(Beaupré) Audrey McManiman a vécu une journée aux antipodes de celle de son compatriote Eliot Grondin.

Meneuse des qualifications comme lui, la planchiste de Saint-Ambroise-de-Kildare a chuté dès le troisième virage des quarts de finale de la Coupe du monde de snowboardcross du Mont-Sainte-Anne, où Grondin a triomphé chez les hommes samedi après-midi.

À sa grande surprise, elle a même reçu un carton jaune après l’incident, alors que si une faute devait être attribuée, c’est probablement la Française Manon Petit Lenoir qui l’aurait méritée.

J’ai été surprise d’avoir un carton jaune et Manon aussi. Mais bon, c’est le sport, ça reste un sport de contact. Ce n’est pas moi qui décide. Ce sont les juges.

Audrey McManiman, quelques minutes après la course

La Québécoise de 28 ans, qui n’avait jamais fait l’objet d’un tel avertissement, a accepté sa part de blâme, expliquant qu’elle avait « manqué de rythme » dans les rouleaux avant le troisième virage, ce qui l’a déséquilibrée à l’atterrissage. Ensuite, elle n’a pu esquiver la Française qu’elle tentait de déborder à l’extérieur.

« Manon est venue devant moi et je n’ai pas pu l’éviter », a souligné celle qui a hérité du 16e et dernier rang du tableau éliminatoire. « La neige était quand même un peu molle aussi. Ce n’est pas plus ma faute que la sienne. Ce sont les circonstances qui l’ont voulu ainsi. »

McManiman s’est assurée que son adversaire n’était pas blessée avant de repartir et de franchir la ligne d’arrivée en troisième place, longtemps après les deux premières qui ont accédé aux demi-finales.

Auteure du meilleur temps des qualifications pour la première fois de sa carrière, elle aurait évidemment souhaité poursuivre sur sa lancée des dernières semaines, où elle a atteint une finale et deux petites finales.

« Ne pas passer les quarts de finale, c’est vraiment dommage pour moi. Je suis un peu déçue de ma performance ce matin. Il reste demain [dimanche]. Je ne suis pas stressée. Ce sera une meilleure journée. »

Son entraîneuse, Maëlle Ricker, lui a rappelé que sa vitesse de vendredi n’avait pas disparu.

« Ce n’est pas la fin du monde, c’est ça l’affaire », a philosophé celle qui a raté deux mois cette saison en raison d’une commotion cérébrale.

Avant de commencer ma journée ce matin, j’acceptais toute éventualité. C’est le snowboardcross, tout peut arriver. Oui, j’aurais voulu être en grande finale ou en petite finale. Mais bon, c’est le sport.

Audrey McManiman

La Britannique Charlotte Bankes est revenue de l’arrière en finale pour souffler la victoire à la Française Chloé Trespeuch, vice-championne olympique. L’Américaine Lindsey Jacobellis, médaillée d’or aux JO de Pékin, a complété le podium, le 59e de sa brillante carrière.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Charlotte Bankes, au centre, célèbre sa remontée après avoir traversé la ligne d’arrivée devant Chloé Trespeuch et Faye Gulini.

Bankes a eu besoin de la structure gonflable bordant l’aire d’arrivée pour stopper sa course. La planchiste de 27 ans a accueilli son sixième succès consécutif en Coupe du monde avec des pleurs.

« Ça a été une dure bataille », a confié la championne mondiale de 2021, qui a représenté la France au début de sa carrière. « Cette finale était assez folle. J’ai raté mon départ et je me suis concentrée à générer de la vitesse pour revenir. On aurait pu toutes nous retrouver au sol. À partir de là, il fallait tout donner jusqu’au fil. La lutte avec les autres filles est serrée. Je ne pensais pas réussir à gagner encore. »

Même si son avance de 88 points sur Trespeuch paraît insurmontable – une victoire vaut 100 points –, Bankes a assuré que « rien n’était fait » dans la course au Globe de cristal du classement de la saison qui sera décerné après la dernière épreuve de l’hiver, dimanche.