La cohabitation entre les différents usagers des forêts n’est pas toujours facile. Lorsqu’il y a mésentente, les adeptes de plein air peuvent écoper. C’est ce qui arrive au mont Gosford, le plus haut sommet du sud du Québec.

Un conflit entre les acteurs du milieu a entraîné la fermeture des refuges utilisés par les randonneurs, en plus de faire disparaître le site internet qui fournissait toutes les informations nécessaires sur les sentiers. L’organisme de concertation du territoire, Gestion Mont Gosford, est en voie de dissolution.

« C’est d’une tristesse parce que pour la municipalité, le mont Gosford a toujours été notre joyau », commente le maire de Woburn, Guy Brousseau.

Le conflit est complexe. Dans le fond, il repose sur une vision différente du territoire : est-ce qu’on donne la priorité à la chasse et à la pêche ou à la randonnée ?

Le mont Gosford est situé sur une terre publique. On y trouvait auparavant des clubs privés de chasse et pêche qui ont été remplacés en 1978 par la zec Louise-Gosford, gérée par l’Association Louise-Gosford.

De son côté, la municipalité de Woburn est impliquée au mont Gosford depuis 1995. En vertu du programme de Forêt habitée, le ministère des Forêts lui a confié la gestion des ressources forestières du secteur. En échange, la municipalité doit investir les profits pour rendre le territoire accessible et développer son potentiel récréotouristique.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Le mont Gosford est le plus haut sommet du sud du Québec avec une altitude de 1193 mètres.

En 1998, on a créé un organisme, Gestion Mont Gosford, pour harmoniser la gestion du territoire. On y trouve des représentants de la zec et de la municipalité, mais aussi de la petite organisation responsable du développement des sentiers de randonnée, Sentiers frontaliers.

Je suis le président de Gestion Mont Gosford, comme l’ont été les maires précédents. Ils sont unanimes à dire qu’il y avait une incompatibilité entre les activités de chasse et pêche et la randonnée. Ça a toujours été la chicane.

Guy Brousseau, maire de Woburn

Monique Scholz, présidente des Sentiers frontaliers, abonde dans le même sens. « L’Association Louise-Gosford [la zec] se comporte comme un club de chasse 2.0 qui veut conserver la plus grande mainmise possible sur le territoire », déplore-t-elle.

Le conflit latent a éclaté il y a quelques mois au sujet des tâches des employés de la zec qui touchaient la randonnée, dont l’entretien des refuges destinés aux randonneurs. Ceux-ci appartiennent à la municipalité.

Le président de l’Association Louise-Gosford, Mario Lacasse, explique que les employés de la zec passaient beaucoup de temps à faire l’entretien de ces refuges et à répondre aux questions des randonneurs. Par comparaison, les chasseurs et pêcheurs ne leur demandaient pas autant de temps et d’efforts.

« Ceux-ci viennent une fois, puis après ça, ils connaissent le territoire puis ils s’en vont, soutient M. Lacasse. Ce n’est pas long faire affaire avec eux. »

Il affirme que Gestion Mont Gosford a refusé d’augmenter sa contribution pour la rémunération des employés de la zec. L’Association Louise-Gosford a donc décidé de ne plus faire l’entretien des refuges et de conserver le droit d’accès des randonneurs de 5 $ qu’elle transférait auparavant à Gestion Mont Gosford.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Le pavillon Rose-Délima est un des refuges qu’on a fermés dernièrement.

Ils ont décidé de nous couper les vivres. Nous avons fait des démarches auprès des différents ministères pour voir s’il y avait moyen de régler ça, mais il n’y avait pas d’entente possible.

Guy Brousseau, maire de Woburn

La municipalité a donc fermé les refuges.

« On peut vendre les refuges sur place ou les vendre à quelqu’un qui pourrait les déménager, indique M. Brousseau. Et on est en train de dissoudre Gestion Mont Gosford. »

Monique Scholz, des Sentiers frontaliers, se désole. « On n’a pas les reins assez solides pour faire une offre d’achat sur les refuges. »

Les seuls revenus des Sentiers frontaliers proviennent de la vente de cartes topographiques et de cartes de membres.

Pour la municipalité, il n’est pas question de transférer les refuges à la zec. « La chicane est allée tellement loin que non, il n’y aura pas un sou de la municipalité, c’est sûr », lance M. Brousseau.

Mario Lacasse indique que la zec a commencé à installer un autre type d’hébergement à proximité des sentiers, soit des prêts-à-camper. « On va faire des ententes avec les Sentiers frontaliers », affirme-t-il.

Du côté des Sentiers frontaliers et de la municipalité, on rêve plutôt de la création d’un parc régional. C’est toutefois un processus long et compliqué. « Il y a quelques années, je m’étais informé auprès des différents ministères, souligne M. Brousseau. On m’a découragé en me disant que ça prenait de 12 à 15 ans pour avoir un parc régional et que ce n’était pas simple. On disait qu’il fallait que la population soit d’accord avec ça. Or, les chasseurs, c’est sûr qu’ils ne seront pas là. »

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