Un oiseau pousse un dernier chant sonore avant la tombée de la nuit. Des vaguelettes se font doucement entendre sur le bord du lac. Tout est tranquille. Jusqu’à ce que, crouch crouch, le campeur de la tente voisine se retourne sur son matelas. Il fait pourtant attention, mais crouch crouch, ce matelas est terriblement bruyant. Un mouvement, crouch crouch, et voilà que la sérénité de la soirée s’évanouit.

La technologie des matelas a beaucoup évolué au cours des dernières années. On trouve maintenant des matelas beaucoup plus légers qu’avant, plus compacts, plus isolants. Malheureusement, ces nouvelles technologies ont entraîné de nouveaux désagréments, dont le bruit, une plus grande fragilité et des surfaces plus glissantes.

« Si ça fait du bruit, c’est probablement à cause de l’isolant, déclare Adrien Solignac, gestionnaire de la section du camping au magasin La Cordée de la rue Sainte-Catherine. La première chose qu’on a envisagée, c’est de mettre de petites feuilles d’aluminium à l’intérieur des matelas gonflables. Ça a marqué les gens : ça fait tellement de bruit que c’est insupportable dès qu’on bouge. »

C’est le fameux matelas que de nombreux campeurs ont qualifié de « sac de chips » (le premier de la collection NeoAir de Therm-a-Rest).

Certains fabricants de matelas ont reconnu le problème et ont commencé à chercher des options de rechange en fait d’isolation pour les matelas ultralégers. Nemo a notamment inséré une feuille d’aluminium qui demeure au centre du matelas lorsque celui-ci est gonflé. Il serait donc moins bruyant.

L’isolation est une caractéristique importante que beaucoup de campeurs recherchent, indique M. Solignac.

« Surtout au Québec, les nuits sont fraîches, même s’il fait chaud pendant la journée, rappelle-t-il. Il y a beaucoup de frais qui remonte du sol, ça peut devenir problématique. »

Il arrive que des matelas non isolés soient également bruyants. « C’est que les manufacturiers ont choisi un revêtement qui fait du bruit », affirme M. Solignac.

Avant d’acheter un matelas, il est donc judicieux d’aller en magasin pour triturer les différents modèles et décider si le degré de décibels est acceptable ou non.

Les matelas gonflables ultralégers sont aussi reconnus pour être plus fragiles que les matelas autogonflants (comme le classique ProLite de Therm-a-Rest). « C’est une réalité, reconnaît M. Solignac. C’est comme pour les sacs de couchage : c’est l’épaisseur du tissu extérieur qui va faire toute la différence : plus le tissu est fin, plus le matelas sera compact. »

  • NeoAir Uberlite de Therm-a-Rest. 259,95 $. Plusieurs jugent bruyant ce matelas gonflable extrêmement léger et compact.

    PHOTO FOURNIE PAR LA CORDÉE

    NeoAir Uberlite de Therm-a-Rest. 259,95 $. Plusieurs jugent bruyant ce matelas gonflable extrêmement léger et compact.

  • ProLite Plus de Therm-a-Rest. 139,95 $. Un exemple de matelas autogonflant : un peu plus lourd que les matelas gonflables ultralégers mais plus résistant.

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    ProLite Plus de Therm-a-Rest. 139,95 $. Un exemple de matelas autogonflant : un peu plus lourd que les matelas gonflables ultralégers mais plus résistant.

  • Tensor Alpine Ultralight de Nemo. 319,99 $. Nemo affirme que ce matelas ultraléger pour l’alpinisme est moins bruyant que d’autres matelas isolés en raison de feuilles d’aluminium en suspension dans le matelas.

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    Tensor Alpine Ultralight de Nemo. 319,99 $. Nemo affirme que ce matelas ultraléger pour l’alpinisme est moins bruyant que d’autres matelas isolés en raison de feuilles d’aluminium en suspension dans le matelas.

  • Ridgerest Solite de Therm-a-Rest. 39,95 $. C’est un matelas de mousse à alvéoles fermées : pas très confortable mais léger et peu dispendieux.

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    Ridgerest Solite de Therm-a-Rest. 39,95 $. C’est un matelas de mousse à alvéoles fermées : pas très confortable mais léger et peu dispendieux.

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Il sera aussi plus fragile. « Personnellement, je balaie le sol de ma tente avant de mettre le matelas. » Une petite trousse de réparation est évidemment indispensable.

L’autre critique qui revient souvent lorsqu’on parle de matelas ultralégers, c’est le caractère glissant de la surface : on bouge pendant la nuit et hop, on se réveille, inconfortable, à côté du matelas.

Encore là, les fabricants ont tenté de minimiser le problème, notamment en concevant des boudins dans le sens de la longueur du matelas.

Le problème, c’est que quand on s’allonge, les bords se replient sur nous. On ne va pas tomber… mais on va se sentir comme un taco. Ce n’est pas confortable.

Adrien Solignac, du magasin La Cordée de la rue Sainte-Catherine

On propose des configurations différentes, comme des boudins dans le sens de la largeur ou des coussinets.

D’autres fabricants, comme Big Agnes, offrent des matelas de différentes largeurs : ceux qui ne veulent pas glisser à côté peuvent choisir un matelas plus large. Évidemment, il sera un peu plus lourd et un peu plus volumineux.

Il faut d’ailleurs déterminer si le poids et le volume sont importants au point de faire de sérieux compromis sur d’autres aspects, comme la robustesse et le confort. « Le bruit, c’est une question de confort », rappelle Adrien Solignac.

En outre, les modèles ultralégers sont souvent plus chers que les matelas plus lourds et plus volumineux.

Quelqu’un qui transporte tout sur son dos pendant de longues distances sera prêt à payer plus cher et à réduire quelque peu son niveau de confort pour minimiser les kilos. Mais quelqu’un qui campe à proximité de sa voiture peut se permettre un bon gros matelas bien confortable, et ce, à moindre coût.

Les matelas autogonflants constituent un bon compromis entre les ultralégers et les mégamatelas : solides, silencieux, pas trop chers.

Il faut aussi déterminer le degré d’isolation qui sera nécessaire : est-ce qu’on veut camper du printemps à l’automne, ou même en hiver, ou juste en plein cœur de l’été ?

Les matelas sont dotés d’une cote R (comme dans le domaine de la construction) pour refléter leur degré d’isolation. Plus la cote R est élevée, plus le matelas est isolant.

On peut augmenter la chaleur d’un matelas peu isolé en le combinant avec un matelas en mousse à alvéoles fermées, comme le RidgeRest ou le Z-Lite de Therm-a-Rest : ils sont légers, peu coûteux et très durables. Lorsqu’ils sont utilisés seuls, le confort peut être quelque peu spartiate. Mais au moins, il n’y a pas de crouch crouch.

Le chiffre de la semaine : 3188

C’est le nombre d’espèces de champignons (macrochampignons et myxomycètes) identifiées jusqu’ici au Québec.

D’un sommet à l’autre

L’alpiniste suisse Nicolas Hojac a parcouru les 18 sommets de plus de 400 m du fameux « Spaghetti Tour », dans les Alpes italiennes, en moins de 14 h.

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