(Mont-Tremblant) Si Valérie Grenier a retenu toute l’attention en raison de ses performances et de l’affection locale, une autre Canadienne a été capable de sortir de l’ombre en fin de semaine, à Mont-Tremblant.

Avant de débarquer dans les Laurentides pour la présentation de deux slaloms géants, Cassidy Gray avait réussi seulement deux fois à terminer deux manches.

La première fois, au slalom géant de Kranjska Gora, en janvier 2021, où elle avait terminé 26e. Puis, en mars 2021, elle avait pris le 27rang à Jasna.

Depuis, l’athlète de 22 ans tente de trouver ses repères, mais surtout de s’habituer au rythme et au calibre du circuit de la Coupe du monde.

Les conditions de la première manche auront été les plus belles de tout le week-end. La neige était compacte et dure, tandis que la visibilité était très bonne. Gray a skié sans reproche lors de sa première descente. Elle a terminé au 23rang provisoire.

Cependant, les conditions ont changé du tout au tout entre les deux manches. Comme si dame Nature voulait offrir un défi supplémentaire aux skieuses. La neige s’est mise à tomber. De gros flocons directement sortis de l’usine. Pour en ajouter, le vent était suffisamment fort pour qu’on se mette à douter de l’espérance de vie de la structure gonflable installée au-dessus de la ligne d’arrivée.

« C’est comme dans l’Ouest, il neige toujours là-bas, donc c’est un peu comme la maison », a expliqué l’athlète de la Colombie-Britannique en souriant au terme de sa deuxième manche. Descente pendant laquelle elle s’est accroché les pieds dans le troisième secteur. Elle a aussi été victime d’une légère hésitation à l’entrée de la dernière pente menant au fil d’arrivée. Suffisamment pour enlever de précieux dixièmes de seconde à son temps final.

Gray a finalement pris la 24position, exactement comme la veille. « C’est vraiment spécial, ça me donne beaucoup de confiance et je sais que je peux faire encore mieux que ça. Donc j’ai hâte de voir ce qu’il va arriver pendant la saison », a-t-elle expliqué dans la langue de Vigneault.

Autre chute pour Bennett

Sarah Bennett était sans doute le meilleur espoir québécois de la journée. Lorsqu’elle est sortie des blocs, la foule était en liesse.

Les réjouissances se sont toutefois arrêtées de manière assez prompte, puisqu’en milieu de parcours, la skieuse de Stoneham a chuté. Le plus dur n’était pas nécessairement de la voir glisser en plein centre de la piste, mais plutôt de croiser le regard d’une jeune skieuse qui aurait aimé faire mieux devant les siens.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Sarah Bennett

Bennett avait également fait une chute la veille. Elle est la seule représentante canadienne à ne jamais avoir franchi la ligne d’arrivée.

« J’ai retrouvé le ski que j’avais à l’entraînement et pour moi, c’est ça qui fait du bien. Enfin, j’ai eu une section où je me suis sentie bien », a-t-elle dit en tentant de retenir ses larmes.

J’ai commis des erreurs, c’est normal, mais je me suis sentie moi-même pendant cette épreuve-là.

Sarah Bennett

Ainsi, la Québécoise de 22 ans a tout de même été en mesure de trouver du positif malgré ses deux contre-performances. « J’étais confiante, j’y allais, je cherchais le virage, c’est moi qui conduisais mes skis super bien. »

Mais, comme elle l’a rappelé, les chutes font « partie du jeu ».

Sa coéquipière Britt Richardson a elle aussi terminé sa journée sur le fessier. Dans son cas, toutefois, la fin a été cruelle, car elle était à quatre portes de se qualifier pour la deuxième manche. Son temps aurait été suffisant, mais elle s’est enfourchée dans l’intérieur d’une porte.

« Je ne suis pas certaine de ce qui est arrivé. Quand je skie, j’oublie tout au fur et à mesure. Je me souviens seulement d’avoir pris une bosse et je suis partie sur le dos tellement près de la ligne d’arrivée », a-t-elle tenté de préciser.

Quinzième la veille, la skieuse de 20 ans croit cependant que « le niveau y était dans les zones du haut », pourtant la portion la plus complexe du parcours. De là la déception d’avoir ruiné sa course à la toute fin.

Deux Québécoises fières d’elles

Comme samedi, les deux Justine ont été en mesure de saluer parents et amis dans la zone de ralentissement à la fin du parcours.

Idem à la veille, Lamontagne a fermé le classement, en 53position. Mais le simple fait d’avoir terminé la course sur ses deux skis était suffisant pour la skieuse de 21 ans.

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS, FOURNIE PAR REUTERS CON

Justine Lamontagne

« Aujourd’hui, il y a des filles qui sortaient, il y avait des places un peu plus tricky. Je suis contente d’être là, et c’est sûr que c’est spécial de franchir la ligne d’arrivée. Je suis très contente. »

Et après avoir compétitionné à Levi et à Killington, l’expérience acquise depuis un mois est non négligeable. « Ce sont les pistes les plus difficiles qu’on peut avoir. Il y a les surfaces, on part d’un peu plus loin, le parcours est un peu plus difficile, donc c’est tout ça. »

Sa compatriote Justine Clément a terminé trois rangs devant. « Je pense que j’ai été un peu plus satisfaite du ski que j’ai fait par rapport à hier. Les conditions étaient vraiment meilleures. Je suis satisfaite de ce que j’ai fait avec l’entraînement que j’avais. »

En effet, l’athlète de 24 ans s’était entraînée seulement huit jours avant le début de la compétition, incertaine d’avoir un billet pour l’évènement. « Le fait d’avoir 40-50 jours de ski avant d’arriver en Coupe du monde, ça fait une grosse différence. J’en ai huit dans le corps et j’ai fait ce que j’ai pu avec ce que j’avais. »

Finalement, Clément aura terminé sa descente un peu plus de quatre secondes derrière la gagnante de la première manche, Petra Vlhová. « Quatre secondes, c’est beaucoup dans notre sport, mais c’est juste quatre secondes. Je pensais que ça allait être beaucoup plus. »

Au moins, Clément est fière d’avoir profité de l’expérience et de la présence des siens au bas de la pente. Dans la dernière cassure, elle a été en mesure de ressentir toute la charge d’amour. « J’entendais la foule et je me suis dit : ‟Oh my God, on est ici”. »

Mais hors de question pour l’étudiante à l’Université du Vermont de célébrer ce magnifique week-end avec les siens : « Je pars ce soir, j’ai de l’école demain », a-t-elle conclu en riant.