La saison des croisières internationales s’est ouverte le 10 avril sur le fleuve Saint-Laurent avec la venue à Québec du MSC Poesia, de la compagnie MSC Cruises. Cela marque le coup d’envoi d’une saison qui verra 46 navires passer dans les ports du bassin fluvial, une nouvelle augmentation notable pour cette industrie touristique qui a le vent en poupe.

En tout, on parle de 400 opérations dans les neuf escales du Saint-Laurent, à Montréal, à Trois-Rivières, à Québec, à Saguenay, à Baie-Comeau, à Sept-Îles, à Havre-Saint-Pierre, à Gaspé ou aux Îles‑de‑la‑Madeleine – c’est presque 100 de plus que l’an dernier. En ce qui concerne l’affluence, le Québec devrait encore enregistrer au-delà de 400 000 jours-passagers, avec pas moins de 500 jours d’escales à quai, sans compter les séjours organisés avant ou après les croisières. « On devrait observer une légère croissance en termes de passagers, mais ce qui est remarquable est que notre destination n’est pas attachée à une seule catégorie de navires, nous dit René Trépanier, directeur général de l’Association des croisières du Saint-Laurent (ACSL). C’est l’inverse des Caraïbes, par exemple, qui accueillent exclusivement des navires de très fort tonnage, ceux que l’on appelle la classe contemporaine. »

Ainsi, le bassin fluvial voit ses eaux sillonnées par 30 % de petits navires, à peu près 40 % de bâtiments de moyen tonnage, ainsi que 30 % de gros paquebots. Le MSC Poesia, qui transporte 2500 passagers et 1000 membres d’équipage, est considéré comme un grand navire – le port de Québec accueille à l’occasion des bâtiments de 5000 passagers. Or, les plus petites croisières sont bien souvent plus luxueuses et attirent une clientèle plus fortunée. « Ce sont des gens qui font des croisières à répétition, ils sont rendus parfois à 8 ou 10 dans leur vie, et ils cherchent de la diversité », explique M. Trépanier.

Le Québec est une destination relativement jeune quand on se compare aux autres, alors on représente la nouveauté. Il y a aussi de l’intérêt pour la clientèle américaine qui aime venir ici en septembre, surtout pour fuir les États du Sud en quête d’une destination plus fraîche.

René Trépanier, directeur général de l’ACSL

Le directeur de l’ACSL affiche ainsi clairement son ambition de séduire les touristes qui pourraient être tentés d’aller en Alaska, par exemple. « Quand on se compare à l’Alaska, on a une offre culturelle historique importante, soutient-il. On a nos grandes villes, Québec, Montréal, Trois-Rivières, qui offrent une expérience touristique reliée à la culture, à l’histoire. Mais on a en plus la variété de nos escales en région, la Gaspésie, la Côte-Nord, le Fjord-du-Saguenay. Lorsque l’on additionne tout ça, on réussit à se distinguer par une offre très diversifiée, bien équilibrée entre nature, culture et histoire. »

Tout ça sans compter les croisières d’expédition, comme celle organisée en janvier prochain par l’entreprise française Ponant. « On fait une percée importante sur ce marché, c’est une première mondiale, affirme René Trépanier. On va avoir les premières croisières hivernales de grand luxe dans l’hémisphère Nord ; entre novembre et février, toutes les croisières d’expédition s’en vont normalement en Antarctique, mais on a réussi à convaincre Ponant de garder un de ses navires dans l’hémisphère Nord. Pour l’instant, on est vraiment optimistes parce que les ventes vont relativement bien. »

Lisez notre article « Une première croisière hivernale au Québec »

La croissance des croisières au Québec s’explique aussi par des investissements importants entrepris depuis une quinzaine d’années dans la plupart des ports du Québec, mais d’autres améliorations seront bientôt nécessaires si la province veut conserver son attrait dans un secteur qui s’est engagé sur la voie du développement durable. « Dans 25 ans, l’industrie devra être carboneutre et l’un des principaux moyens sur lesquels les compagnies misent, c’est le branchement électrique à quai, nous dit René Trépanier. Les compagnies nous disent qu’elles vont aller là où on peut se brancher dans le futur. Les navires peuvent déjà le faire à Montréal, mais c’est important que ce soit aussi le cas à Québec. L’avantage que l’on a au Québec, c’est l’hydroélectricité ; le projet est donc d’installer deux bornes de branchement électriques au port de Québec. C’est un projet majeur, un élément déterminant pour le futur des croisières, mais ça représente des coûts très importants. Il faut absolument que l’État investisse là-dedans. »

En savoir plus
  • 700 millions
    Retombées économiques directes et indirectes des croisières dans l’économie québécoise en 2019
    Source : Business Research & Economic Advisors pour le compte de la Cruise Line International Association