(Sainte-Perpétue) Un premier voyage de cyclotourisme en famille peut être intimidant en raison de sa complexité logistique. Or, Vélo Québec a mis sur pied une formule tout inclus qui permet aux petits et grands de tenter l’expérience sans tracas. Notre journaliste a plongé dans la « Petite Aventure » – le nom est bien choisi – avec sa famille l’été dernier. Récit d’un séjour inoubliable.

Un évènement accessible

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

La Petite Aventure, organisée par Vélo Québec, se veut un évènement accessible.

Été 2023. À l’entrée du village de Sainte-Perpétue, un panneau rend hommage à la légende locale – le cycliste Hugo Houle.

L’athlète amorce son second Tour de France le week-end où nous plongeons dans notre premier voyage de cyclotourisme en famille.

Cette chouette coïncidence nous donne un élan supplémentaire. Quoiqu’en ce magnifique vendredi du long week-end de la fête du Canada, nous ne manquons pas de motivation à l’idée de découvrir de nouveaux trajets de vélo dans le Centre-du-Québec.

Notre grand de 11 ans commence l’été dans un camp de vacances en Gaspésie. Nous étions envieux (un peu, beaucoup). Nous cherchions donc une activité spéciale à réaliser avec sa sœur de 7 ans. Pour une rare occasion, elle aura ses deux parents pour elle seule.

C’est là que l’idée de réaliser la Petite Aventure – la virée familiale de trois jours qu’organise Vélo Québec depuis plus de 25 ans – a germé.

Avant tout, la Petite Aventure se veut un évènement accessible à travers lequel les participants relèvent toutes sortes de défis ; que ce soit une famille qui réussit à faire 100 km durant le long week-end ou un cycliste qui fait pour la première fois du vélo trois jours d’affilée.

Jean-François Rheault, président-directeur général de Vélo Québec

Les petites jambes de Clémence n’avaient jamais pédalé autant de journées d’affilée. L’année précédente, à 6 ans, elle avait fait un Tour de nuit (28 km) suivi d’un Tour de l’île (47 km) le même week-end, mais avec une journée de pause entre les deux épreuves.

Malgré son jeune âge, notre mini-cycliste roule sur son propre vélo puisqu’elle n’a jamais voulu être accrochée au nôtre à l’aide d’une girafe (barre de remorquage). Nous nous sommes dit que le défi était à sa portée. Surtout que, comme parents, nous pouvions nous concentrer sur son encadrement.

Pas de repas à planifier. Ni de bagages à transporter. Et encore moins de vaisselle à faire. Nous avons opté pour le forfait Sous les étoiles, dans lequel tout cela est inclus ; forfait auquel nous avons ajouté la location d’une tente familiale (qui sera même montée pour nous). De vraies vacances, quoi !

Jour 1 : Lapinou à bord

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Le trajet est jalonné de magnifiques routes de campagne.

Les quelque 1600 participants ont rendez-vous entre 7 h et 10 h ce matin-là à Sainte-Perpétue pour le grand départ de l’évènement de vélo-camping.

À notre arrivée dans un grand champ transformé en stationnement pour l’occasion, des bénévoles à la bonne humeur contagieuse s’occupent de nos bagages (ils seront livrés au terrain de camping).

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Dans un grand champ transformé en stationnement pour l’occasion, des bénévoles s’occupent de nos bagages.

Aujourd’hui, le parcours ordinaire est de 47,5 km. Les plus aguerris pourront s’ajouter des boucles facultatives et ainsi allonger le plaisir. Un itinéraire raccourci est aussi proposé (36,1 km). Destination : la polyvalente de Nicolet où le « village » de tentes de la Petite Aventure s’est installé en cette 26édition de l’évènement.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Une dernière vérification pour s’assurer que tout est en ordre avant le départ.

Au départ, un mécano de vélo à qui on a demandé de jeter un coup d’œil sur notre vieil hybride nous annonce que les câbles de frein et ceux de vitesse sont très usés. Note à moi-même – et Vélo Québec nous avait prévenus –, j’aurais dû effectuer une mise au point avant le départ.

Le sympathique employé d’une entreprise de vélo locale qui offre ses services pour l’occasion nous « sauve la vie » et remplace le tout, illico presto et à un coût raisonnable.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Remplir ses bouteilles d’eau, primordial !

Cela nous donne le temps de remplir nos bouteilles d’eau – il annonce très chaud – et de nous assurer que « Lapinou », le doudou de la petite, ait une place dans l’une de nos sacoches.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Le trajet est très bien balisé et encadré par une armée de bénévoles.

À 9 h, nous commençons à rouler sur des routes de campagne. Contrairement au Tour de l’île, le parcours n’est pas fermé à la circulation automobile. Les jeunes cyclistes doivent savoir rouler à la droite de la route, en file, au même titre que les plus aguerris.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Tout au long du parcours, des bénévoles et des employés sont prêts à vous aider en cas de pépin ou de fatigue.

Le trajet est cependant très bien balisé et encadré par une armée de bénévoles et d’employés prêts à vous aider à changer un pneu crevé ou encore vous mettre en contact avec une voiture de transport qui peut vous ramener – votre vélo et vous – au village en cas de fatigue.

Un peu avant le début de la première côte abrupte – d’un parcours plutôt plat, cela étant dit –, un encadreur nous prévient gentiment du dénivelé. Notre mini-cycliste s’élance, bien déterminée à la monter sur deux roues. Au tiers de la pente, elle met le pied à terre (et nous aussi, par solidarité).

  • Une pente qui a donné du fil à retordre à beaucoup de cyclistes !

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Une pente qui a donné du fil à retordre à beaucoup de cyclistes !

  • Une pente qui a donné du fil à retordre à beaucoup de cyclistes !

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Une pente qui a donné du fil à retordre à beaucoup de cyclistes !

1/2
  •  
  •  

Nous la terminons à pied (sans honte), en nous récompensant d’un ou deux bonbons pour motiver notre mini.

Ce sera ainsi durant les trois jours. Des encadreurs sont postés à des endroits-clés du parcours pour nous prodiguer des conseils (attention à la surface glissante du pont en bois, entre autres). Chaque fois que nous en croisons un, alors que nous nous sommes arrêtés en bordure d’un chemin pour une pause, nous nous faisons demander : « Tout va bien ? »

C’est quasi impossible de se perdre, d’ailleurs, puisqu’on nous a remis une version papier du parcours ainsi que les détails pour télécharger les données du GPS sur une application mobile. Nous avons d’ailleurs croisé beaucoup d’ados – qui avaient semé leurs parents – et qui savouraient à vive allure cette grande liberté.

Cette vision a suffi à nous faire rêver à des distances plus grandes à parcourir sur deux roues en famille en laissant une grande autonomie à nos futurs ados. Sans avoir à nous inquiéter pour leur sécurité.

À midi, nous sommes à mi-parcours. La distribution des boîtes à lunch se fait à l’ombre d’une église, dans laquelle on peut se réfugier pour se rafraîchir. La pause est bienvenue. Il fait plus de 30 degrés à l’ombre.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Au premier jour du périple, la distribution des boîtes à lunch se fait à l’ombre d’une église.

« Est-ce que je peux manger mon dessert en premier ? », nous demande notre valeureuse cycliste de 7 ans.

Dans notre famille de sportifs amateurs, on s’est dotés d’une règle depuis que les enfants sont petits : à vélo ou en ski de fond, si on fait des longues distances, on a droit à des gâteries sucrées et autres chocolats chauds en quantité généreuse.

La portion de gâteau aux carottes sera engloutie avant le sandwich et les crudités. Dans un souci de réduire les déchets générés lors de l’évènement, des ustensiles réutilisables nous sont offerts. On apprécie le geste pour la planète.

Repartir après le dîner sous une chaleur accablante représente un défi. Pour motiver la petite, nous vantons la panoplie d’activités qui nous attendent au « village » : jeux gonflables, tir à l’arc et cinéma, entre autres.

Près de 50 km plus tard, nous arrivons à destination vers 16 h, fourbus, mais fiers. La petite est si excitée par l’ambiance de fête qui règne au village qu’elle refuse notre suggestion d’aller se rafraîchir au « Festi-douches » – une remorque de douches mobiles très appréciée après une journée à rouler.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

À la polyvalente de Nicolet, le « village » de tentes de la Petite Aventure s’est installé en cette 26édition de l’évènement.

Après un souper copieux, Clémence retrouve de l’énergie. Elle ira la dépenser dans le gymnase de la polyvalente à jouer au basketball et au frisbee avec d’autres enfants increvables.

En soirée, de nombreux adultes se dirigent sous une tente où un bar a été aménagé. Un DJ en fera danser beaucoup jusqu’à 23 h. Nous rejoignons plutôt notre tente où nous nous endormons sans problème malgré le son de la musique qui retentit non loin.

Jour 2 : dentifrice d’éléphant

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

La journée s’annonce encore très chaude.

Le lendemain matin, nous remercions le ciel d’avoir été sages. À 5 h 45, les premiers cyclistes se réveillent (il y a une section de tentes lève-tôt), dont la nôtre. « J’ai passé une belle nuit », nous annonce Clémence, prête à commencer sa journée.

Comme la journée s’annonce encore très chaude, nous optons pour le parcours « raccourci » de 24 km, qui nous ramènera à notre point de départ, Nicolet. Après une dizaine de kilomètres, notre mini-cycliste ressent de la fatigue.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Près de 30 % des participants à la Petite Aventure ont moins de 18 ans.

Nous faisons alors une longue pause sur une plage du lac Saint-Pierre, question de lui changer les idées. D’autres familles font la même chose. Certaines – plus prévoyantes que la nôtre – ont leur maillot de bain.

L’après-midi et la soirée de samedi sont ponctués d’épisodes d’orages et de pluie. Qu’à cela ne tienne, des jeux de société sont mis à la disposition des familles. Le gymnase est toujours ouvert et l’auditorium diffuse en boucle des films pour enfants. Clou de la soirée, un animateur scientifique offre un spectacle de chimie endiablé – oui, oui le terme est bien choisi – dans l’auditorium.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Des jeunes participants s’amusent entre deux trajets.

Vélo Québec a mis la gomme pour divertir les jeunes. Après tout, près de 30 % des participants à la Petite Aventure ont moins de 18 ans.

Samedi soir, il est à peine 19 h quand Clémence s’endort, rêvant sans doute à l’expérience du dentifrice d’éléphant (à voir sur YouTube) à laquelle elle vient d’assister.

Jour 3 : bonjour, l’hermine

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

L’évènement rassembleur a sans contredit fait naître des passions au fil des ans.

Pour notre troisième et dernière journée, après avoir englouti un « déjeuner de champion » – les repas sont copieux et très protéinés –, on opte encore une fois pour l’itinéraire le plus court : 29 km. Nous motivons la petite en lui soulignant qu’en retournant aujourd’hui à Sainte-Perpétue, nous atteindrons le chiffre magique de 100 km.

Ce sera le parcours le plus joli du week-end. La circulation automobile est très faible. Sur des routes secondaires à travers champs et forêts, nous croisons un nombre incalculable d’animaux de ferme, dont de très jolies vaches et quelques mammifères sauvages (bonjour, l’hermine).

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

La fierté se lit sur le visage de ce participant.

À midi, nous sommes déjà arrivés dans le village natal d’Hugo Houle. La relève se trouve peut-être parmi les centaines de jeunes participants à la Petite Aventure croisés durant la fin de semaine. Qui sait ? L’évènement rassembleur a sans contredit fait naître des passions au fil des ans.

La fierté d’avoir relevé le défi des « 100 km » se lit dans les yeux de notre petite athlète. Et soyons honnêtes, la fatigue aussi. On le refait l’été prochain ? lui demande-t-on alors qu’elle engouffre une crème glacée offerte par un commanditaire à l’arrivée.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

La relève se trouve peut-être parmi les centaines de jeunes participants à la Petite Aventure croisés durant la fin de semaine.

« Oui », répond-elle sans hésiter entre deux bouchées. Comme parents passionnés de vélo, on se remet à rêver à des distances plus ambitieuses à réaliser avec les enfants – notre grand de 11 ans sera de l’aventure l’an prochain – dans les années à venir.

La Petite Aventure 2024

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Les inscriptions pour la 27e édition de la Petite Aventure sont ouvertes.

Dates : du 29 juin au 1er juillet 2024 

Région : Montérégie

Départ : Huntingdon 

Parcours : entre 15 et 90 km par jour environ

Parcours détaillé

  • Jour 1 : Rendez-vous à Huntingdon pour le grand départ. Ensuite, Saint-Antoine-Abbé et retour à Ormstown en fin de journée.
  • Jour 2 : Ormstown, Saint-Étienne-de-Beauharnois, retour à Ormstown.
  • Jour 3 : Ormstown, Sainte-Barbe et retour à Huntingdon.

Les inscriptions pour la 27e édition sont ouvertes. En s’inscrivant d’ici le 1er avril, les participants peuvent obtenir une participation gratuite au Tour de l’île de Montréal.

Prix : à partir de 495 $ par personne par jour (taxes incluses), plusieurs forfaits offerts

Consultez la page de la Petite Aventure

Le Grand Tour

Pour ceux et celles qui en voudraient plus, il est possible de s’inscrire au Grand Tour qui en sera à sa 30e édition cette année. C’est le même principe que la Petite Aventure, mais la distance quotidienne à parcourir est plus importante (de 60 à 130 km par jour) et le séjour est plus long (6 jours), quoiqu’il soit possible de l’écourter. Important, toutefois, le Grand Tour est moins approprié pour les jeunes enfants. Il y a un tarif spécial pour les 18-34 ans.

Consultez la page du Grand Tour