Pauvres chauves-souris. Non seulement traînent-elles une sinistre réputation, mais elles font aussi face maintenant à des menaces qui mettent leur survie en danger, notamment le fameux syndrome du museau blanc. Les amateurs de plein air peuvent toutefois faire de petits gestes pour leur venir en aide.

Mais pourquoi les aider ? Entre autres, parce qu’elles bouffent une quantité impressionnante d’insectes nuisibles.

« Elles mangent des insectes piqueurs, des maringouins et compagnie, mais c’est surtout pour ce qui est des insectes ravageurs, nuisibles à l’agriculture et à la foresterie, qu’elles font la plus grande contribution », explique Jean-François Houle, responsable du service de la conservation et de l’éducation au parc national de Plaisance.

Quelle est la nourriture préférée des chauves-souris?

Une seule chauve-souris peut manger 600 insectes en une heure. On a ainsi calculé qu’une colonie moyenne de chauves-souris, soit 300 individus, pouvait manger plus de 20 millions d’insectes pendant un été.

« Ça permet d’utiliser moins de pesticides dans les cultures », fait valoir Nathalie Desrosiers, biologiste au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

Les insectes piqueurs ne représentent qu’une petite proportion de leur menu, soit un peu moins de 10 %. Mais ça fait quand même presque 2 millions de moustiques qui sont mis hors d’état de nuire. Les campeurs, randonneurs, grimpeurs et pagayeurs ne peuvent qu’apprécier.

PHOTO FOURNIE PAR LE US FISH AND WILDLIFE SERVICE

Une chauve-souris atteinte du syndrome du museau blanc

Un champignon arrivé au Québec cause des problèmes pendant l'hivernage

Mais voilà, le syndrome du museau blanc a fait des ravages dans les colonies. Il est provoqué par un champignon microscopique introduit en Amérique du Nord en 2006, Pseudogymnoascus destructans. Il se développe sur la peau des chauves-souris pendant l’hibernation et il les irrite tellement qu’il les réveille fréquemment pendant l’hiver. Or, chaque réveil force la chauve-souris à dépenser de l’énergie et à puiser dans ses réserves. Résultat : la pauvre bête n’a plus assez de réserves pour passer l’hiver et meurt avant l’arrivée du printemps.

En quelques années, le syndrome a tué de 90 à 100 % des individus des colonies où il était présent.

Jean-François Houle parle carrément d’une hécatombe. Il insiste sur l’importance de ne pas aller se promener dans les sites d’hibernation des chauves-souris, les hibernacles, pour ne pas les déranger davantage. « Elles ont déjà une ou deux prises contre elles, on ne va pas arriver avec une troisième prise. »

Les spéléologues sont bien au courant du problème et connaissent les cavernes qu’il faut éviter. « Les membres des associations dignes de ce nom connaissent également les procédures de décontamination qu’ils doivent suivre pour éviter de propager le champignon d’une grotte contaminée à une grotte qui ne l’est pas encore », souligne M. Houle.

Les amateurs de plein air peuvent également donner un coup de pouce aux chauves-souris en participant à des programmes de science citoyenne. Jean-François Houle recommande de consulter le site Chauves-souris aux abris pour s’informer sur ces petits mammifères volants et pour participer à des programmes de recherche. Il s’agit notamment de signaler des colonies.

« Les chauves-souris qui ont survécu, c’est quelque chose qui intéresse le gouvernement, observe Jean-François Houle. Est-ce qu’il va se développer des résistances face au champignon ? Ça pourrait être un salut pour les chauves-souris. C’est important de prendre soin des survivantes. »

Le site Chauves-souris aux abris fournit tous les détails pour suivre la procédure précise de décompte.

PHOTO TIRÉE DE WIKIPEDIA COMMONS

La chauve-souris cendrée, une des trois espèces de chauves-souris migratrices au Québec. Il y a aussi cinq espèces de chauves-souris résidantes dans la province.

L’été, la survie des chauves-souris est moins menacée. Les mâles se réfugient ici et là, chacun de son côté. Les femelles, elles, se regroupent dans ce qu’on appelle des maternités. Ça peut être dans des arbres, des greniers. « C’est une bonne idée de ne pas les réveiller parce qu’elles travaillent toute la nuit à se nourrir », conseille M. Houle.

On peut construire un dortoir pour leur donner un coup de main supplémentaire. Encore là, Chauves-souris aux abris fournit toutes les informations nécessaires pour bâtir le dortoir idéal.

Il est très rare de voir une chauve-souris voler le jour. « Si ça arrive, c’est un signe inquiétant », fait savoir Jean-François Houle.

Ça peut être le signe du syndrome du museau blanc. Ou de la rage. Parce que oui, la chauve-souris peut être porteuse de cette maladie. Il ne faut donc pas toucher à main nue une chauve-souris, qu’elle soit morte ou vivante. « On conseille d’appeler le 811 si on est en contact. La morsure de la chauve-souris, on ne la sent pas, elle a de toutes petites dents », indique M. Houle.

Généralement, une chauve-souris atteinte de la rage gît tristement au sol, paralysée.

« Elle fait pitié à regarder, les gens pensent qu’elle a une aile brisée, ils veulent la sauver, mais on ne peut pas y toucher, prévient Nathalie Desrosiers. On peut la signaler, puis laisser la nature suivre son cours. »

Dans son travail, Nathalie Desrosiers a pu observer plusieurs espèces de chauves-souris.

« Je n’ai pas de favorites, je les trouve toutes mignonnes. »

Consultez le site Chauves-souris aux abris

Suggestion de vidéo

Le vol de la chauve-souris

Très belles images filmées aux grottes de la Balme, près de Lyon.

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Chiffre de la semaine

6

C’est le nombre d’espèces de chauves-souris qu’on a dénombrées au parc des Îles-de-Boucherville.