Craaaaac. Quel est ce craquement tout juste à l’extérieur de la tente ? Hou hou houhou ! Et ça, c’est un fantôme ? Kkkkkkkkkk ! Une sorcière qui claque des dents ? Il y a souvent des bruits étranges, la nuit, en camping. Même les plus braves ont parfois envie de disparaître dans les profondeurs de leur sac de couchage.
« Les humains, on a peur de ce qu’on ne voit pas, de ce qu’on ne connaît pas, dit Daniel Joncas, garde-parc naturaliste au parc national de la Yamaska. La nuit, en camping, tout devient plus impressionnant. On est loin de la maison. On se sent plus vulnérable dans une tente, c’est juste une petite toile. »
Et comme dans les parcs nationaux, on essaie de réduire le bruit au maximum, « la moindre affaire, on va l’entendre ».
Il raconte comment, parfois, des campeurs appellent les gardes-parcs parce qu’ils pensent entendre un ours à l’extérieur de la tente. « Eh bien non, c’est un raton laveur. C’est plus petit, c’est plus cute. »
Un tout petit mammifère qui se déplace, qui farfouille, ça peut faire beaucoup de bruit. Surtout en automne, avec toutes ces feuilles qui tapissent le sol. Et puis, il y a ces craquements…
En automne, avec le froid, les arbres sont plus fragiles, ils craquent. Il y a aussi beaucoup de vent : les arbres vont frotter l’un contre l’autre.
Daniel Joncas, garde-parc naturaliste au parc national de la Yamaska
À l’automne, on va entendre le grand-duc ou la chouette rayée. Cette dernière est bien reconnaissable avec son hou hou houhou très sonore.
Des mammifères qui sont normalement silencieux seront un peu plus bruyants, comme les ratons laveurs.
« La nourriture commence à se raréfier, ils vont avoir tendance à s’éloigner un peu plus de leur territoire, explique M. Joncas. Il va y avoir des rencontres avec d’autres ratons laveurs, il va y avoir des chicanes entre eux, ils vont essayer de s’impressionner. » On entend alors un kkkkkkk qui semble s’éterniser.
Une randonnée nocturne éducative
Depuis une vingtaine d’années, le parc national de la Yamaska offre une randonnée guidée intitulée « Sons et animaux de la nuit », qui demeure toujours aussi populaire. « J’essaie d’arriver une quinzaine de minutes avant l’activité et les gens en profitent pour me faire écouter leur enregistrement ou pour faire une imitation. J’essaie d’identifier le son si c’est possible. »
La randonnée nocturne elle-même donne lieu à toutes sortes de découvertes. Les participants passent d’un écosystème à un autre : la forêt, le bord d’un cours d’eau, etc.
C’est toujours une surprise, je ne sais jamais ce qui se passe dans cette activité-là. Ça change beaucoup avec les saisons.
Daniel Joncas, du parc national de la Yamaska, à propos de la randonnée « Sons et animaux de la nuit »
Les oiseaux sont particulièrement actifs au printemps, notamment dans les périodes entourant le lever et le coucher du soleil. « Ce sont énormément de chants qu’on va entendre. »
En mai et en juin, ce sont les anoures qui seront spécialement bruyants : les grenouilles, les rainettes, les crapauds, les ouaouarons. En juin, les insectes chanteurs se feront plus présents, comme les grillons, les criquets et les sauterelles.
« Les oiseaux émettent des sons pour attirer les femelles, pour marquer leur territoire, pour communiquer entre eux, souligne Daniel Joncas. Les insectes, c’est un peu le même principe. Mais les mammifères, ce n’est pas tant avec les sons qu’ils vont essayer de se repérer. Oui, ils vont se grogner après, mais ils ne font pas de grandes mélodies. »
Des sons plus impressionnants
Bien sûr, pendant la période de reproduction, certains seront plus bruyants, comme les orignaux et les cerfs de Virginie.
Et puis, il y a les loups et les coyotes. « Les loups peuvent former des meutes assez importantes. Quand ils décident de faire des vocalises, on va les entendre. »
Le coyote est plus solitaire. « Il hurle moins bien que le loup, c’est moins impressionnant. Souvent, il va se mettre à japper, après. »
Ça peut quand même être un peu inquiétant quand on est couché dans une petite tente de rien. « Ça ajoute un peu de mystère autour du camping », conclut M. Joncas.
Question : Qu’est-ce que c’est ?
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