Vendredi, l’Américain de 18 ans Jordan Stolz devenait le plus jeune patineur de l’histoire à remporter une épreuve individuelle aux Championnats du monde de patinage de vitesse sur longue piste.

Ce fait d’armes lui permettait d’écrire son nom dans le livre d’histoire du patinage de vitesse. Cependant, au fur et à mesure que les Mondiaux disputés aux Pays-Bas progressaient, une chose devenait évidente : son nom sera bientôt tapissé partout dans ledit livre d’histoire.

Après son triomphe à l’épreuve du 500 m aux dépens du Québécois Laurent Dubreuil, Stolz a récidivé en remportant le 1000 m samedi et a naturellement enchaîné avec une victoire au 1500 m dimanche.

Un tour de force, vous avez dit ?

Il est devenu le premier patineur masculin à remporter trois courses individuelles lors des mêmes Mondiaux. Rappelons-le, à 18 ans.

Tout au long des Mondiaux, le natif du Wisconsin a attaqué les virages avec une vitesse surréelle – il maintenait un rythme au-delà de 60 km/h –, le tout avec une facilité désarmante.

PHOTO PETER DEJONG, ASSOCIATED PRESS

Jordan Stolz

Vendredi, après la première victoire de Stolz, Dubreuil était déjà prêt à céder son titre de favori et de meilleur patineur au monde sur 500 m à son jeune rival. Il en a fait l’apologie toute la fin de semaine.

« Les temps qu’il fait sont sortis du futur. Il n’a même pas besoin de s’améliorer pour dominer le circuit pendant 10 ans. Mais s’il s’améliore, c’est fini, c’est la fin de la chasse aux médailles d’or. C’est aussi simple que ça. C’est absolument incroyable », a déclaré le patineur de Lévis après la course de samedi.

Étriller le circuit senior, mais également le junior

Ah oui. Stolz a également pris part aux Mondiaux juniors cette année, car il est toujours admissible.

Le résultat, vous demandez ? Médaille d’or au 500 m, au 1000 m, au 1500 m et au sprint par équipe. Il a aussi mis la main sur la médaille de bronze au 5000 m et au départ groupé.

Il n’est que le deuxième patineur masculin de l’histoire à remporter des titres mondiaux junior et senior au cours de la même saison, rejoignant ainsi le légendaire Eric Heiden (1977 et 1978).

Dubreuil ne s’est pas gêné pour faire le parallèle entre Stolz et celui qui a remporté cinq médailles d’or aux Jeux olympiques de Lake Placid en 1980.

« C’est totalement mérité comme comparaison, a-t-il affirmé. Il est de cette trempe-là comme athlète. Ce qu’il fait est incroyable. »

Il a toutefois précisé qu’il ne croit pas que le prodige américain pourra s’imposer sur le 5000 m et le 10 000 m chez les seniors, puisque nous sommes maintenant à « une époque où les athlètes se spécialisent sur les distances de sprint ou les longues distances ».

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Jordan Stolz, des États-Unis, à gauche, célèbre avec le Canadien Laurent Dubreuil, deuxième, après avoir remporté l’épreuve du 500 m hommes des Championnats du monde.

Il fait tout ça à un âge où la plupart des patineurs seraient contents de finir 27e du groupe B. C’est inimaginable, à quel point il est bon. Je ne sais pas à quel point c’est motivant parce que, honnêtement, s’il devient juste un peu meilleur, il va atteindre des niveaux de performance qu’on ne pourra même pas accoter. Personne.

Laurent Dubreuil

Il n’y a pas que Dubreuil qui est en extase devant l’Américain. Son compatriote Antoine Gélinas-Beaulieu a abondé dans le même sens.

« Ce que Jordan a réussi à faire en fin de semaine, c’est phénoménal. On ne reverra probablement plus jamais ça. Il va falloir retourner sur les bancs d’école cet été pour essayer de comprendre ce qu’il fait pour être aussi bon », a-t-il lancé en riant à Sportcom après l’épreuve de dimanche.

Alors, s’il peut effectivement s’améliorer, les Mondiaux des Pays-Bas auront été non seulement le baptême du feu pour Stolz, mais déjà le moment de la consécration. Dubreuil a déjà affirmé à l’Américain que lorsqu’il aura 60 ans, il dira à « ses petits-enfants qu’il a patiné contre lui ».

Ne reste plus qu’à le réécrire, ce fameux livre d’histoire.