C’est la première fois que Robert de l’Étoile et sa conjointe, Françoise Michaud, ont l’occasion de visiter le mont Kaaikop, deuxième sommet de la MRC des Laurentides avec une altitude de 838 mètres.

Ils partent de la coopérative de solidarité de plein air L’Interval et montent directement au sommet en suivant un sentier bien balisé (« des balises modernes, en plastique, avec de belles flèches bleues »). Après avoir admiré la vue, ils décident de descendre en empruntant un autre sentier, beaucoup plus long, donc moins achalandé.

C’est alors qu’ils découvrent d’autres types de balises : des fonds de boîtes de conserve en voie de se faire avaler par le tronc des arbres, des balises de couleurs et de formes différentes, datant de diverses époques. « C’est comme si on avait fait un saut dans le continuum spatio-temporel, commente M. de l’Étoile avec humour. Subitement, on s’est retrouvés dans l’ancien temps. »

  • Les premières balises étaient souvent des couvercles de boîtes de conserve.

    PHOTO FOURNIE PAR ROBERT DE L’ÉTOILE

    Les premières balises étaient souvent des couvercles de boîtes de conserve.

  • Deux époques, deux types de balises

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    Deux époques, deux types de balises

  • Les arbres « avalent » les plus vieilles balises.

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    Les arbres « avalent » les plus vieilles balises.

  • Une balise décidément artisanale

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    Une balise décidément artisanale

  • Une très vieille balise de la coopérative L'Interval

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    Une très vieille balise de la coopérative L'Interval

  • Certaines balises ont eu la vie dure…

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    Certaines balises ont eu la vie dure…

  • Une très vieille balise du sentier national, en bois peinturé

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    Une très vieille balise du sentier national, en bois peinturé

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Ces vieilles balises l’ont amené à réfléchir à tous ceux qui ont créé ce sentier, qui l’ont balisé, qui l’ont entretenu au cours des années.

C’est grâce à ces personnes-là qu’on a un certain nombre de réseaux de sentiers dans les Laurentides, et un peu partout au Québec. Ce sont des gens qui ont pris sur eux-mêmes de développer ces choses-là alors qu’il n’y avait rien. Ni les villes, ni les gouvernements, ni les ministères ne faisaient ça.

Robert de l’Étoile

Il a eu envie d’en savoir plus sur eux et a fait sa petite enquête personnelle, dont il donne les résultats dans deux blogues. Il a réussi à parler à certains de ces vétérans, comme Jacques Powell. « Entretenir un sentier, c’est beaucoup d’ouvrage, note M. Powell lors d’une conversation téléphonique avec La Presse. Il faut y retourner aux deux ans, ou aux trois ans au maximum. Il y a la repousse, mais dans une année, il y a également des coups de vent, les arbres tombent. Il ne faut pas négliger un sentier parce que ça se referme très rapidement. »

Il estime que le sentier du mont Kaaikop (alors connu sous le nom de mont Legault) remonte probablement à la fin des années 1940, avec l’ouverture d’une colonie de vacances des Jeunesses ouvrières catholiques sur le bord du lac Legault.

« Les gens qui étaient là ont probablement commencé à monter au sommet, explique M. Powell. Au milieu des années 1950, Charles Srkal a tracé le sentier à partir de la route 329. Je me rappelle que les premières années que je skiais là, au début des années 1970, il n’y avait pas de signalisation, sauf des rubans à gauche et à droite. Il n’y avait pas de pont pour travers la décharge du lac Legault : on passait avec nos skis en faisant très attention de ne pas se ramasser dans la décharge. »

Effectivement, beaucoup de sentiers de randonnée d’aujourd’hui étaient d’abord et avant tout des sentiers de ski nordique. Certains le sont encore : en hiver, il ne faut pas s’y aventurer en raquettes ou en bottes. « Les raquettes gâchent les sentiers de ski ou à pied, observe M. Powell. S’il ne neige pas, on peut être deux ou trois semaines sans pouvoir y aller. »

Lutte contre les coupes de bois

Une autre source d’inquiétude pour lui et pour bien des randonneurs : les coupes de bois. « Le mont Legault, c’est très convoité par l’industrie forestière, soupire-t-il. Il y a eu une première grosse coupe dans les années 1990. En l’espace d’un été, il y a eu trois chemins forestiers qui ont été ouverts. »

Cela fait des années que des amoureux du mont Kaaikop se débattent pour protéger le massif.

Il y a deux ans, la Coalition pour la préservation du mont Kaaikop a rendu publique une étude qui concluait que d’un point de vue économique, il était plus avantageux de préserver le territoire que d’y effectuer des coupes de bois, notamment grâce aux retombées récréotouristiques.

En décembre dernier, la coalition a rencontré des représentants des ministères des Forêts, de l’Énergie et de l’Environnement pour leur proposer une solution de compromis, soit une aire protégée de 40 km2.

« On l’a séparée en trois secteurs : le corridor nord, le massif Kaaikop et le corridor sud, qui représente 17 des 40 km2, raconte le président de la coalition, Claude Samson. Le corridor sud pourrait tomber dans une catégorie dans laquelle il pourrait y avoir des prélèvements de ressources, mais très encadrés. »

Des représentants gouvernementaux trouvaient l’idée intéressante, mais ça n’a pas été suffisant.

À peine quelques semaines après la rencontre, le gouvernement du Québec a présenté les territoires retenus pour atteindre sa cible de 17 % d’aires protégées dans la province. Il s’agissait essentiellement de territoires situés dans le nord du Québec, dans des régions isolées, ou encore dans des secteurs qui avaient déjà fait l’objet de coupes, comme dans le parc régional de la Forêt-Ouareau.

M. Samson refuse de se laisser décourager. « Il n’y a pas de coupes planifiées au mont Kaaikop pour les deux prochaines années. »

> Consultez le blogue Derrière l’horizon

Suggestion de vidéo : À vélo sur une étroite passerelle

Avec cette vidéo, Dave Herr était finaliste au concours de la plus belle descente GoPro en 2020. On comprend pourquoi.

> Voyez la vidéo au complet

Chiffre de la semaine : 800

C’est le nombre de kilomètres du réseau de parcours canotables et balisés de la réserve faunique La Vérendrye. Il y a de quoi s’amuser.