Votre grand-père parlait parfois de cette petite grotte perdue dans les bois ? Votre cousine a aperçu une cavité alors qu’elle suivait les traces d’un chevreuil au beau milieu d’une forêt ? Spéléo Québec aimerait bien en discuter avec eux.

« Ça fait partie de notre mission : découvrir et protéger tout ce qu’il y a comme cavernes au Québec, et éduquer à ce sujet », rappelle Marie-Claude McDuff, chargée de projet en géomatique à Spéléo Québec (Société québécoise de spéléologie). « Depuis qu’on existe, le bouche-à-oreille constitue une de nos sources les plus importantes, alors on relance un appel pour essayer de faire repartir nos signalements. »

Dans le passé, ça fonctionnait essentiellement comme ça : il y avait des légendes, des anecdotes que racontaient les grands-parents. C’était précieux. Ces informations permettaient parfois à la Société québécoise de spéléologie de redécouvrir ce qu’on appelait souvent des trous de fée.

« Nous avons énormément d’archives que nous sommes en train de numériser en vue du déménagement de notre bureau. Ça nous fait replonger dans les souvenirs de l’organisme, ça nous fait voir l’ampleur de la contribution du public. »

PHOTO MARIE-CLAUDE MCDUFF, FOURNIE PAR SPÉLÉO QUÉBEC

Un petit trou dans la terre peut mener à une belle grotte.

Coup de pouce de la population

À l’heure actuelle, les spéléologues utilisent de nouvelles technologies pour dénicher des cavernes, comme les images LIDAR (Light Detection and Ranging). « Ce sont des images du relief prises par satellites, explique Mme McDuff. On peut superposer ça avec des effets d’ombrage, ça permet de mettre en lumière certains éléments de relief qui donnent de bons indices pour trouver des grottes. Par exemple, on voit des rivières disparaître et réapparaître. »

Malgré les avantages des nouvelles technologies, les informations provenant de la population continuent à intéresser vivement les spéléologues. Michel Beaupré, géologue de Spéléo Québec, collige les points d’intérêt et lorsque l’occasion se présente, les membres se rendent sur le terrain pour vérifier les indices les plus prometteurs.

Spéléo Québec a justement organisé un camp de recherche en Outaouais, dans la vallée de la rivière du Lièvre, pendant la fin de semaine de la fête des Patriotes. Une dizaine de membres se sont constitués en équipes de trois ou quatre personnes pour parcourir le terrain à la recherche de grottes.

« Nous en avons trouvé une ! s’exclame Mme McDuff. On a trouvé ce qu’on appelle une doline d’effondrement, là où le sol s’affaisse. Ç’a révélé un porche, l’entrée d’une belle grotte de marbre blanc d’une trentaine de mètres. On pouvait ressortir plus loin par la résurgence d’un ruisseau. C’est une grotte très praticable : on n’était pas debout dedans, mais on ne rampait pas non plus. »

PHOTO CLAUDE PARADIS, FOURNIE PAR SPÉLÉO QUÉBEC

Une belle grotte de marbre se cachait sur une terre privée de la vallée de la rivière du Lièvre.

Après l’excitation du début, les spéléologues se sont rapidement mis en mode analyse : que s’est-il passé ici ? Y a-t-il des concrétions ? Des stalactites ? Des stalagmites ? « On n’en a pas vu », indique Mme McDuff.

Les spéléologues, bien casqués, font également une analyse du danger potentiel.

Il y a des cavernes plus stables que d’autres. C’est pour cela que quand quelqu’un trouve une grotte, on ne l’encourage pas à entrer comme ça. Il faut avoir un œil averti.

Marie-Claude McDuff, chargée de projet en géomatique à Spéléo Québec

Puisque l’équipe a découvert la grotte sur un terrain privé, Mme McDuff ne peut révéler son positionnement. Une permission a évidemment été demandée au propriétaire pour explorer son terrain. « Il était curieux, il ne savait pas qu’il y avait quelque chose de pénétrable. »

PHOTO FOURNIE PAR SPÉLÉO QUÉBEC

Il faut avoir un équipement adéquat et l’expertise nécessaire pour explorer une grotte inconnue. Mieux vaut contacter Spéléo Québec.

Autre camp

Spéléo Québec a organisé un autre camp de recherche pour la fin de juin, encore une fois dans l’Outaouais, mais cette fois-ci dans la vallée de la Gatineau. « Il y a énormément de points d’intérêt dans cette région, plus que dans des régions comme l’Estrie et la Rive-Sud, affirme Mme McDuff. C’est lié à la géologie du territoire. »

Pour les membres de Spéléo Québec, ces camps constituent une occasion de se revoir, d’échanger des anecdotes. Les plus expérimentés partagent leur savoir avec les membres plus récents. « Tout le monde est excité à l’idée de découvrir une grotte, et si on ne découvre rien, ben, on aura eu du fun à se promener dans le bois. »

Signalez une grotte inconnue près de chez vous

Suggestion de vidéo

L’ancêtre du vélo de montagne

À la fin des années 1970, un nouveau sport fait son apparition en Californie, le klunking, soit l’art de dévaler des montagnes avec de solides vélos de ville modifiés. C’est le début du vélo de montagne.

Chiffre de la semaine

7000

Il y aurait au moins 7000 couples de faucons pèlerins nicheurs en ce moment en Amérique du Nord.