que la transaction n'est pas totalement réglée et l'argent versé aux actionnaires. L'escompte de 2,75$ équivaut, si l'on veut, au doute qui persiste encore concernant la privatisation de BCE... La clôture de la transaction n'est prévue que dans quelques mois... Ainsi, il reste encore une certaine inquiétude. D'ailleurs, il est important de rappeler que l'indemnité de rupture a été renégociée à 1,2 milliard de dollars au cas où la transaction finale achopperait.»

Et je rapportais la «mise en garde» que la direction de BCE mentionnait à la fin de son communiqué du 4 juillet sur la dite «entente finale». Elle se terminait comme suit : «Les conditions de la transaction... pourraient ne pas être remplies conformément à leur intention et/ou les parties à l'entente définitive pourraient exercer leurs droits de résiliation et, dans une telle éventualité, la transaction proposée de transformation de BCE en société fermée pourrait être modifiée, restructurée ou résiliée, selon le cas. L'incapacité de conclure la transaction proposée pourrait avoir une importante incidence défavorable sur le cours des actions de BCE.»

Des gagnants

C'est sans doute avec un immense soupir de soulagement que Teachers' et ses partenaires financiers (Providence Equity Partners, Madison Dearborn Partners, Merrill Lynch Global Private Equity, etc.) accueillent l'avortement de la privatisation de BCE au coût de 51,7 milliards. Juste quant à la valeur des actions ordinaires, le consortium aurait versé 35 milliards pour des actions ne valant aujourd'hui que quelque 18 milliards en Bourse.

Même si le consortium de Teachers' devait verser à BCE une pénalité de 1,2 milliard pour bris d'entente, convenons qu'il s'agit tout de même d'une méchante aubaine par rapport au prix initialement offert ! Notez que Teachers' devrait contester ladite pénalité.

Du côté des gagnants, on retrouve également les 90 cadres de BCE et de ses filiales qui se sont partagés une prime de maintien en fonction de quelque 85 millions de dollars pour être restés en poste durant la période allant de juillet 2007 au 30 juin 2008 (date initialement butoir de la transaction). Que la transaction se fasse ou pas, cette prime leur a permis de recevoir à la fin de juin dernier l'équivalent de 53,44$ par unité d'action de BCE que détenait chaque dirigeant pour les fins du calcul de la prime de maintien en poste.

La formule utilisée par le conseil d'administration de BCE pour offrir cette généreuse prime était basée sur le prix d'une action de BCE fixé à 53,44$ pièce, soit 42,75$ l'action offert par Teachers', plus un supplément de 25%.

L'ex-chef de la direction de BCE, Michael Sabia, était le seul membre de la haute direction qui avait refusé d'adhérer à l'offre de maintien en fonction.

Retour à la normale

Faute de boucler la méga transaction de 51,7 milliards, le conseil d'administration de BCE va rétablir le dividende trimestriel sur les actions ordinaires. Dividende qui représente un revenu trimestriel de 294 millions pour les actionnaires.

Jusqu'à présent, BCE avait retenu dans ses coffres le versement de deux dividendes trimestriels, soit celui du 30 juin et celui du 30 septembre. On parle donc d'une retenue totale de 588 millions de dollars. Le conseil parle maintenant «de retourner du capital à ses actionnaires au moyen d'une offre publique de rachat» d'une partie de ses actions dans le cours normal des activités de l'entreprise. À quelque 22$ et des poussières l'action, le titre de BCE est soudainement redevenu un achat intéressant aux yeux de certains analystes de maisons de courtage.

D'autant plus que BCE demeurera une intéressante candidate à une nouvelle offre publique d'achat.