(Paris) Tabliers bleus, chemises blanches immaculées, mâchoires serrées et plateaux en équilibre, des dizaines de serveuses et serveurs se sont affrontés dimanche dans les rues de Paris pour remporter la traditionnelle Course des garçons de café, en amont des Jeux olympiques.

Les gagnants seront d’ailleurs invités à la cérémonie d’ouverture des JO le 26 juillet.

Des centaines de touristes interloqués et familles en promenade se sont retrouvés devant la mairie de Paris pour assister à la résurrection de cette course atypique, qui trouve ses racines au début du XXe siècle, et dont Londres et la capitale française se disputent la paternité.

Un café, un verre d’eau et un croissant : voilà la charge qu’ils doivent porter, d’une main et avec élégance, sur deux kilomètres au cœur du quartier touristique du Marais.  

PHOTO DIMITAR DILKOFF, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un café, un verre d’eau et un croissant : voilà la charge qu’ils doivent porter, d’une main et avec élégance.

Un jury les attend à l’arrivée pour contrôler leur temps mais aussi les niveaux des breuvages.

Faute de financements, la dernière édition parisienne avait eu lieu en 2011.

« Pour me préparer, je suis venu hier faire un peu de repérage », raconte Thierry Petit, qui fête le jour même ses quarante ans comme serveur de brasserie à Paris.  

« Après, j’ai mangé une andouillette et bu une bière, c’est à peu près tout », s’esclaffe ce colosse proche de la soixantaine, à l’accent des faubourgs. « Mais fêter ça ici, avec tous ces gens, en plus une année d’olympisme, ça me donne des ailes ! »

« Question de concentration »

La maire de Paris Anne Hidalgo coupe le ruban, le top est donné, les participants s’élancent. Interdiction de courir, la course prend des allures de compétition de marche nordique, l’ambiance en plus.

Concentrés mais souriants, les serveurs défilent sous les acclamations, trouvent même le temps d’échanger des vannes, tout en lançant des regards vers les tasses de café qui roulent de gauche à droite au rythme des foulées.

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Les serveurs défilent sous les acclamations

« Mais on fait ça pendant 12 heures tous les jours, week-ends et jours fériés compris », rappelle Pauline Van Wymeersch, serveuse au café Le Petit Pont, à Paris, et première dans la catégorie des femmes. Son secret ? « Vingt ans de métier et de bonnes jambes ».

Les serveurs se bousculent dans l’étroite rue Saint-Martin, réalisent d’acrobatiques mouvements de plateau pour se dépasser, sous les yeux des clients des terrasses qui se lèvent pour les encourager.

La course est terminée en une bonne vingtaine de minutes. C’est Samy Lamrous, 26 ans, qui l’emporte, avec le meilleur temps et un plateau intact.  

Comme la plupart des participants, ce maître d’hôtel au restaurant parisien La Contrescarpe n’a pas spécialement préparé la compétition. « J’ai suivi le mouvement et j’ai fait ce qu’on m’a dit, comme d’hab », rigole-t-il.  

« Ça tire un peu sur les cuisses mais c’est surtout une question de concentration : il faut garder l’équilibre alors qu’il y a tous ces gens qui t’acclament… mais, finalement, j’ai pu faire ma remontada “à la parisienne !” » et ravir la première place.

« L’âme de Paris »

Pari réussi pour la mairie, qui a organisé la manifestation avec Eau de Paris (qui gère l’eau potable dans la ville) et les professionnels du secteur.

« C’était une façon de mettre en avant la culture de notre ville », commente Pierre Rabadan, adjoint chargé du Sport, des Jeux olympiques et paralympiques à la mairie de Paris, qui a lui-même participé à la course. « Le garçon de café, de restaurant, c’est un marqueur très fort de la culture française ».

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« Les cafés, c’est l’âme de Paris ! », ajoute Dan Lert, adjoint chargé de la transition écologique et président d’Eau de Paris.

Le fait que l’évènement ait pu renaître de ses cendres en 2024 ne doit rien au hasard : « On sait qu’il y a beaucoup d’attentes des visiteurs autour du patrimoine français, de la table française, et organiser cette course est une manière de les accueillir, eux aussi ».

« Les cafés, c’est l’âme de Paris ! », ajoute Dan Lert, adjoint chargé de la transition écologique et président d’Eau de Paris. « La course est une espèce de “teasing” pour tous ceux qui vont venir, qu’ils puissent voir ce qui les attend ».  

Et d’ajouter que la compétition sera reconduite l’année prochaine.