Le plein air, ça fait du bien, c’est bon pour tout le monde. Mais pour bien des femmes, ça peut paraître un monde un peu inaccessible. Diverses organisations, réunies dans le cadre d’un projet appelé La Lancée, cherchent à aplanir les obstacles qui se dressent devant elles.

Parmi ces organisations, on compte la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ), le Réseau plein air Québec et un certain nombre de communautés de plein air, comme les Chèvres de montagne.

« L’idée est de montrer aux femmes que les territoires sont accessibles », déclare l’adjointe au directeur général des établissements touristique à la SEPAQ, Sophie Fournier, dans un texte que l’on trouve sur le site internet de La Lancée. « Le plein air est pour toutes les femmes, même pour celles qui n’ont pas l’air d’avoir grimpé l’Everest. »

Les Chèvres de montagne connaissent bien les facteurs qui peuvent décourager les femmes. Cette communauté de plein air organise un grand nombre d’activités pour les femmes, du vélo de montagne jusqu’à l’escalade de glace, en passant par le canot-camping et le ski hors-piste.

PHOTO ALEXANDRA RACINE, FOURNIE PAR LES CHÈVRES DE MONTAGNE

Le camping est une activité qui demande une certaine expertise. On peut apprendre avec des partenaires plus expérimentés ou dans le cadre d’activités encadrées.

Bâtir un réseau social

Il y a d’abord une question de réseau social.

« Certaines personnes n’ont pas nécessairement évolué avec un groupe d’amis qui avaient les mêmes intérêts, la même envie de commencer certains sports », observe Pascale Vézina Rioux, directrice des Chèvres de montagne.

Or, plusieurs sports de plein air, comme l’escalade, nécessitent des partenaires fiables. Certains, comme le vélo de montagne, sont plus sécuritaires si on les pratique en compagnie d’autres personnes.

« Chaque sport a sa communauté, rappelle Pascale Vézina Rioux. Si tu ne connais personne qui fait partie de cette communauté, c’est intimidant et c’est plus difficile de s’intégrer au sport. »

De son côté, Émilie Richard, codirectrice des Chèvres de montagne, affirme que les femmes et les hommes apprennent différemment. Les femmes ne trouvent donc pas nécessairement leur compte dans ce qui existe en ce moment.

On constate que les filles ont une façon d’apprendre qui se veut par étapes. Elles apprécient le fait d’être encadrées, de se trouver dans une atmosphère sécuritaire.

Émilie Richard, codirectrice des Chèvres de montagne

Pascale Vézina Rioux donne un exemple dans le domaine du vélo de montagne.

« On décortique le mouvement dans chaque détail, on montre les techniques pour le faire, c’est chacun son tour. Tout le monde le fait jusqu’à tant qu’elles réussissent. Les filles se sentent en confiance. »

Le manque de confiance en soi, c’est justement un des grands freins à une plus grande participation des femmes. Il y a beaucoup de connaissances à acquérir pour gagner cette confiance : les techniques spécifiques de l’activité, l’équipement nécessaire, l’entretien de cet équipement, l’orientation, la planification d’une sortie, etc.

« Les gens n’ont pas nécessairement les connaissances nécessaires pendant la première saison, note Pascale Vézina Rioux. Le fait d’être encadré, d’avoir accès à une activité qui montre comment faire son sac, ce qu’il faut apporter dans ta trousse de premiers soins, ce sont des outils qui vont les mettre en confiance et les amener, tranquillement, à devenir plus autonomes. »

Les activités encadrées ont un autre avantage.

« Ça permet aussi de rencontrer des partenaires d’aventure, de se faire un petit réseau social avec qui on peut pratiquer une activité », souligne Émilie Richard.

Pascale Vézina Rioux note toutefois que ce ne sont pas toutes les femmes qui aspirent à devenir pleinement autonomes.

« Il y en a qui aiment une formule encadrée parce qu’elles ont travaillé fort toute la semaine, elles n’ont pas envie de se prendre la tête. Elles se disent : “J’ai une guide experte, j’ai ma bouffe fournie pour trois jours, j’ai mon itinéraire, j’ai juste à préparer mon sac.” »

PHOTO ALEXANDRA RACINE, FOURNIE PAR LES CHÈVRES DE MONTAGNE

Plusieurs femmes apprécient l'apprentissage dans un groupe entièrement féminin.

La question des coûts

Il y a un autre obstacle : les coûts du plein air, une embûche qui ne touche pas que les femmes.

Les Chèvres de montagne et les autres communautés de plein air n’échappent pas à ce problème : leurs activités peuvent être trop chères pour bien des femmes, mais en même temps, il leur faut disposer d’un certain revenu pour rester en activité.

« C’est difficile pour des entreprises de plein air comme la nôtre de traverser le temps et de se payer à travers ça, déclare Pascale Vézina Rioux. On veut démocratiser le sport, mais on ne peut pas facturer toutes nos heures. C’est difficile de savoir ce à quoi on a accès comme aide du gouvernement. »

La Lancée, un projet soutenu par le gouvernement du Québec et géré par l’organisation M361, pourrait justement aider ces communautés de plein air.

« Avec La Lancée, j’ai senti qu’il y avait un intérêt à nous faire connaître, à chercher des outils pour nous aider à perdurer », commente Pascale Vézina Rioux.

La Lancée ne se limite pas qu’aux activités de plein air. Elle touche deux autres secteurs, le sport organisé et l’activité physique en général, avec deux partenaires d’expérience, Fillactive et Égale Action.

« Notre mission, c’est de mobiliser et d’inspirer les intervenants, mais aussi les décideurs des trois secteurs, affirme Marianne Lacharité-Lemieux, conseillère aux stratégies partenariales chez M361. Les dirigeants ont un rôle dans la mise en place de conditions gagnantes pour faire en sorte que les filles et les femmes s’épanouissent dans tous ces secteurs. »

Consultez le site de La Lancée Consultez le site des Chèvres de montagne

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13

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