La dernière enquête mensuelle sur la population active (EPA) de Statistique Canada montre que l'économie canadienne crée des emplois à un rythme étourdissant.

La dernière enquête mensuelle sur la population active (EPA) de Statistique Canada montre que l'économie canadienne crée des emplois à un rythme étourdissant.

Même le Québec, malgré les déboires du secteur manufacturier dont on a tant parlé, continue de créer des emplois par milliers. Dans presque toutes les régions, le taux d'activité augmente, le chômage recule.

Tous les spécialistes considèrent l'EPA comme un des meilleurs baromètres de l'économie. Elle est d'autant plus crédible qu'elle s'appuie sur une méthodologie blindée.

Rarement, il est arrivé que des politiciens aient critiqué des résultats qui ne faisaient pas leur affaire, mais ces critiques n'ont jamais été prises au sérieux.

L'occasion est peut-être bien choisie pour rappeler comment l'agence s'y prend pour recueillir les données de l'EPA, et comment elle peut mesurer le taux d'activité et le taux de chômage avec autant de précision.

La population active constitue la base de l'enquête. Elle inclut tous les citoyens âgés de 15 ans ou plus qui occupent un emploi (à temps plein ou à temps partiel), ou qui sont au chômage, mais à la recherche active d'un emploi.

En novembre 2007, la population active du Canada s'élevait à 26 593 500 personnes.

Il est évidemment impossible et impensable de joindre chaque mois près de 27 millions de personnes pour leur demander si elles travaillent toujours, si elles ont perdu leur emploi ou si elles en recherchent un.

Statistique Canada procède donc par échantillonnage.

Nous connaissons tous les sondages politiques publiés régulièrement dans les médias. Il se peut que les sondeurs se plantent, mais c'est plutôt rare. Si on considère leur moyenne au bâton, les maisons de sondages sérieuses arrivent à des résultats remarquablement précis.

Pour y parvenir, elles établissent soigneusement leur échantillonnage, de façon à ce que la répartition des répondants reflète, entre autres, les réalités démographiques, linguistiques, géographiques et socioéconomiques de la société québécoise.

Plus le nombre de répondants est élevé, plus la marge d'erreur est mince. La plupart des sondeurs politiques se contentent d'un échantillonnage de 1000 répondants consultés au téléphone.

Avec ce type d'enquête, il y a 19 chances sur 20 pour que la marge d'erreur soit de 3 % ou moins. Mais si vous portez votre échantillonnage à 5000 répondants, la marge d'erreur dégringole à 1,4 %.

Inversement, des sondages où on ne consulte que quelques centaines de répondants peuvent donner des marges d'erreur de 7 ou 8 %.

Il va de soi que Statistique Canada, qui calcule les taux d'activité et de chômage à la décimale près, ne peut se permettre de telles marges d'erreur.

L'EPA est donc basé sur la participation de 54 000 ménages, ce qui se traduit par un échantillonnage d'environ 100 000 personnes.

La participation des ménages choisis est obligatoire. Tous les mois, on renouvelle un sixième de l'échantillon. Chaque ménage participant est donc suivi pendant six mois.

Pour obtenir une meilleure précision, des enquêteurs spécialement formés rencontrent personnellement, sur place, chaque nouveau ménage participant. Les mois suivants, l'enquête se fait par le biais d'entrevues assistées par ordinateur.

Une série de contrôles permet de détecter les incohérences ou les résultats inhabituels.

La taille de l'échantillonnage, la formation des enquêteurs, la rigueur du suivi et les mécanismes de contrôle et de repérage des erreurs donnent à l'EPA sa solide crédibilité.

Malgré toutes ces précautions, l'enquête, comme toutes celles qui sont basées sur les échantillons, peut être sujette aux erreurs. Les marges d'erreur sont toutefois minimes.

Au Québec, par exemple, l'erreur-type moyenne entre deux mois, en ce qui concerne le taux d'activité, est de 0,2 %; pour le taux de chômage, c'est 0,3 %. Dans ces conditions, on peut certainement parler d'un niveau de précision exceptionnel.

Pour déterminer le taux de chômage, on divise le nombre de chômeurs par la population active.

Ainsi, en novembre, il y avait au Québec 293 200 chômeurs sur une population active de 4 186 100 citoyens. Cela donne donc un taux de chômage de 7 %, en légère hausse sur les 6,9 % observés en octobre.

Contrairement à une opinion assez largement répandue, une hausse du taux de chômage n'est pas nécessairement une mauvaise nouvelle.

Même si les médias accordent beaucoup de place au taux de chômage, le chiffre le plus important, c'est le taux d'activité, c'est-à-dire la population active divisée par l'ensemble de la population âgée de 15 ans ou plus.

Au Québec, en octobre, le taux d'activité atteignait un record de 66,1 %. Autrement dit, jamais depuis la création de l'EPA en 1940, les Québécois n'ont été aussi nombreux à travailler ou à rechercher activement un emploi.

Non seulement l'économie québécoise continue-t-elle de créer des emplois, mais en plus, des milliers de chômeurs découragés ont repris espoir et ont recommencé à chercher un emploi. Ce sont là d'excellentes nouvelles.