Bien assis dans un kayak, fasciné par un grand héron qui déploie ses ailes ou une tortue qui roupille au soleil, on n’a pas vraiment envie d’entendre parler d’élections, de ministères, d’études ou de plans d’action. Mais voilà, la politique peut avoir des conséquences même au fin fond des bois.

C’est ainsi que dans le cadre de la campagne électorale, Réseau plein air Québec (RPAQ), une organisation qui regroupe les 11 fédérations de sports de plein air de la province, comme Rando Québec, Canot Kayak Québec et Spéléo Québec, a fait une série de demandes aux partis politiques en lice.

« Nous avons essayé d’être très concrets, ambitieux, avec une vision de ce que devrait être le plein air », affirme Annick St-Denis, directrice générale du RPAQ.

Un ministère

La première demande peut sembler bien bureaucratique, bien loin de la magie d’une promenade matinale sur une rivière : créer un ministère du Sport, du Loisir actif et du Plein air.

« En ce moment, le secteur sport et loisir est un peu noyé dans un immense ministère très important, le ministère de l’Éducation, explique Mme St-Denis. C’est un aspect très jeunesse. Or, le plein air, ce n’est pas que la jeunesse, même si on veut que les jeunes bougent et que c’est un bon moment pour initier les gens à l’activité physique. Mais on veut que les aînés bougent, que les adolescents continuent de bouger. »

En outre, le fait d’avoir un ministère spécialisé donnerait une meilleure visibilité au plein air et permettrait d’établir un contact plus direct avec les autres ministères qui sont interpellés par le plein air, comme les Affaires municipales, l’Environnement ou la Santé.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Il y a peu de données sur les impacts du plein air.

Le RPAQ demande que ce nouveau ministère réalise rapidement une étude sur les retombées économiques, sociales et de santé des activités de plein air. « On manque de données, soutient Mme St-Denis. Ce serait beaucoup demander aux organismes de plein air de porter le poids d’une telle étude, ils ont peu de moyens, ils sont souvent dans une situation précaire. On pense que le gouvernement devrait s’engager à faire cette étude-là pour réaliser l’importance de faire des investissements en plein air. »

Le RPAQ aimerait que le gouvernement accorde aux infrastructures de plein air le même genre de financement que celui qu’il accorde aux sentiers de véhicules hors route. « Je n’enlève rien aux gens qui aiment ces activités, mais je pense que la plus-value des activités de plein air non motorisées est beaucoup plus importante pour la société, ne serait-ce qu’en termes de santé », affirme Mme St-Denis.

Un soutien financier plus important

Les organismes d’activités de plein air auraient également besoin d’un soutien financier plus important, plus constant. Cela les aiderait notamment à mieux faire respecter les normes qu’ils mettent en place et à améliorer la formation des participants.

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Il y a de nomreux nouveaux adeptes de plein air. Il faut parfois les initier à ces nouvelles activités.

Au moment où il y a de plus en plus de gens qui pratiquent le plein air, c’est important d’avoir des gens compétents pour encadrer ce développement.

Annick St-Denis, directrice générale du RPAQ

« Si des gens se lancent sans être adéquatement initiés, ils auront peut-être une mauvaise expérience et ils cesseront de faire de l’activité physique, ou, encore, on va se retrouver avec des accidents », indique-t-elle.

Et lorsqu’il y a des accidents, « les gens deviennent frileux, les assurances deviennent frileuses, il peut y avoir des contraintes à garder les sites ouverts. »

De belles initiatives, comme le prêt d’équipements dans des bibliothèques, peuvent avoir des effets négatifs si on n’y fait pas attention. « Prêter de l’équipement à des gens qui ne savent pas quoi faire avec, c’est courir un peu après le trouble. Ça prend une vision globale, d’où l’idée d’un plan d’action gouvernemental. »

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Même loin dans les bois, les décisions politiques peuvent avoir des impacts.

Il faudrait aussi s’attaquer au problème de l’accès aux terres publiques et aux berges.

Pour l’instant, les plateformes des différents partis n’abordent pas vraiment ces enjeux.

« Il sera toujours temps, une fois que le nouveau gouvernement sera en place, de rencontrer les personnes aux postes clés, indique Mme St-Denis. Mais en attendant, on voulait projeter une vision du plein air tel qu’on voulait le voir évoluer. »

Lisez la lettre ouverte du RPAQ

Suggestion de vidéo

Raconter une grimpe

Le plaisir de cette vidéo, c’est la narration très sentie qu’en fait le grimpeur Cédric Lachat.

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Chiffre de la semaine 

13

C’est le nombre de cris différents de la bernache du Canada.