La nuit tombe. Les étoiles commencent à apparaître dans le ciel. La Voie lactée se dessine. C’est un spectacle grandiose qu’on pourrait voir de plus en plus souvent dans les parcs nationaux du Québec. Après avoir participé à la création d’une réserve internationale de ciel étoilé autour du parc national du Mont-Mégantic, la SEPAQ a entrepris de combattre la pollution lumineuse dans l’ensemble de son réseau.

« La présence ou l’absence d’éclairage est un élément hyper important pour la biodiversité de notre territoire, explique René Charest, spécialiste en conservation à la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ). C’est important de combattre la pollution lumineuse pour non seulement voir les étoiles, mais aussi pour conserver les écosystèmes. »

C’est la présence d’un grand observatoire au sommet du mont Mégantic qui avait amené le parc et la région à travailler pour réduire la pollution lumineuse. Le projet initial a notamment permis de convertir 3300 luminaires dans 17 municipalités. En septembre 2007, l’International Dark-Sky Association (IDA) a attribué à la région la certification de réserve internationale de ciel étoilé.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

L’observatoire du Mont-Mégantic, à l’origine de la réserve internationale de ciel étoilé

Pendant le processus, les responsables du projet ont réalisé qu’il ne s’agissait pas seulement de mieux percevoir les étoiles dans le ciel.

« Rapidement, on a réalisé que les impacts de la pollution lumineuse sur les écosystèmes étaient sous-estimés », affirme Sébastien Giguère, responsable de l’éducation au parc national du Mont-Mégantic et coordonnateur scientifique à l’Astrolab. « Il y a eu une explosion de la littérature scientifique à ce sujet au cours des années 2000, une prise de conscience écologique sur les impacts de la pollution lumineuse. »

Le cycle de vie de bon nombre de plantes, insectes, amphibiens, oiseaux et mammifères est lié directement à l’alternance du jour et de la nuit. La lumière artificielle peut ainsi chambarder la reproduction, l’alimentation, le sommeil et les stratégies de protection de ces espèces.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

La Voie lactée au-dessus d’un lac des Laurentides

Le cas de Mont-Tremblant

La SEPAQ a décidé de s’attaquer à ce problème dans l’ensemble des parcs du Québec, avec une attention particulière sur le parc national du Mont-Tremblant. Pour ce dernier, on aimerait aller chercher auprès de l’IDA une certification de parc international de ciel étoilé.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Sébastien Giguère, responsable de l’éducation au parc national du Mont-Mégantic et coordonnateur scientifique à l’Astrolab

Il faut éliminer les sources d’éclairage qui ne respectent pas les critères. Il y a aussi des exigences en fait de maillage avec le milieu. Il faut également s’engager à faire de l’interprétation, de la sensibilisation, en plus de faire un suivi.

Sébastien Giguère, responsable de l’éducation au parc national du Mont-Mégantic et coordonnateur scientifique à l’Astrolab

La SEPAQ a déjà procédé à une évaluation de l’état du ciel au-dessus du parc du Mont-Tremblant et des autres parcs de son réseau.

« Il y a tout un réseau d’instruments, de photomètres qui a été installé dans la majorité des parcs », affirme M. Giguère.

IMAGE FOURNIE PAR L’ASTROLAB/PARC NATIONAL DU MONT-MÉGANTIC

Cette image montre les quatre principes d’un éclairage adéquat.

La SEPAQ a aussi entrepris d’évaluer et de modifier l’éclairage en place en suivant quatre principes, à commencer par l’orientation.

« Il faut diriger la lumière vers le sol plutôt que l’envoyer dans le ciel », rappelle M. Giguère.

La couleur aussi a son importance.

« La composante bleue de la lumière blanche est celle qui cause la vaste majorité des impacts nuisibles, poursuit Sébastien Giguère. Il faut éclairer dans des teintes plus chaudes. Il y a eu beaucoup d’efforts avec l’industrie de l’éclairage pour avoir des DEL plus ambrées, qui minimisent les impacts. »

On doit aussi considérer l’intensité. « Il faut avoir une puissance adéquate pour ne pas créer des contrastes trop forts en dehors des zones d’éclairage. »

C’est ainsi qu’un éclairage moins intense et mieux orienté peut être plus sécuritaire parce qu’il réduit l’éblouissement et les forts contrastes.

Enfin, il y a la durée.

Pourquoi éclairer toute la nuit alors que le besoin est uniquement en soirée ?

Sébastien Giguère, responsable de l’éducation au parc national du Mont-Mégantic et coordonnateur scientifique à l’Astrolab

Les municipalités aussi

Le projet suscite beaucoup d’intérêt, même à l’extérieur des parcs. Les municipalités ont maintenant accès à des luminaires qui limitent la pollution lumineuse, ce qui n’était pas le cas auparavant.

Selon René Charest, la lutte contre la pollution lumineuse est particulièrement valorisante parce qu’elle ne fait pas de perdants. « Souvent, en conservation, il y a des sacrifices à faire, mais là, on éclaire mieux, on augmente la sécurité, on augmente la qualité de la vie et souvent, ça finit par coûter moins cher électricité. »

Sébastien Giguère ajoute que les effets ne se font pas attendre. « Ce n’est pas toujours facile de changer les choses dans le monde, mais avec la pollution lumineuse, on sent qu’on a une prise sur le problème, on mesure les changements. C’est très motivant d’entendre les gens qui trippent dans tel parc parce qu’ils n’ont jamais vu autant d’étoiles. »

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