L'économie américaine ralentit, les Bourses chutent et la déprime s'installe. Mais les affaires vont toujours bien en Asie et dans plusieurs pays émergents, qui apportent un soutien étonnant à l'économie mondiale.

L'économie américaine ralentit, les Bourses chutent et la déprime s'installe. Mais les affaires vont toujours bien en Asie et dans plusieurs pays émergents, qui apportent un soutien étonnant à l'économie mondiale.

Les mauvaises nouvelles s'accumulent pour les États-Unis et, par ricochet, pour leurs partenaires occidentaux, dont le Canada.

La Réserve fédérale (Fed), a-t-on appris la semaine dernière, estime désormais que la croissance américaine atteindra moins de 2% en 2008.

C'est un rythme très inférieur au potentiel (environ 3,5%) de la première économie mondiale, ralentie par la faiblesse de l'immobilier. La Fed tablait jusqu'alors sur un taux de 2,5%.

De plus, la crise du crédit fait peur. Les experts ne cessent de revoir à la hausse les coûts de ce fiasco: après l'estimation de 400 milliards US de la Deutsche Bank fin octobre, un chiffre fondé sur des hypothèses déjà pessimistes, Goldman Sachs pousse aujourd'hui la marque à 2000 milliards US.

C'est plus que le PIB (produit intérieur brut) de l'Italie (1925 milliards US en 2005) et presque autant que celui de la France (2250 milliards US). Et dire qu'au début de la crise financière, cet été, la Fed en avait chiffré l'impact à 100 milliards US...

Bref, les nouvelles négatives abondent et beaucoup de gens ont le moral dans les talons, en particulier sur les parquets boursiers.

Mais cette déprime porte ombrage à ce qui passe dans les économies émergentes, qui vont fort bien merci.

Si bien que la Chine, l'Inde et les autres tigres en croissance contribuent plus que jamais à l'activité économique mondiale et compensent, en partie, pour la perte de vitesse des «dinosaures» occidentaux, selon l'expression de l'Asia Times.

Plus de 8%

La semaine dernière, l'économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Asie-Pacifique, Milan Brahmbhatt, a fait cette prédiction étonnante: malgré les problèmes américains, l'Asie du Sud-Est enregistrera une croissance de 8,4% l'an prochain - au lieu des 7,3% prévus en avril - grâce surtout à la Chine.

Et il y a d'autres signes encourageants. L'industrie maritime - qui constitue en soi un solide baromètre économique - ne manque pas de travail, au contraire

L'indice Baltic Dry Index (BDI), qui intègre les prix du fret sur 24 routes mondiales pour le transport en vrac de minéraux et végétaux, vient de franchir le cap historique des 10 500 points. Et il est sur le point de toucher le seuil des 11 000 points - un bond de 150% depuis le début de l'année.

Cela confirme que la flotte mondiale est à la traîne derrière l'insatiable appétit asiatique pour les ressources naturelles. Alors que, il y a quelques années, l'Empire du Milieu achetait cinq millions de tonnes de minerai de fer, par exemple, il en importe aujourd'hui près de 80 millions.

Même les Américains profitent de la manne asiatique: les exportations au départ du très important port de Long Beach, en Californie, ont bondi de 32,5% le mois dernier et sont en hausse de 20% depuis un an, rapporte l'agence Reuters.

Et quant à se remonter le moral, on peut jeter un autre coup d'oeil sur les dernières projections du Fonds monétaire international (FMI) pour 2008: Asie (Japon mis à part): +8,8%; Europe centrale et de l'Est: +5,2%; Moyen-Orient: +5,9%; Amérique latine: +4,3%. Bref, les nouveaux champions de la croissance ne sont pas à la veille de tomber en panne.

Le moteur le plus puissant

Certes, l'économie américaine a été, et de loin, le moteur le plus important et le plus puissant de l'économie mondiale ces dernières années, de sorte que son ralentissement se fera sentir partout.

Mais, fort heureusement, la contribution des pays émergents s'accroît. On en ressent d'ailleurs les effets chez nous: les exportations canadiennes vers la Chine ont enregistré un bon impressionnant de 43% de janvier à juillet 2007.

La semaine dernière, l'alliance des manufacturiers américains, MAPI, y allait de ce commentaire fort éloquent:

«Si les États-Unis réussissent à éviter la récession l'an prochain, ce sera surtout à cause de la glissade du dollar (qui stimule les exportations) et de la forte croissance de l'économie mondiale.»

On le répète, le géant américain est mal en point, mais il ne faut pas perdre espoir. Car si la conjoncture mondiale nous était racontée dans un film de Hollywood, la «cavalerie» qui viendra à la rescousse de l'Occident, à la toute fin, portera peut-être un uniforme chinois ou indien.