Impossible pour celui qui n’a jamais fait de ski de haute route de savoir ce qui se cache derrière le mont Edouard. Huit zones skiables, quatre refuges, 20 km de sentiers dans un vaste domaine de plus de 80 hectares : le « backside » de la station Mont Edouard est le plus grand territoire de ski hors-piste structuré de tout l’Est nord-américain.

Contre-intuitif ? L’accès à la zone hors-piste du Mont Edouard se fait en montant dans le télésiège de la station – les puristes pleins d’énergie peuvent gravir la montagne en empruntant un sentier de raquette. On a choisi la facilité, histoire de garder la forme pour la suite.

Notre guide Antoine Provost avait envisagé de nous amener dans le secteur des Géants, mais les rapports de ses collègues patrouilleurs l’ont fait changer d’idée, optant plutôt pour le secteur La Grive, réservé aux experts. « Avec la température douce des derniers jours, il s’est formé une croûte sur la neige, il est donc préférable d’aller plus haut en altitude », dit-il en mettant le cap vers le sommet du mont Laure-Gaudreault, qui culmine à plus de 800 m d’altitude.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Huit zones skiables sont accessibles dans l’arrière-pays du Mont Edouard.

C’est le genre d’information auquel on a accès quand on s’assure les services d’un guide, offert à 115 $ par personne.

L’avantage de prendre un guide est d’avoir la meilleure descente de la journée parce que les guides connaissent toutes les petites lignes de descente cachées.

Antoine Provost, guide

« Mais la majeure partie des gens y vont sans guide ; c’est très bien balisé et on a une sécurité organisée. Il y a des patrouilleurs dans tous les secteurs. Ils s’occupent aussi des refuges, partent les feux dans les poêles et conseillent les gens sur les lignes de descente à prendre », souligne Antoine Provost.

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La Grive est l’une des plus belles zones du secteur hors-piste du Mont Edouard, son départ offrant une vue imprenable sur le lac Moreau.

La présence d’un refuge bien chaud au terme de notre montée au sommet de La Grive est justement bienvenue pour y casser la croûte, les 770 derniers mètres de montée étant abrupts à souhait. Les refuges sont ouverts à tous les randonneurs pendant la journée, mais ils sont destinés aux campeurs qui ont réservé leur nuitée. Car oui, il est possible de rester quelques jours dans le secteur, histoire de bien profiter de quelque 1600 m de dénivelé qu’offrent au total les huit secteurs de haute route.

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Les sentiers d’accès aux sommets de l’arrière-pays du Mont Edouard totalisent plus de 20 km. La section menant aux secteurs de La Grive et du Grand Pic est abrupte, mais vaut le détour.

Les bottes chaussées en mode descente, on trépigne à l’idée de dévaler les 302 m de dénivelé en forêt du secteur La Grive, qui se déploie devant nous dans toute sa splendeur. « Comme le secteur du Grand Pic, La Grive est réservée aux experts, on ne peut pas envoyer un débutant là-bas, avertit Antoine Provost. Notre zone plus accessible serait le Sacré-Cœur, qui ramène à la station de ski, et quelques lignes des Géants parce que ce n’est pas très abrupt. Mais n’empêche que ça reste du hors-piste, donc il y a des arbres, des bosses et de la poudreuse. »

Quand les gens viennent chercher de l’information, on va toujours leur demander quel est leur niveau de ski. Il faut avoir déjà fait des pistes à bosses en station, de même que quelques sous-bois.

Antoine Provost, guide

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On peut s’offrir les services d’un guide pour se rendre dans les secteurs hors-piste du Mont Edouard, s’assurant ainsi de fouler les plus beaux endroits et les plus belles lignes de descente de ce vaste paradis hivernal.

Étrangement, le secret le mieux gardé des secteurs de haute route du Mont Edouard est aussi le plus accessible. Les zones 600 et 490 sont situées sur le flanc est de la station de ski – l’accès se fait justement par les pistes La Sauvage et Le Passage, respectivement. « On s’éloigne un peu de la foule pendant une heure, et on fait un secteur moins skié vraiment le fun avant de revenir – ce n’est même pas 15 minutes de peaux de phoque pour retourner dans les secteurs de sous-bois de la station, dit Antoine Provost. Ces secteurs-là sont un peu moins fréquentés, pourtant, ils sont plus accessibles. Mais ils sont de plus en plus connus. »

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Les skieurs peuvent s’arrêter dans quatre refuges aménagés dans l’arrière-pays du Mont Edouard qu’on peut réserver pour y passer la nuit.

Tous ces secteurs ont cependant en commun d’être entretenus avec soin chaque été par une équipe spécialisée. « Notre chef bûcheron est aussi patrouilleur de la station, c’est un rider ; quand il bûche et qu’il voit quelque chose de beau, il s’arrange pour que ça bonifie la descente, soutient Antoine Provost. Chaque secteur est débroussaillé tous les deux ans en rotation par une équipe de six bûcherons à raison de 40 heures par semaine pendant 5 semaines. »

Bref, on prend soin du « backside » comme on s’occupe des pistes du centre de ski, faisant du Mont Edouard une destination de choix pour le skieur sérieux. « Quand je suis arrivé ici il y a presque 10 ans, le Mont Edouard était une station purement régionale, se rappelle notre guide âgé de 31 ans. Avec le développement du secteur haute route, qui a commencé en 2013, on a maintenant une clientèle qui vient à moitié de l’extérieur, surtout du Québec, mais aussi de l’Ontario et des États-Unis. Les gens de Montréal ou Québec se disent : ‟OK, est-ce que je fais 12 heures d’auto jusqu’en Gaspésie ou la moitié moins pour aller au Saguenay ?” » La réponse vous appartient !