L'adage veut que ce qui se passe à Vegas reste à Vegas. Certainement pas en ce qui concerne The Hangover: la réputation de ce long métrage qui pourrait bien être - déjà! - la comédie de l'été, va très rapidement dépasser les frontières de Sin City. Rencontre avec les artisans d'un film-surprise.

«Un enterrement de vie de garçon, c'est comme des montagnes russes: si vous êtes à bord, c'est drôle. Si vous ne faites que regarder, ce n'est pas intéressant», assure le scénariste Scott Moore qui, avec son complice Jon Lucas, signe le scénario de The Hangover (Lendemain de veille en version française).

Rencontré à Las Vegas il y a deux semaines, le réalisateur Todd Phillips abonde à un point tel que, dans un premier temps, il n'a pas été emballé à l'idée de se mettre au service de ce qu'il pensait être l'histoire de quatre gars qui vont «fêter» la fin du célibat de l'un d'eux à Las Vegas. Jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il ne se faisait pas la bonne idée du film.

The Hangover ne raconte pas une nuit décadente dans la ville du vice, mais un lendemain de veille. Quand les quatre mousquetaires reprennent conscience dans leur suite dévastée. Ils y découvrent un tigre, un poulet et un bébé. Ils se rendent compte que l'un d'eux affiche maintenant un sourire auquel il manque une dent. Et ils s'aperçoivent que le futur marié a disparu.

Le hic: ils ne souviennent pas ce qu'ils ont fait pendant cette nuit qu'ils voulaient inoubliable. Ils vont donc partir sur leurs propres traces afin de comprendre ce qu'ils ont fait et retrouver la pièce manquante de leur quatuor.

Et c'est en ce sens, autrement dit à rebours, que le scénario de The Hangover a été tricoté par Jon Lucas et Scott Moore, le tandem derrière Ghosts of Girlfriends Past et Four Christmases (dont on peut dire, à la lumière de ce nouveau film, qu'il est plus doué pour raconter les relations entre gars que la dynamique de couple). «C'est une version comique de Saving Private Ryan», pouffe le réalisateur.

Une différence de point de vue qui distingue de façon positive The Hangover des Very Bad Things et autres What Happens in Vegas. Ça, et sa fraîcheur, car nous ne sommes pas là devant une autre des comédies «à la Judd Apatow» qui, même si on les aime, sont omniprésentes sur les écrans. «En fait, pour moi, c'est une comédie anti-Apatow: c'est moins ironique mais agressivement drôle. Et on y voit des visages différents», avance Justin Bartha, qui est justement l'un des visages «non-apatowiens» de The Hangover.

Les autres sont Bradley Cooper, Zach Galifianakis et Ed Helms. Voici ce qu'on pourrait lire sur leur passeport... pour la gloire.

Justin Bartha

Avant The Hangover: on l'a vu dans National Treasure, aux côtés de Nicolas Cage.

Dans The Hangover: il interprète Doug, le futur marié. «Il est la voix de la raison du groupe, il sert de «colle» à ces personnalités différentes et en son absence, c'est l'enfer.» Or, il est absent de la presque totalité du film.

Après The Hangover: «Je ne veux désormais tourner que des succès où le chèque serait gros et ma participation, petite. L'idéal étant d'encaisser le chèque et ne rien faire, parce que je suis très paresseux», fait ce pince-sans-rire. Plus sérieusement, on devrait le revoir dans The Hangover 2... car une suite est déjà dans le collimateur du studio - et dans la tête de Todd Phillips.

Bradley Cooper

Avant The Hangover: on l'a vu dans He's Just Not That Into You et dans Yes Man. Serait-il en train de devenir le nouveau visage de la comédie (pas juste) romantique?

Dans The Hangover: il est Phil, prof, marié, père... et il se sent à l'étroit dans ce statut civil. «Il veut s'éclater au cours de cette nuit avec les copains... et sort de la mésaventure en se rendant compte combien, au bout du compte, il aime la vie tranquille qui est la sienne - et ceux avec qui il la partage.»

Après The Hangover: son nom est celui que la rumeur porte le plus souvent au sujet du futur interprète de The Green Lantern. Mais pas moyen qu'il nous éclaire sur le sujet.

Zach Galifianakis

Avant The Hangover: on l'a vu dans What Happens in Vegas (on oublie ça!) et dans Into the Wild, mais il est surtout connu aux États-Unis comme stand-up.

Dans The Hangover: il incarne Alan, le futur beau-frère de Doug. «C'est un imbécile bien intentionné. Il est coincé dans son adolescence. Il essaie de se faire des amis parmi les adultes, mais il n'y parvient pas et ne comprend pas pourquoi.»

Après The Hangover: après avoir affronté un tigre («La nuit, ces animaux sont en mode chasseur... et nous tournions de nuit! Les dresseurs n'avaient pas remarqué ce «détail»!» se souvient Todd Phillips), il sera entouré des hamsters génétiquement modifiés (!) de G-Force.

Ed Helms

Avant The Hangover: on le connaît surtout pour son rôle d'Andy Bernard dans la version américaine de The Office.

Dans The Hangover: il se glisse dans la peau de Stu, dentiste inquiet que sa copine mène par la b (r) aguette. «Si ces gars étaient des archétypes, je dirais que Phil est le cool; Alan, le bizarre et Stu, le nerd», fait celui qui s'est vraiment fait arracher une dent pour les fins du rôle. O.K., c'était une fausse et elle était vieille et moche...

Après The Hangover: à partir de la mi-août, il sera encadré par Will Ferrell et Jeremy Piven dans une «biopic comico-fictive» manière Walk Hard et Talladega Nights: The Goods - Live Hard, Sell Hard de Neal Brennan. Brrr...

Des bébés et des bêtes

Il paraît que ce qu'il y a de pire sur les plateaux, c'est de tourner avec des enfants ou des animaux. Le combo, c'est l'enfer assuré. Sauf qu'une fois en mode «promo», acteurs, réalisateurs et producteurs sont toujours prêts à dire combien leur expérience à eux a été l'exception à la règle.

Pas l'équipe de The Hangover.


Au sujet des six bébés qui incarnent le poupon trouvé dans la suite des trois mousquetaires, Heather Graham (elle est la prostituée au grand coeur qui croisera leur route), assure que «quatre étaient formidables; les deux autres étaient diaboliques». À leur décharge, disons qu'ils ont à «jouer» des scènes assez percutantes. À l'écran, elles atteignent des sommets dans le comique politiquement incorrect - donc, ne sont absolument pas racontables hors contexte.

Pour ce qui est des animaux, à part le poulet qui joue les poules sans tête, il y a le tigre. Légèrement drogué pour l'occasion? «S'ils lui ont donné quelque chose, c'est des amphétamines!» lance Bradley Cooper, encore sous le choc de cette rencontre qui lui en a fait voir de toutes les couleurs - ou, au moins, du noir et du roux...
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Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Warner Brothers.

The Hangover (Lendemain de veille, en version française) prend l'affiche le 5 juin.