Les chances d’attraper la COVID-19 en pratiquant un sport de montagne, qu’il s’agisse d’alpinisme, d’escalade, de ski ou de randonnée, seraient très minces. Par contre, elles sont beaucoup plus élevées lorsqu’on parle de ce qui entoure l’activité proprement dite : le transport en commun, le covoiturage, la montée en gondole ou le repos en refuge. Il y a toutefois moyen de limiter les risques.

C’est la conclusion à laquelle sont arrivés les auteurs d’une étude intitulée « SARS-CoV-2, COVID-19 et sports de montagne : risques spécifiques, leur atténuation et recommandations aux décideurs ».

Le principal auteur, Henning Wackerhage, est un alpiniste et un professeur à l’Université technique de Munich. Il a réalisé l’étude avec l’aide de guides de montagne associés à la même université, d’alpinistes écossais et d’un professeur de l’Université de Colombie-Britannique, Eric Carter, également skieur de haute route.

Les auteurs font toutefois une mise en garde : l’étude n’a pas encore été publiée dans une revue scientifique reconnue et elle n’a pas encore été évaluée par des pairs.

« Nous la faisons circuler dès maintenant en raison du caractère immédiat de la situation et pour a) aider les alpinistes et, espérons-le, les politiciens, à développer des concepts et b) recevoir des commentaires de la part des diverses parties prenantes », expliquent les auteurs.

À leur connaissance, il s’agit de la première étude qui aborde le sujet de la COVID-19 et des sports de montagne, ce qui motive leur désir de faire connaître ses conclusions alors que la deuxième vague de la pandémie frappe l’Europe et l’Amérique de plein fouet.

En règle générale, il y a très peu de risques de transmission de la COVID-19 en plein air : il est plus facile de respecter la distanciation physique, les aéorosols se dispersent rapidement, et le virus perd de sa vigueur en séchant et en subissant les effets des rayons ultraviolets. Ainsi, les aérosols perdent 90 % de leur infectivité après six minutes au soleil, ce qui est 20 fois plus rapide que dans l’obscurité.

L’effet en montagne devrait être encore plus rapide parce que le rayonnement ultraviolet augmente avec l’altitude, écrivent les auteurs. Le risque d’une infection au cours d’un sport de montagne est probablement petit.

Les auteurs de l’étude

Les auteurs ont essayé d’identifier des exemples de transmission pour n’en trouver que deux. Et encore, ils n’ont pas eu lieu en plein air. Dans un cas, une randonneuse a contracté la COVID-19 dans un hébergement privé à l’occasion d’un long trek dans le Tyrol. Sa camarade de randonnée n’a pas été infectée.

Dans l’autre cas, il y a eu une sérieuse éclosion à la station de ski d’Ischgl, en Autriche.

« Il semble que ce n’était pas le ski lui-même, mais les activités d’après-ski, les hôtels et le voyagement qui ont été responsables de la majorité des infections liées au ski au printemps 2020 », écrivent les auteurs de l’étude.

Ils recommandent d’évaluer la situation générale avant de planifier une activité en montagne. Pas question de faire une grande expédition d’alpinisme si les risques d’infection sont élevés dans la région ou si les communautés locales sont opposées à une telle aventure.

Il faudrait alors privilégier les activités d’une journée, qui n’impliquent pas un coucher dans un refuge, et éviter les risques inutiles. Donc, choisir un moment où la météo est favorable, où les risques d’avalanche sont très peu élevés et faire une activité qui ne demande pas d’outrepasser ses limites en fait d’habileté.

Même quand les risques sont moins élevés, les auteurs recommandent un certain nombre de mesures d’atténuation, à commencer par les mesures habituelles : se laver les mains fréquemment, conserver une distance de deux mètres, porter un masque s’il est difficile de conserver cette distance. On pense notamment aux grimpeurs qui doivent partager un espace réduit à un relais lors d’une ascension en multi-longueurs.

S’il faut faire du covoiturage, on recommande un maximum de deux personnes dans la voiture, toutes deux assises en avant, masquées. On suggère de faire fonctionner la ventilation et de laisser entrouvertes les fenêtres d’en arrière pour permettre à l’air de s’échapper.

Les auteurs recommandent aussi de parler doucement, sans se faire face.

Si la simple randonnée en montagne n’est pas très risquée, l’escalade et la via ferrata peuvent être problématiques parce que les grimpeurs touchent les mêmes prises et le même équipement. On recommande l’usage de gel désinfectant, mais on reconnaît qu’il n’est pas souhaitable de désinfecter l’équipement lui-même, comme les cordes, les sangles et les harnais : les manufacturiers déconseillent certains produits qui pourraient compromettre la performance (et même la sécurité) de l’équipement. Les auteurs de l’étude recommandent de tout simplement laver l’équipement dans un grand volume d’eau tiède et de le faire sécher à l’air libre. Cela devrait diluer de façon importante tout virus qui aurait été déposé sur l’équipement.

Les auteurs reconnaissent qu’il n’y a eu aucune étude sur la viabilité du virus sur les prises et autres surfaces. On sait que le SARS-CoV-2 peut subsister neuf jours sur des surfaces en laboratoire. Or, en montagne, exposé au vent et au rayonnement ultraviolet, le virus sèche rapidement.

Ils rappellent que les facteurs de risque dépendent souvent de la personne elle-même et des choix qu’elle fait. Une personne qui vit dans une grande ville, qui a des contacts sociaux fréquents et qui n’adhère pas toujours aux règles de distanciation présente un risque d’infection plus élevé que celle qui vit dans une petite communauté, qui travaille à la maison et qui respecte scrupuleusement les règles. On sait qui choisir comme partenaire pour une petite virée en montagne.

> Consultez l’étude (en anglais)

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Pour terminer la voie de canyoning du canyon Gorgette et Craponoz, près de Grenoble, il faut faire un rappel de 120 mètres. C’est vertigineux.

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