« Je vous avertis tout de suite, Rose va être avec moi ! », a lancé Laurent Dubreuil en ouvrant sa caméra pour la dernière conférence de presse de sa saison, samedi après-midi, en direct des Pays-Bas. À son côté, la fillette de 3 ans tentait de voir ce qui se passait sur le cellulaire de son papa.

C’est donc entouré des siens – sa conjointe, ses deux enfants, ses parents, son frère et sa sœur – que Dubreuil célèbre la fin de l’une de ses « meilleures saisons en carrière ». Celle-ci se terminait par les Championnats du monde, à Heerenveen, où il a récolté deux médailles : l’argent au 500 mètres et l’or au sprint masculin.

Le natif de Québec n’a pu réussir un troisième podium à sa toute dernière course, le 1000 mètres, samedi matin. Il a pris le 11rang avec un temps de 1 min 08,90 s. Mais ce résultat a peu d’importance ; Dubreuil savait déjà la veille que sa performance serait affectée par la fatigue, un manque d’énergie et un rhume qu’il traîne depuis quelques jours.

« Sans le rhume, j’aurais peut-être fini un, deux ou trois rangs plus haut. Mais ça n’aurait pas été assez pour revenir à mon niveau de cet automne », a-t-il fait savoir dans sa bonhomie habituelle.

J’ai juste perdu un petit peu de forme physique au fil de la saison, pour x raisons. On va essayer de trouver une façon d’y remédier ou d’analyser ça pour comprendre ce qui s’est passé. Mais je n’avais juste pas les jambes pour répéter les bonnes courses au 1000 mètres que j’ai faites en novembre et en décembre.

Laurent Dubreuil

Comme la veille lors du 500 mètres, c’est le jeune prodige de 18 ans Jordan Stolz qui a arraché l’or avec une course sensationnelle complétée en 1 min 07,11 s. Il est devenu le plus jeune champion du monde de l’histoire dans cette épreuve. Pour la deuxième journée de suite, Dubreuil fait l’éloge senti du jeune Américain.

« Les temps qu’il fait sont sortis du futur. Il n’a même pas besoin de s’améliorer pour dominer le circuit pendant 10 ans. Mais s’il s’améliore, c’est fini, c’est la fin de la chasse aux médailles d’or. C’est aussi simple que ça. C’est absolument incroyable », a-t-il lancé avant de prédire un triplé en or à Stolz dimanche, au 1500 mètres.

Il fait tout ça à un âge où la plupart des patineurs seraient contents de finir 27e du groupe B. C’est inimaginable, à quel point il est bon. Je ne sais pas à quel point c’est motivant parce que, honnêtement, s’il devient juste un peu meilleur, il va atteindre des niveaux de performances qu’on ne pourra même pas accoter. Personne.

Laurent Dubreuil

L’argent est allé au Néerlandais Thomas Krol et le bronze, au Britannique Cornelius Kersten. L’autre Québécois qui prenait part à la course, Antoine Gélinas-Beaulieu, a réussi le meilleur temps canadien, un temps de 1 min 08,73 s, qui lui a valu la 7place.

Ces moments familiaux

Avant la compétition, Laurent Dubreuil avait souhaité à sa famille de bons championnats, quels que soient ses résultats. Finalement, les Dubreuil ont eu droit au meilleur des deux mondes : ils ont pu profiter de l’ambiance survoltée des Mondiaux aux Pays-Bas et voir leur patineur préféré remporter deux médailles.

Ce sont vraiment des moments privilégiés pour nous tous. En plus, j’ai eu de bons championnats. […] Avec les médailles que j’ai gagnées, je pense que ce seront des souvenirs parmi les plus forts qu’on aura partagés.

Laurent Dubreuil

Si, par le passé, la présence de ses parents dans les gradins lui causait parfois un peu de stress, c’est tout le contraire maintenant.

« J’ai réalisé qu’ils pourraient très bien faire le voyage même si je ne patine pas. […] J’ai réalisé qu’ils étaient là parce qu’ils aimaient le patin. Ça m’a permis de me concentrer sur mes propres courses et de bien faire ça. »

Laurent Dubreuil termine donc une saison remarquable durant laquelle il a aussi récolté sept médailles en Coupe du monde. « J’ai accompli de vraiment bonnes choses cette année encore, a-t-il dit. […] Je suis vraiment satisfait. »

Maintenant, le patineur a mis la « switch à off ». Il regardera la dernière journée de ces Mondiaux du haut des estrades, dimanche, en tant que « fan de patin ». Puis, la famille prendra la route vers la Belgique pour quelques jours de vacances. Dubreuil, sa femme et leurs deux enfants s’envoleront ensuite pour Malte. « Ça va faire du bien de passer du temps en famille », dit-il.

Blondin vice-championne au départ groupé

PHOTO PIROSCHKA VAN DE WOUW, REUTERS

Ivanie Blondin

L’Ontarienne Ivanie Blondin a défendu son titre de vice-championne du monde du départ groupé, samedi midi. Au sprint final, Blondin a quitté la cinquième place pour doubler les trois patineuses devant elle. Elle a devancé la Néerlandaise Irene Schouten, médaillée de bronze, par 18 centièmes.

Loin devant tout ce beau monde, il y avait l’autre Néerlandaise Marijke Groenewoud. L’athlète de 24 ans a offert une performance grandiose à la maison, devant une foule hallucinante. Au 5e des 16 tours, Groenewoud s’est offert une sérieuse avance sur le peloton. Avance qu’elle n’a fait que creuser jusqu’à la fin. Au point qu’elle a pu célébrer sa victoire seule pendant 15 longues secondes avant que le reste du peloton ne traverse la ligne d’arrivée.

« J’ai commis une erreur en pensant que Marijke n’attaquerait pas tout de suite et la partie était pas mal terminée à partir de ce moment-là, a expliqué Blondin par voie de communiqué. C’est dommage parce que je pense que j’aurais pu remporter le titre si je n’avais pas laissé ça se produire. »

La Québécoise Valérie Maltais a conclu au 8rang.

« Je suis vraiment reconnaissante pour l’aide que Val m’a donnée pendant la course, a dit Blondin. Elle m’a permis de respirer un peu et d’être plutôt calme pour que je puisse me concentrer à aller chercher la deuxième place aujourd’hui. »

Cette médaille est la troisième de Blondin, cette semaine, et sa sixième dans cette épreuve en Championnats du monde.