Ça ne chôme pas du côté des aventuriers québécois. Frédéric Dion vient de terminer une odyssée au cœur de l’Amérique du Nord, Caroline Côté est sur son départ pour une expédition solo en ski vers le pôle Sud et Samuel Lalande-Markon prépare une traversée intégrale du Québec du nord au sud avec Simon-Pierre Goneau.

Frédéric Dion vient d’atteindre le pôle d’inaccessibilité de l’Amérique du Nord, soit le point le plus éloigné de toute côte, au Dakota du Sud. L’aventurier aurait pu se faciliter la vie en s’y rendant sur son vélo de route. Il a plutôt concocté un itinéraire combinant 1800 km de vélo de montagne, 1000 km de vélo de route, 400 km de kayak et une centaine de kilomètres de course à pied.

« Je voulais voir les plus beaux endroits sur Terre et je voulais relever un défi à la hauteur de mes capacités, affirme-t-il. Je trouvais que c’était le trajet le plus esthétique, le plus challengeant, dans des disciplines qui me plaisaient. »

La section en kayak comprenait notamment la traversée du lac Powell et la remontée d’une partie du Colorado.

C’était magique, extraordinaire, dans les plus beaux paysages que j’ai vus de ma vie.

Frédéric Dion

Il a voulu finir de façon spectaculaire en parcourant plus de 600 km en vélo en 24 heures. Divers pépins, dont des vents contraires et une application qui l’envoyait dans des routes de gravier, l’ont forcé à prendre une journée de plus. « C’était une journée de soleil, il n’y avait plus de pression, il s’agissait juste de vivre le moment présent. »

À l’assaut de l’Antarctique

Pour sa part, Caroline Côté est dans les derniers préparatifs pour sa propre expédition, en Antarctique. À la fin de novembre, elle entend parcourir plus de 1100 km entre Hercules Inlet, près de la côte, et le pôle Sud, un trajet qui devrait lui prendre de 30 à 40 jours.

PHOTO FOURNIE PAR CAROLINE CÔTÉ

Caroline Côté a déjà parcouru des terres polaires.

L’expérience est au rendez-vous : elle a récemment réalisé une traversée hivernale de l’île principale de l’archipel de Svalbard, en Arctique, au nord de la Norvège, avec son conjoint, Vincent Colliard.

Mais cette fois-ci, elle sera seule. Elle devra toutefois communiquer tous les jours avec l’extérieur pour s’informer de la météo et donner sa position.

Caroline Côté a vraiment hâte de se retrouver sur ses skis parce que les dernières semaines ont été stressantes : il fallait notamment ramasser environ 100 000 $ pour couvrir les frais de transport et la logistique de l’expédition. « C’est presque comme si je faisais la construction d’une maison, sauf que je n’ai rien de concret devant moi. » Des partenaires et des gens de son entourage l’ont beaucoup aidée, elle ne veut pas les décevoir. « C’est un gros stress de performance. Imagine si après trois jours, ça ne va pas et j’arrête… »

Le record de vitesse pour le trajet qu’elle a choisi est d’un peu moins de 39 jours. Elle y pense, mais ne met pas l’accent là-dessus.

Il y a le record à battre, c’est sûr, mais je pense que c’est plus une bataille avec moi-même que je vais faire.

Caroline Côté

Une première !

Samuel Lalande-Markon n’a aucun record de vitesse à battre pour la simple raison que personne n’a encore traversé intégralement le Québec du nord au sud, depuis la frontière canado-américaine jusqu’au cap Wolstenholme, au Nunavik.

PBOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’EXPÉDITION TRANSTAÏGA

Samuel Lalande-Markon au début d’une expédition précédente à travers le Québec

« Ça en dit beaucoup sur notre rapport au territoire, commente-t-il. Ça montre notre détachement face au territoire nordique. Ça ne fait pas partie de notre identité collective. »

Samuel Lalande-Markon entend enfourcher son vélo le 1er février prochain et se diriger vers Chisasibi en empruntant la route de la Baie-James. Il prévoit accomplir ce trajet de 1475 km en un peu plus d’une quinzaine de jours. Simon-Pierre Goneau avait accompli cette portion en 2020, mais il avait été stoppé dans son élan par la météo et la pandémie. Il rejoindra donc Samuel Lalande-Markon à Chisasibi et les deux aventuriers chausseront des skis pour suivre la côte jusqu’au cap Wolstenholme, un trajet de 1250 km.

« Sur papier, c’est l’expédition idéale pour s’initier aux conditions de ski arctique, lance Samuel Lalande-Markon. Il y a des communautés qui sont là depuis longtemps, il y a là d’intéressantes rencontres culturelles à faire. El les communautés se trouvent à des distances relativement semblables les unes des autres, ce qui facilite grandement les choses en fait de logistique. »

Il insiste sur la question du respect, que ce soit dans les communautés ou au cap Wolstenholme. « On n’ira pas planter un drapeau là, ou quelque chose comme ça. On va y aller très respectueusement pour fermer la boucle. »

Suggestion de vidéo

La danse de la bécasse

Pour bien apprécier cette vidéo, il faut imaginer une musique entraînante.

Chiffre de la semaine

71 %

C’est la proportion des cyclistes qui sont des hommes au Canada. Au Québec, c’est 56 %.

Source : Accès transports viables