Qu'ont en commun Dennis Quaid, Matthew Fox, Forest Whitaker et William Hurt? Ils ont été si impressionnés par Omagh, le premier film du cinéaste anglais Pete Travis, qu'ils se sont empressés d'être de l'aventure Vantage Point, un thriller politique sans angles morts

Un grand sommet international où les grands de ce monde discutent des mesures à prendre pour lutter contre le terrorisme se tient en Espagne. Le président des États-Unis doit pour l'occasion prononcer une allocution publique sur la grande place de Salamanca, une ville universitaire située non loin de Madrid. La Plaza Mayor a bien entendu été passée au peigne fin par les agents des services secrets avant d'accueillir les 30 000 personnes venues entendre le discours. Le président Ashton (William Hurt) n'a pourtant pas le temps de prononcer le moindre mot avant que des coups de feu ne retentissent et l'atteignent.

Le défi de Vantage Point (Angles d'attaque en version française) est de raconter le fil des événements selon huit points de vue différents, en replaçant toujours le compte à rebours quelques minutes avant l'attentat. Le récit emprunte ainsi des pistes qui, en fonction de l'identité du personnage dont on adopte le point de vue, révèlent progressivement des aspects inédits.

«Il s'agissait là d'un pari assez difficile à tenir sur le plan technique», a admis Pete Travis la semaine dernière au cours d'une rencontre de presse tenue à Los Angeles.

Le cinéaste anglais, qui en est à ses premières armes dans le cinéma hollywoodien, a justement été embauché par les producteurs grâce au souffle réaliste qu'il avait su donner à Omagh, un film qui relatait un attentat à la bombe qui a secoué l'Irlande du Nord il y a 10 ans.

«Tout a été planifié à l'avance, explique le cinéaste. Chaque séquence de Vantage Point a été dessinée au préalable sur des planches. Dans un film comme celui-là, on ne peut se permettre de grandes études psychologiques. Il s'agit plutôt de maintenir l'équilibre entre les différents points de vue tout en ne laissant pas au spectateur le temps de souffler. Il s'agit avant tout d'un film avec beaucoup d'action.»

À l'instar de Paul Greengrass (The Bourne Ultimatum), qui avait notamment écrit le scénario d'Omagh, Travis a emprunté un style fébrile, faisant ainsi écho à la commotion que provoque un drame survenu à l'occasion d'un sommet réunissant des chefs d'État.

«Près de 90% du film est constitué de scènes tournées caméra à l'épaule, explique-t-il. Tout a ensuite été monté de façon très serrée. Je trouvais intéressant de m'attaquer à une histoire d'envergure internationale car tout devient alors une question de perceptions et d'interprétations. Cela nous ramène aux enseignements que nous a laissés le grand Akira Kurosawa, mon héros. Rashômon a évidemment été une grande inspiration à cet égard.»

Un exercice complexe

Huit personnages d'importance égale deviennent ainsi tour à tour les protagonistes du film. Et se retrouvent souvent à faire de la figuration dans les segments où le point de vue emprunté est un autre que le leur. Tous se sont prêtés de bonne grâce au jeu, certains ayant même parfois à refaire inlassablement les mêmes choses afin que tous les raccords soient cohérents. Ainsi, Dennis Quaid et Matthew Fox incarnent des agents des services secrets affectés à la sécurité du président; Forest Whitaker, un touriste américain de passage en Espagne; Sigourney Weaver, la réalisatrice du journal télévisé d'un grand réseau; Eduardo Noriega (Abre los ojos), un policier espagnol; Edgar Ramirez (The Bourne Ultimatum) et Ayelet Zurer (Munich), un couple aux apparences trompeuses; sans oublier William Hurt, le président.

«C'est un exercice extrêmement complexe sur le plan technique», précise Hurt. Qui, comme tous ses acolytes, s'est empressé d'accepter la proposition afin d'avoir l'occasion de travailler avec Pete Travis.

«Quand un tournage est aussi compliqué sur le plan technique, l'acteur doit se mettre entièrement au service de l'histoire et aller au plus simple, explique l'acteur. Ce n'est pas le temps de plonger dans le travail introspectif.»

De son côté, le cinéaste a vécu sa première expérience hollywoodienne dans l'enthousiasme. «Quand toutes ces vedettes se sont mises à donner leur accord les unes après les autres, j'avais l'impression qu'on me donnait un gros cadeau de Noël!»