Le variant Omicron a refroidi les ardeurs de bon nombre d’aventuriers québécois. Ils continuent à planifier de nouvelles expéditions, mais ils le font avec prudence, sachant qu’il pourrait être nécessaire de modifier ou de reporter l’aventure. Et pour mettre toutes les chances de leur côté, ils regardent essentiellement du côté de l’Amérique du Nord.

C’est le cas de Frédéric Dion. Il y a trois ans, il s’est donné l’objectif d’atteindre le « pôle d’inaccessibilité » de chaque continent, soit le point le plus éloigné de tous les océans, à la force humaine. Il y a deux ans, il a ainsi atteint le centre de l’Amérique du Sud avec deux partenaires, Jacob Racine et Daniel Barriault.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE FRÉDÉRIC DION

L’aventurier Frédéric Dion a choisi les États-Unis comme lieu de sa prochaine expédition.

L’été prochain, il vise le centre de l’Amérique du Nord, soit un point au Dakota du Sud, ce qui impliquerait 100 jours d’expédition et 2700 km, principalement en vélo de montagne et en kayak. Il devrait notamment traverser l’Arizona, l’Utah, le Colorado et le Nebraska avec différents équipiers selon les sections.

Périple de 125 jours

De son côté, Martin Trahan planifie de suivre le trajet emprunté par des milliers de chercheurs d’or entre 1896 et 1899 en direction du Klondike, au Yukon. Si les chercheurs d’or ont essentiellement effectué le trajet en bateau à vapeur, à pied et en radeau, Martin Trahan et ses coéquipiers entendent le parcourir en canot. Cela implique une première section de 2200 km le long de la côte entre Olympia, au sud de Seattle, et Skagway, en Alaska, en empruntant le fameux passage intérieur. Puis, les aventuriers devront réaliser un portage infernal de 53 km le long de la Chilkoot Trail, avant de remettre le canot à l’eau pour parcourir 800 km sur le fleuve Yukon jusqu’à Dawson City.

Le périple devrait prendre 125 jours, mais Martin Trahan, qui, en 2018, a traversé les États-Unis en canot, du Pacifique aux Keys, reconnaît que rien n’est joué à ce moment-ci.

PHOTO YAN KACZYNSKI, FOURNIE PAR MARTIN TRAHAN

L’aventurier Martin Trahan espère retracer en canot le trajet des chercheurs d’or du Klondike.

Ce n’est vraiment pas certain que l’expédition aura lieu. Il faudra traverser la frontière USA-Canada quatre fois et avec les mesures COVID-19, en canot, ça risque d’être complexe.

Martin Trahan

« De plus, nos ravitaillements sont prévus dans des villages des Premières Nations. Donc, ça va se clarifier début février. L’équipage reste aussi à finaliser », ajoute-t-il.

Nicolas Roulx, qui a réalisé en 2021 une incroyable traversée du Canada du nord au sud avec Guillaume Moreau et une variété de partenaires, soit 7450 kilomètres en ski, en canot et en vélo (l’expédition AKOR), vient de se blesser lors d’un accident d’escalade. Sa réadaptation sera donc son défi pour l’année.

En 2021, la réalisatrice et aventurière Caroline Côté avait également réalisé tout un exploit en parcourant l’archipel arctique de Svalbard du nord au sud, en ski, en plein hiver, une aventure de 1000 km effectuée en 63 jours. Elle prévoit retourner en région polaire en novembre 2022, mais cette fois-ci, en solitaire, pour une expédition d’un mois et demi « dans le froid ». Comme il reste encore mille choses à régler, elle préfère ne pas dévoiler le lieu exact de l’aventure.

PHOTO FOURNIE PAR CAROLINE CÔTÉ

L’aventurière et réalisatrice Caroline Côté filmera le départ de l’expédition de Ray Zahad en Arctique en plus de planifier sa propre aventure en terre polaire.

Mais ça ne veut pas dire qu’elle restera les bras croisés d’ici là. « En ce moment même, je me prépare à aller filmer l’expédition de mon ami et grand explorateur Ray Zahab, ainsi que son partenaire Kevin Vallely, qui partiront ensemble pour une durée de 40 à 50 jours dans l’Arctique canadien, raconte-t-elle. Cela nécessite beaucoup d’organisation, de matériel et de planification, car je serai seule pour filmer l’entièreté de la première partie de leur trajet. »

Ray Zahab, un ultramarathonien qui réside à Chelsea, en Outaouais, n’a pas encore donné beaucoup de détails au sujet de sa nouvelle expédition. En 2006-2007, il s’était fait connaître en traversant le Sahara au pas de course (un « petit » marathon de 7500 km), mais il a réalisé plusieurs expéditions arctiques depuis.

Projets plus modestes

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE SÉBASTIEN LAPIERRE

Sébastien Lapierre sera de retour sur le maître-sentier innu-montagnais entre Québec et le lac Saint-Jean.

D’autres aventuriers ont des projets plus modestes, mais quand même intéressants. L’année dernière, Sébastien Lapierre (le premier Canadien à rejoindre le pôle Sud en solitaire et en pleine autonomie) a tenté de parcourir le sentier innu-montagnais qui relie Québec au lac Saint-Jean, en compagnie d’Olivier Hubert-Benoit. De mauvaises conditions de piste ont forcé les hommes à abandonner la partie.

« Cette année, je vais continuer de travailler sur mon projet de sentier de longue rando reliant Québec au Saguenay–Lac-Saint-Jean, indique-t-il. J’ai exploré un peu l’été dernier. En été, c’est assez simple vu la grande quantité de sentiers de motoneige qui ne sont pas utilisés pendant cette saison. C’est en hiver que ça se complexifie. J’essaie de trouver une façon de le rendre plus accessible afin de développer un sentier utilisable à l’année. »

Les efforts de Sébastien Lapierre pourraient donc permettre à des randonneurs, un jour, de vivre de grandes expéditions à leur tour.

Suggestion de vidéo

Canot d’hiver en Virginie

Le canot, ça se fait aussi en hiver. Surtout lorsque l’hiver est plus doux qu’au Québec.

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Chiffre de la semaine 

- 1,8 °C

L’eau de mer ne gèle pas à 0 °C, mais à - 1,8 °C en raison de sa salinité. Et encore, elle peut exiger une température encore plus basse en raison des courants.