Secretariat est passé à l'histoire en devenant, en juin 1973, le premier pur-sang en 25 ans à remporter la Triple couronne. Randall Wallace raconte comment, montrant du coup le champ de course comme le champ de bataille qu'il est.

Réalisateur de We Were Soldiers, scénariste de Braveheart... bref, connu pour ses «films de guerre», Randall Wallace n'était pas le candidat évident pour tourner Secretariat, film biographique du célèbre pur-sang. Pourtant, le projet lui a été proposé. Et il a accepté l'invitation, la transformant en défi.

Défi parce qu'il ne voulait pas refaire Seabiscuit, par exemple. «De toute manière, nous n'avions pas le budget - 35 millions au lieu de plus de 80 - ni le temps de tournage - 45 jours et non 85 à 90», a-t-il indiqué lors de l'entrevue qu'il a accordée à La Presse au début de la semaine, au Turf Club des pistes de course Santa Anita.

«Honnêtement, je n'aime pas la manière dont les «films de chevaux» sont en général tournés. Certains sont d'excellents films, mais ils ne reflètent pas ce que je veux voir et sentir.» Ce qu'il veut voir et sentir, ce qu'il veut que les spectateurs voient et sentent, c'est la course telle que la vit le cheval: «Je veux que vous soyez Secretariat, pas que vous regardiez Secretariat.»

Dans ce but, il a engagé «le Rembrandt des directeurs photo», Dean Semler. Son mandat: trouver comment traduire à l'écran la vitesse, le bruit, la violence, la poussière, le danger des courses. Le réalisme prenant, au galop, le pas sur le romantisme.

Pour parvenir à cela, les créateurs ont fait de nombreux essais avec des caméras à la fine pointe de la technologie. «Et nous nous sommes finalement retrouvés avec ces appareils que vous pouvez acheter à 800$ dans n'importe quel magasin d'électronique, qui prennent des photos et aussi des films de quatre minutes.»

Ils ont installé ces appareils sur les chevaux ou au bout de perches. Et, à coups de quatre minutes, ils sont arrivés à un résultat qui coupe le souffle. Mais qui a demandé temps et efforts: les courses - dont les trois épreuves que Secretariat a remportées et qui ont fait de lui, en 1973, le premier lauréat de la Triple couronne en 25 ans - sont loin d'occuper la moitié du long métrage; mais elles ont nécessité 20 jours de tournage sur 45.

Cela valait le coup - et le coût: «Comment, autrement, garder le suspense et la tension dans cette histoire que tout le monde connaît?»

Mais Secretariat n'est pas que l'histoire du pur-sang. C'est aussi celle de Penny Chenery (Diane Lane), sa propriétaire. Elle a aujourd'hui 85 ans. Par amour pour les chevaux et pour son père, elle a mis, au début des années 70, son pied dans la porte d'un monde d'hommes où elle n'était pas la bienvenue. Aussi sur cette piste, Lucien Laurin (John Malkovich), ancien jockey qui a entraîné le pur-sang; et certains journalistes qui ont cru au caractère exceptionnel de la bête - dont Bill Nack (Kevin Connolly).

Secretariat, pour tout ce qu'il représentait et a fait, s'est retrouvé à la une des journaux et magazines. «Je me souviens très bien de tout ça. Et je n'ai même pas trouvé ça étonnant: pour moi, il était normal qu'un cheval fasse les manchettes», rigole Diane Lane, qui avait 7 ans à l'époque. Et qui aime passionnément les chevaux. «C'est mon totem.» Qu'elle partage indubitablement avec Penny Chenery.

Ce qu'ils en disent

Diane Lane (Penny Chenery)

«Cette histoire est aussi celle d'une femme qui a pris les choses en main et qui n'a jamais réalisé à quel point ce qu'elle faisait était exceptionnel «, raconte Diane Lane. La comédienne a également visionné les trois fameuses courses de Secretariat en compagnie de Penny Chenery : «C'était incroyable de voir combien elle s'est immédiatement replongée dans ces moments-là alors que moi, je me souviens surtout des publicités diffusées entre les courses. On peut dire que Penny Chenery est une héroïne. «

John Malkovich (Lucien Laurin)

«Randall et moi avons décidé de ne pas entièrement baser mon personnage sur Lucien car nous sommes, au départ, très différents «, indique John Malkovich. L'acteur af fiche une autre carrure que celle de Lucien Laurin, un jockey de petite taille. De plus, l'entraîneur de Secretariat était québécois francophone ce que n'est pas John Malkovich. La garde-robe du flamboyant personnage est, par contre, conforme à la réalité. Pas le choix : «Quand vous regardez les courses de chevaux de l'époque, vous êtes frappés par la fabuleuse laideur des vêtements. «

Kevin Connolly (Bill Nack)

« J'ai grandi à Long Island, près de l'endroit où tout ça s'est passé, et pour moi, l'histoire de Secretariat fait partie du décor «, explique Kevin Connolly . Quant au journaliste Bill Nack, l'interprète de E. dans Entourage a l'impression de le connaître depuis toujours : «Dans mon coin, tout le monde lisait Newsday, où il écrivait à l'époque «, fait celui qui n'avait par contre jamais côtoyé de chevaux lors d'un tournage. «Ce sont des acteurs comme les autres, ils ont du tempérament et on doit être prêt à faire des compromis. »

Secretariat prend l'affiche le 8 octobre. Les frais de voyage ont été payés par Walt Disney Pictures.