En cette période de catastrophe pour tous les marchés boursiers de la planète, en cette période de crise où banques centrales, administrations publiques et économistes ne savent plus où donner de la tête, cela peut sembler insolite, mais on peut encore trouver de bonnes, et même d'excellentes nouvelles.

En cette période de catastrophe pour tous les marchés boursiers de la planète, en cette période de crise où banques centrales, administrations publiques et économistes ne savent plus où donner de la tête, cela peut sembler insolite, mais on peut encore trouver de bonnes, et même d'excellentes nouvelles.

Prenons le marché du travail. Hier, Statistique Canada publiait les résultats de son enquête mensuelle sur la population active. Et quels! En septembre, l'économie canadienne a créé 107 000 emplois. Le taux de chômage est demeuré inchangé à 6,1%. S'il s'est créé autant d'emplois et que cela n'a pas fait reculer le taux de chômage, c'est une autre bonne nouvelle: cela signifie que la hausse de l'emploi correspond au nombre de nouveaux venus sur le marché du travail. Résultat: le taux d'emploi et le taux d'activité (indicateurs économiques bien plus importants que le taux de chômage) augmentent.

Cette nouvelle survient après deux mois de morosité. En juillet, il s'est perdu 55 000 emplois; en août, il s'est créé un maigre 15 000 emplois.

En incluant les résultats de septembre, on voit que l'économie canadienne a créé 194 000 emplois depuis le début de l'année. Ce n'est pas autant que les 275 000 observés pour la période correspondante, mais ce n'est tout de même pas rien.

Le Québec, avec 32 000 nouveaux emplois en septembre, profite largement de l'embellie.

Autre bonne nouvelle: après six années extrêmement difficiles, le secteur manufacturier voit enfin la lumière au bout du tunnel. Certes, l'Ontario continue de perdre des emplois manufacturiers, mais ses pertes sont amplement compensées par les gains observés ailleurs, et notamment au Québec. Au total, il s'est créé 20 000 emplois manufacturiers au Canada en septembre, ce qui efface les pertes des neuf derniers mois. Évidemment, c'est largement insuffisant pour combler les 342 000 emplois perdus depuis 2002, mais on peut au moins penser que l'hémorragie est finie.

Et en voici une autre: au cours des 12 derniers mois, le salaire horaire moyen au Canada a augmenté de 4,6%, une croissance qui dépasse la hausse de 3,5% de l'indice des prix à la consommation; autrement dit, non seulement les travailleurs réussissent-ils à protéger leur pouvoir d'achat, mais ils continuent de s'enrichir.

Ce n'est pas tout. L'agence fédérale de statistiques a également publié, hier, ses chiffres mensuels sur le commerce extérieur. En août, le Canada a enregistré un surplus de 5,802 milliards dans ses échanges commerciaux. Ce résultat est passé à un cheveu de battre le record de 5,810 milliards observé en mars dernier. Il est également intéressant de voir que les entreprises canadiennes sont de plus en plus présentes sur les marchés autres que les États-Unis. Depuis un an, les exportations canadiennes aux États-Unis ont augmenté de 11%, contre 14% pour les pays de l'OCDE (dont 40% pour le Japon) et 24% pour les autres pays.

Et puis, dans ce monde secoué par une crise financière de première amplitude, n'est-il pas rassurant de savoir que le système bancaire canadien est considéré comme le plus stable au monde? C'est du moins la conclusion du Forum économique mondial. Dans son Rapport annuel sur la compétitivité mondiale, publié cette semaine, le Forum rappelle en effet que les banques canadiennes, pour la solidité de leur bilan et leur santé financière, sont les premières au monde. Contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, aucune banque canadienne n'est menacée de faillite.

Terminons avec un autre point en faveur du Canada: ses finances publiques sont en bonne santé. Il y a 15 ans, ce qui n'est quand même pas si lointain, le gouvernement canadien était littéralement dans un cul-de-sac financier. Ottawa était tellement endetté qu'il devait créer d'énormes déficits, à coups de 30 à 40 milliards par année, uniquement pour payer les intérêts sur sa dette. Évidemment, pour financer ces déficits, il fallait emprunter, et donc s'endetter davantage à chaque budget. La situation financière des provinces n'était guère plus encourageante. Le fardeau de la dette publique était tel que l'épargne canadienne était insuffisante pour financer l'ensemble des dettes publiques et privées. Comme un pays du Tiers-Monde, le Canada devenait de plus en plus dépendant de ses créanciers étrangers.

Il a fallu demander d'énormes sacrifices à la population pour étouffer ce cercle vicieux, mais le Canada y est parvenu. Avec la crise financière, on ne peut qu'imaginer dans quelle horreur le pays serait plongé s'il n'avait fait le ménage à temps.

C'est d'ailleurs ce qui arrive à nos voisins américains, frappés de plein fouet par la crise alors que leurs finances publiques, toutes proportions gardées, sont dans un état de délabrement comparable à celles du Canada en 1993.