Impossible, en voyant African Cats, le nouveau film signé DisneyNature, de ne pas se rappeler cet incontournable rendez-vous des samedis après-midi qu'était Le monde merveilleux de Disney. Rencontre avec Gregory Charles, qui fait la narration française de Félins d'Afrique.

Après Earth et Oceans, DisneyNature a décidé de raconter, dans African Cats, le destin d'un clan de lions et celui d'une femelle guépard solitaire. Ce, sur un mode qui est plus celui du drame animalier que celui du documentaire. «À mon sens, c'est un biopic. C'est The Fighter, mais dans la savane et parmi les fauves», résume Gregory Charles qui vient d'ajouter une corde non pas à son arc, mais à sa harpe - si l'on tient compte du nombre de déclinaisons de son talent qu'affiche son C.V.

Une nouvelle corde (vocale), donc, qu'il a acquise en acceptant de faire la narration française destinée au Québec du long métrage de Keith Scholey et Alastair Fothergill - qui, en version originale, se déroule au rythme de la voix de Samuel L. Jackson. Et qui, devenu Félins d'Afrique, s'apparente plus «à un match de baseball qu'à un match de football américain», lance Gregory Charles en riant. Et d'expliquer: «Samuel L. Jackson est un acteur très dramatique, sa voix traduit cela et la musique (de Nicholas Hooper) a visiblement été écrite avec ce rythme et ce ton en tête. Mon travail était de m'ajuster à l'amplitude de la trame sonore en utilisant la langue française, qui est plus mélodique; et d'utiliser un ton qui est plus le nôtre... et le mien.»

Ainsi, poursuit-il, en anglais, il existe cette tradition des narrations très «senties» à la Alec Guinness. «En français, aller dans le même sens peut faire un peu clownesque.» Sans compter que le narrateur imprime au moins un peu de sa personnalité dans son travail: «J'ai l'impression que Samuel L. Jackson a vu African Cats comme un amateur de football. Moi, j'ai vu Félins d'Afrique comme un amateur de baseball. Il y a quelque chose de très militaire dans le football: on parle d'attaque au sol, d'affrontement, etc. Moi, je vois davantage la vie comme un match de baseball - on parle de home run, de «rentrer à la maison» - et c'est ainsi que j'ai perçu le film.»

Bref, son point de vue est celui du Clan de la rivière, qui cherche le bonheur; et non celui des lions nomades, qui cherchent la conquête. Quant à Sita, la femelle guépard prête à tout pour protéger ses petits, même à affronter un lion de taille monumentale, «c'est ma mère», rien de moins. Rires.

Faits réels

African Cats n'est donc pas un pur documentaire, mais «un récit inspiré de faits réels». Sauf que, dans le présent cas, les personnages sont de grands fauves de la savane africaine. Les réalisateurs ont planté leurs caméras haute définition dans ces vastes étendues du sud-ouest du Kenya. Un tournage de deux ans et demi, pendant lequel ils ont observé, fait passer des auditions, choisi des lignes dramatiques. Ou tout comme.

Ils ont ainsi choisi de suivre le destin de Layla, lionne d'expérience du clan mené par Fang et mère de Mara; et celui de Sita, femelle guépard qui vit dans l'isolement le plus total et est la seule responsable de ses cinq petits. Autour d'eux, des lions en quête de conquête, des hyènes, des buffles, des zèbres, des antilopes, des crocodiles. Des ennemis, des proies. Des luttes pour le territoire. Des jeux de pouvoir. Des instincts qui poussent à protéger - à tout prix, ce prix étant parfois même la mort. Rien que de très... quoi? Humain?

«C'est le genre de film qui appelle à la réflexion, croit Gregory Charles. Ces animaux font des choses incroyables, d'instinct, pour protéger leurs petits... et ils n'ont pas eu de mode d'emploi pour cela. On peut se demander si nous avons pour notre part besoin des Dr Phil et Oprah pour nous dire quoi faire. Qu'en serait-il si nous étions plus en contact avec notre instinct de bonté et de survie? Agirions-nous comme on agit ou différemment?»

Cet aspect du projet l'a intéressé. De même que le rapport particulier qu'il avait, enfant, avec Le monde merveilleux de Disney qui a meublé ses samedis après-midi. Et puis, souvenir plus récent, cela lui a rappelé l'ouverture du parc Animal Kingdom, en 1998, qu'il avait couverte en compagnie d'un jeune garçon appelé... Xavier Dolan. Enfin, Félins d'Afrique englobe beaucoup de ce dont est faite sa carrière: «Mon rapport aux enfants, l'enseignement, la famille.» Cela valait une nouvelle corde à sa harpe...