«Le gouvernement chinois, pas plus que n'importe quel autre gouvernement, n'apprécie de se faire dénoncer sur la place publique. Nous aurons davantage l'attention du président Hu si nous nous engageons dans une relation constructive qui passe par les relations économiques, sociales et culturelles avec la Chine et, progressivement, faire passer nos messages.»

«Le gouvernement chinois, pas plus que n'importe quel autre gouvernement, n'apprécie de se faire dénoncer sur la place publique. Nous aurons davantage l'attention du président Hu si nous nous engageons dans une relation constructive qui passe par les relations économiques, sociales et culturelles avec la Chine et, progressivement, faire passer nos messages.»

Cette déclaration est de quelqu'un qui connaît très bien la Chine. Nathalie Robitaille y a passé six ans de sa vie. D'abord comme étudiante, ensuite comme représentante pour des entreprises canadiennes qui voulaient faire des affaires dans ce vaste pays.

Au moment où l'attitude de Stephen Harper face au gouvernement chinois fait couler beaucoup d'encre, Mme Robitaille a bien voulu nous faire part de son expérience.

Cette femme de 42 ans est très consciente que la Chine a un sombre bilan en matière de droits de la personne. À son avis cependant, la façon dont M. Harper s'y est pris pour le rappeler au gouvernement chinois n'est pas l'idéal pour faire avancer ce dossier délicat.

«Les Chinois détestent qu'on leur fasse perdre la face en public. C'est la meilleure façon de les braquer.»

L'aventure chinoise de Nathalie Robitaille commence en 1989 alors qu'elle décroche une bourse du gouvernement du Québec pour aller étudier le mandarin et l'économie à l'Université de Nankai.

Déjà à cette époque, la Chine attirait de nombreuses délégations étrangères qui s'intéressaient à l'éveil de ce géant à l'économie de marché.

«Il y avait bien sûr les autres pays asiatiques, mais les pays européens étaient également très présents et déjà très actifs en Chine. Je pense à l'Italie, l'Espagne, la France et l'Allemagne. Le Canada a beaucoup de retard à rattraper pour ce qui est d'assurer notre présence en Chine.»

Elle reviendra au Québec en 1991. Avec une maîtrise aux HEC en poche, elle repartira pour la Chine en 1996, où elle travaillera pour un manufacturier canadien de radios micro-ondes à Shenzen, dans le sud de la Chine, en plein coeur de la région qui connaît le taux de croissance le plus rapide au monde.

«La transformation qu'a connue cette région au cours des années est incroyable. C'est indescriptible comme phénomène.»

Curieuse de connaître la capitale, elle déménagera à Pékin en 1998 où elle ouvrira le bureau de représentation de Eicon Networks, un manufacturier montréalais d'équipements de technologies de l'information.

Elle reviendra au Québec en 2000 où elle travaillera en marketing pour différentes entreprises. En 2004, elle fondra Strataction Conseil, dont la mission est de fournir aux PME québécoises les outils nécessaires pour faire face à la montée de la concurrence chinoise.

«Les PME doivent voir la Chine comme un marché et non uniquement comme une menace. Que ce soit pour trouver des partenaires manufacturiers ou trouver de nouveaux débouchés pour leurs produits, la Chine est un incontournable. Ce pays doit faire partie des solutions à envisager. »

Nathalie Robitaille est catégorique. Si on veut vraiment faire affaire en Chine, il faut commencer par y aller.

«Pour savoir comment on peut profiter de la Chine, il faut avoir vu ce pays, avoir senti l'énergie qui s'en dégage. Pour plusieurs qui y mettent les pieds pour la première fois, c'est un véritable choc. On a beau avoir lu, s'être documenté, on n'a pas idée de ce qui nous attend. Une fois rendu là-bas, il y a un monde qui s'ouvre.»

«La relation est quelque chose de très important en Chine. Prendre le temps de connaître, prendre le temps d'y aller et de rencontrer les gens fait toute la différence. Le fait que je parle la langue et que j'aie vécu là-bas est, par exemple, quelque chose qu'ils apprécient beaucoup.» Même si Nathalie Robitaille travaille essentiellement avec les entreprises, elle sait d'expérience que les gouvernements jouent un rôle important dans l'établissement des relations commerciales avec un pays aussi courtisé que la Chine.

«Les missions commerciales se succèdent à un rythme effréné en Chine. Ça fait la file pour rencontrer les ministres, pour visiter les usines. Ce qui est important au niveau gouvernemental, c'est la stabilité. Même si les gouvernements changent, il faut maintenir le contact, continuer à bâtir la relation déjà établie par le gouvernement précédent.

De toute évidence, ce n'est pas la stratégie adoptée par Stephen Harper.»