Isabelle Moisan et ses amis avaient profité de la longue fin de semaine des Patriotes pour parcourir un sentier au Vermont. Ils ont eu une petite surprise lorsqu’ils se sont présentés à la frontière pour revenir au Canada : on leur a demandé s’ils avaient bien nettoyé leurs bottes de randonnée.

« Le douanier a été très sympathique, raconte Isabelle Moisan. Il nous a demandé d’où on revenait et si on avait de la boue sur nos bottes. Nous en avions un peu, alors il nous a expliqué qu’en principe, on devait retourner aux États-Unis pour nettoyer les bottes. »

Le douanier a expliqué aux randonneurs que la boue pouvait contenir des espèces nuisibles : des insectes, des œufs d’insectes, certains végétaux. Il s’est toutefois montré compréhensif et s’est contenté d’un avertissement.

« Il nous a laissé passer car il y avait plusieurs voitures derrière nous, mais il nous a bien avisés de faire attention la prochaine fois et de bien nettoyer les bottes avant notre passage à la douane. »

Il n’y a pas que les randonneurs qui doivent faire attention. Des adeptes de vélo de montagne ont signalé qu’ils avaient dû faire demi-tour à la douane pour aller nettoyer à fond leurs montures.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Plusieurs agents pathogènes peuvent se dissimuler dans la terre et la boue.

Protéger l’écosystème canadien

Il y a effectivement de bien bonnes raisons pour nettoyer ses bottes de randonnée, ses bâtons de marche ou son vélo de montagne avant de revenir au Canada. Il s’agit de protéger l’écosystème canadien.

« Les sols transportent de nombreuses espèces envahissantes ainsi que de nombreuses maladies d’origine végétale et animale, fait savoir l’Agence des services frontaliers du Canada par courriel. On n’autorise normalement pas les véhicules, l’équipement, les chaussures et les autres biens qui arrivent aux frontières contaminés par de la terre à entrer au Canada. »

L’agence précise que la terre et la boue peuvent transporter des bactéries, des champignons, des insectes, des nématodes (de petits vers) et des mauvaises herbes.

Bon nombre d’organismes nuisibles transmis par la terre peuvent survivre pendant de nombreuses années, et ce, avec ou sans l’aide d’hôtes appropriés. Certains de ces organismes nuisibles peuvent être détectés par une inspection visuelle alors que pour d’autres, il faut utiliser des outils de diagnostic sophistiqués.

Agence des services frontaliers du Canada

Les autorités estiment qu’en raison du nombre et de la complexité de ces organismes, « il est pratiquement impossible de garantir l’absence d’organisme nuisibles préoccupants ».

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Les sentiers de randonnée ne sont pas toujours secs et propres.

Il est donc plus simple de voir à ce que les articles ou les équipements soient exempts de terre. En outre, il n’est pas très compliqué de nettoyer les semelles de ses bottes ou la pointe de ses bâtons de marche après chaque randonnée. Il faut simplement en prendre l’habitude. De toute façon, le propriétaire de la voiture est généralement bien content lorsque les bottines de ses passagers ne laissent pas de coulées boueuses partout dans le coffre arrière.

La réglementation précise que certains produits ne sont pas considérés comme de la terre et peuvent entrer au pays. Le sable provenant de plages d’eau salée, par exemple. Mais la boue des sentiers montagneux du Nord-Est américain, ça ne passe pas. Pas plus que la terre des pistes de vélo de montagne.

La plupart des propriétaires d’embarcation connaissent aussi l’importance de bien nettoyer celle-ci pour éviter le transport d’espèces envahissantes comme la moule zébrée.

Le Canada n’est pas le seul pays à vérifier ce qui se cache sous les semelles des randonneurs. La Nouvelle-Zélande, par exemple, est particulièrement pointilleuse à ce sujet. Dans les aéroports internationaux, on demande aux randonneurs de montrer leurs bottes, leurs bâtons de marche et même leurs piquets de tente pour s’assurer qu’il ne s’y cache aucun grain de terre. La Nouvelle-Zélande étant une île, les autorités prennent les choses au sérieux.

Les passagers des bateaux de croisière qui visitent l’Antarctique sont soumis à des contrôles encore plus serrés. Les membres d’équipage vont jusqu’à passer l’aspirateur dans les coins et recoins des sacs de randonnée pour s’assurer qu’il ne reste aucune brindille, graine, poussière de pollen ou fragment de feuilles. Lorsque les passagers débarquent du navire pour fouler le sol de l’Antarctique, ils doivent d’abord tremper les semelles de leurs bottes dans un liquide désinfectant.

Il s’agit surtout d’éviter d’introduire des pathogènes en Antarctique, ou même de transporter des pathogènes d’une colonie d’animaux à une autre sur le continent même. On ne voudrait pas déclencher une épidémie chez les manchots, quand même !

Consultez le site de l’Agence des services frontaliers du Canada

Suggestion de vidéo

Chats randonneurs

Deux copains partent faire de la randonnée avec leurs chats. Extrait d’une émission de la Radio Télévision Suisse.

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400

C’est le nombre de bornes électriques à Parcs Canada. On peut connecter sa voiture quand on va se connecter avec la nature.