Québec pense à multiplier par six le nombre de radars photo sur les routes de la province, en les faisant passer de 54 appareils à plus de 300 en cinq ans, a appris La Presse.

Le ministère des Transports s’intéresse notamment aux machines qui donnent des amendes sur la base de la vitesse moyenne d’un véhicule sur un long tronçon routier, afin de faire ralentir durablement des automobilistes.

Ainsi, « 250 nouveaux équipements seront acquis au cours des cinq premières années » d’un éventuel contrat, explique le Ministère dans un document qui sonde l’industrie afin de connaître sa capacité à lui fournir autant d’appareils.

Cet « appel d’intérêt » précise que le « plan d’acquisition » provincial n’est pas coulé dans le béton. « À la suite des résultats de cette démarche, un appel d’offres public pourrait être réalisé », mais le Ministère ne s’y engage pas.

Déjà, Québec indique vouloir acheter tout un éventail d’appareils.

Le cabinet de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, n’a pas commenté la situation. Son ministère n’a pas non plus voulu faire de déclaration.

« Le Québec a démontré que l’utilisation des radars photo […] constitue une mesure de sécurité routière complémentaire et efficace à celles déjà en place », indiquent les fonctionnaires dans leur appel d’intérêt. « Le volume actuel d’infractions détectées grâce à l’opération des [radars photo] permet de donner environ 500 000 constats d’infraction annuellement. »

« Ça fonctionne »

Adoptés par une multitude de territoires dans le monde, les radars photo ont démontré leur efficacité pour favoriser la sécurité routière.

« Ça fonctionne. Ça fonctionne tant pour faire baisser la vitesse que pour diminuer le nombre d’accidents avec blessures, ce qu’on veut vraiment diminuer », a expliqué le professeur de Polytechnique Montréal Nicolas Saunier à Radio-Canada, en 2021.

Les radars photo ont notamment un impact sur « les plus grands excès de vitesse », ajoutait-il. « Les excès de 20 km/h ou plus vont diminuer de façon notable. Or, ce sont ces vitesses les plus élevées qui risquent de [causer] des accidents très graves. »

Ces appareils n’en sont pas moins détestés par une pléthore d’automobilistes, qui dénoncent leur inflexibilité et leur effet très temporaire sur la vitesse des véhicules.

« L’ajout de radars ne pourra jamais remplacer la présence des corps policiers, a souligné CAA-Québec, par la voix de son porte-parole David Marcille. Bien qu’ils soient utiles dans certains endroits où la présence physique d’effectifs est impossible, les radars ne font que cibler les excès de vitesse. »

D’autres comportements fautifs, comme la conduite avec facultés affaiblies, les distractions au volant, pour n’en nommer que quelques-uns, ne peuvent être réprimandés avec le radar.

David Marcille, porte-parole de CAA-Québec

CAA-Québec montre aussi du doigt le délai de plusieurs jours entre l’infraction et la réception du constat par la poste. L’impact sur la conscientisation n’est pas le même que dans le cas d’une interception par un policier en chair et en os sur le bord de l’autoroute, estime l’organisation.

Ralentir sur tout un tronçon

En plus des radars photo traditionnels, Québec cherche aussi à s’équiper de radars photo de vitesse moyenne, appelés « radars tronçons ».

Ces appareils ne détectent pas la vitesse à laquelle se déplace une voiture à un point précis, mais calculent plutôt le temps qu’a pris un véhicule pour se déplacer sur un tronçon donné de route ou d’autoroute.

Si la durée du déplacement est trop courte, le véhicule a logiquement voyagé au-dessus de la limite permise et une contravention est donnée.

« Le système ne fait pas le suivi du véhicule tout au long de son parcours, mais uniquement au début et à la fin du parcours », précise le document d’appel d’intérêt. De tels systèmes sont déjà en fonction en France, en Belgique et en Suisse.

Québec ne considère pas seulement l’achat de 250 nouveaux radars photo. Il réfléchit aussi à la possibilité d’acheter un nouveau système de gestion de ses radars photo, parce que l’actuel risque d’être incapable de gérer l’explosion du nombre d’appareils.

« La cible minimale serait de 30 dossiers à l’heure par agent au traitement pouvant atteindre un volume d’environ 3,5 millions de dossiers par année dans les 5 ans suivant le début du déploiement des nouveaux appareils. » Les agents traitent environ 19 dossiers à l’heure actuellement.

Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse

Pêche miraculeuse dans le tunnel La Fontaine

Au début de 2023, le ministère des Transports a ajouté un radar mobile dans le secteur du chantier du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. Rapidement, l’appareil est devenu le plus lucratif au Québec, distribuant plus de 3000 amendes par mois. En moins de 6 mois, il a permis de récolter pas moins de 4,7 millions de dollars en contraventions. C’est ainsi un peu plus de 100 conducteurs par jour qui sont surpris à rouler au-delà de la limite de 50 km/h dans le chantier.