Prenant l'emportement d'André Gide à contrepied, les familles dont il est question dans Blended ne se haïssent pas, mais s'aiment. Ou s'aimeront, après avoir fait passer les spectateurs par la proverbiale gamme des émotions. Drew Barrymore et Adam Sandler se retrouvent ici, 15 ans après The Wedding Singer et 10 après 50 First Dates. Comme dirait l'autre, quelle famille (cinématographique)!

Ils rient ensemble. Ils se coupent la parole. Complètent les phrases de l'autre. Se taquinent. Bref, la chimie qu'ils partagent à l'écran, Drew Barrymore et Adam Sandler l'affichent au quintuple en personne, comme ont pu s'en rendre compte les journalistes invités à la conférence de presse tenue à Los Angeles en prévision de la sortie de Blended, leur troisième collaboration à l'écran et leur deuxième avec le réalisateur Frank Coraci, qui les avaient «unis» dans The Wedding Singer.

«J'aime cette personne depuis Saturday Night Live, Happy Gilmore, Billy Madison. Adam met du rire dans le monde et je respecte ça», dit Drew Barrymore, d'entrée de jeu, quand on lui demande ce qui explique cette chimie qui existe entre Adam Sandler et elle. Pour elle, le secret est dans le respect. «J'espère que vous avez noté ça et que vous allez l'écrire», pouffe le principal intéressé à l'attention des représentants des médias, avant de se réjouir: «Dans les trois films qu'on a faits ensemble, on tombe amoureux l'un de l'autre. Les deux premières fois, c'était simulé. Mais cette fois, c'est vrai. Drew, veux-tu m'épouser?» Rires.

Cela donne une idée de l'ambiance qui règne au sein de ce couple à l'écran qui, à la ville, cultive une amitié à la mode hollywoodienne. Ils se tiennent au courant de ce que fait l'autre, s'appellent une fois de temps en temps, s'encouragent, se félicitent pour les «grands événements».

Ainsi, depuis leur première collaboration, Adam Sandler est devenu papa de deux filles, qui ont maintenant 8 et 5 ans; et Drew Barrymore est la maman d'Olive, qui aura 2 ans en septembre, et de la petite Frankie, née le mois dernier. «J'ai l'impression d'avoir été enceinte pendant trois ans!», s'exclame-t-elle.

Comprendre que pour elle, la fête des Mères (note: la conférence de presse se tenait le lendemain du «grand jour») s'est déroulée sous le signe «survêtement, pantoufles, bouffe commandée au restaurant et Game of Thrones». La totale pour celle qui, il y a quatre ans, se moquait de sa belle-soeur qui s'indignait si quelqu'un lançait une invitation à souper pour 20h. «Quoi, 20h!? On n'est pas à Barcelone! Mon souper, c'est à 18h!», l'imite la comédienne. À l'époque, elle «aimait bien Barcelone», mais, aujourd'hui, elle a découvert un autre rythme de vie. Et en semble très heureuse. «Oh, je le suis. Vraiment. Être mère, c'est mon tendon d'Achille.» Et sa force en même temps.

Tout pour se (dé) plaire

C'est aussi le cas pour Lauren, qu'elle incarne dans Blended. Une divorcée de fraîche date qui fera tout pour le bien de ses enfants. À l'occasion d'une blind date, elle rencontre Jim (Adam Sandler). Un goujat sans manière à ses yeux. Ça tombe bien. Il la voit comme une pète-sec psychorigide. Ils se quittent par ces mots savoureux... Elle, en apprenant qu'il est veuf: «J'avais naturellement supposé que tu étais divorcé.» Lui: «Ça va. J'avais naturellement supposé que ton mari s'était tiré une balle.»

Bref, ce n'est pas la joie lorsque, quelques jours plus tard, ils se retrouvent dans un luxueux hôtel sud-africain, lui avec ses trois filles et elle, ses deux fils. Ça va barder. Mais ils ne pourront faire autrement que de constater que, malgré les défauts qu'ils accolent à l'autre, et malgré leurs maladresses, elle est une bonne mère et lui, un bon père.

«J'aime les comédies, mais j'ai besoin qu'elles ne soient pas juste drôles, il faut qu'elles aient de l'âme, du coeur. Je veux rire, mais aussi pleurer. C'est ce que j'ai trouvé ici», assure Drew Barrymore au sujet du scénario de Blended. Elle a été particulièrement interpellée par l'arc dramatique d'Hilary, dite Larry (Bella Thorne), la fille aînée de Jim. Que son père traite comme un garçon, ne comprenant pas qu'à 15 ans, une fille, c'est... c'est autre chose. «La scène que nous avons ensemble, Bella et moi, je ne pouvais pas la terminer sans pleurer. Cette ado qui a besoin d'une mère, je pouvais la comprendre! Il y a eu des périodes dans ma vie où j'ai tellement éprouvé ce besoin-là! Et maintenant, c'est mon tour. JE suis une mère», termine-t-elle, jouant la surprise.

Elle raconte ça sous le regard amusé et protecteur d'Adam Sandler. «Elle ne vous ment pas, elle pleurait chaque fois dans cette scène, assure-t-il. Puis elle s'échappait pour aller rejoindre Olive. J'en suis témoin, rien n'est plus important pour elle que ses filles.» Jaloux? Ben non! Les siennes ont également fait le voyage en Afrique du Sud, où s'est tenue une bonne partie du tournage du long métrage.

«Je ne savais pas qu'Adam pouvait être aussi patient et attentionné», dit en rigolant le réalisateur Frank Coraci, qui connaît le comédien depuis qu'ils ont 16 ans. «Ça, c'est vrai, mais juste si je ne me couche pas après 22h30», laisse alors tomber celui qui a aussi découvert la vie sous ce fuseau horaire que Drew Barrymore qualifierait de «non barcelonien».

Blended (Famille recomposée) prend l'affiche le 23 mai

Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.

Autour d'Adam et de Drew

> KEVIN NEALON

Il incarne Eddy, Canadien de Vancouver en vacances en Afrique du Sud avec son fils adolescent, Jake, et sa jeune et clinquante compagne, Ginger. Une expérience «différente», pour celui qui fréquente depuis longtemps l'univers Sandler. «Adam m'engage en général pour les rôles humiliants. Avoir une paire de seins sur la tête ou ch... dans mon pantalon, par exemple», dit en rigolant l'acteur qui a été de la distribution de Little Nicky, Happy Gilmore et The Wedding Singer. «Cette fois, j'avoue, il y a eu amélioration», conclut celui qui se reconnaît dans le personnage par le fait que, lui aussi, a une femme très jeune. «Elle obtiendra son diplôme cette année.» Il plaisante... à moitié - sa compagne, Susan Teagley, a près de 20 ans de moins que lui.

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> JESSICA LOWE

Elle incarne Ginger, la pétulante femme d'Eddy. «Nous n'avons pas la même façon de nous exprimer, elle et moi. Les femmes comme Ginger obtiennent ce qu'elles veulent en susurrant. Nous n'avons pas non plus la même façon de nous vêtir, je suis du genre pantalon de survêtement», pouffe celle qui, plus sérieusement, remercie Adam Sandler de ne pas avoir fait le choix évident - engager un mannequin pour jouer Ginger - et d'avoir «misé sur une comique géniale». Elle. Et ce, grâce à une audition sur vidéo où elle a «joué» la lecture de 50 Shades of Grey par un gamin. «Hilarant», note Adam Sandler. «Tu as vu ça? C'est pas ton assistant?» «J'ai pas d'assistant! Je les renvoie!» À noter qu'elle sera de la série New Faces of Comedy de Juste pour rire.

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> WENDY McLENDON-COVEY

Elle incarne Jen, la meilleure amie et partenaire en affaires de Lauren. Ensemble, elles mettent de l'ordre chez les gens - leurs placards plus précisément, qu'elles rangent et organisent. «Oh, pour moi, il n'y a pas eu beaucoup de travail pour trouver mon personnage! Comme Jen, je vole des choses dans les placards des autres [rires], je n'ai pas d'enfants et je peux péter une coche solide pour défendre mes amis ou ma famille. Tu dis du mal du fils de ma copine? Attention à toi. Je peux dire ou faire des choses vraiment insensées dans des situations comme celle-là», assure celle qui est de la distribution de la série The Goldbergs, et que l'on verra dans quelques semaines dans Think Like A Man Too de Steve Harvey.

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> BELLA THORNE

Elle incarne Hilary, dite Larry, la fille aînée de Jim. «Elle a 15 ans et est un peu le meilleur pote de son père. Un garçon manqué qui rêve de sortir de cette peau-là pour devenir une fille afin que les gens arrêtent de la prendre pour un garçon et que le gars qui l'intéresse [Jake, le fils d'Eddy] la remarque. Elle est aussi en quête d'une figure maternelle, et c'est ce qu'elle trouve en Lauren», résume la comédienne qui joue CeCe Jones dans la série Shake It Up! de Disney Channel. «Sans mes filles, je l'avoue, je n'aurais aucune idée de qui elle est. Mais elles l'adorent et c'est comme ça que j'ai pensé à elle quand on a cherché quelqu'un pour incarner Larry», explique Adam Sandler.

Photo Warner Bros