Mikaël Kingsbury a été couronné champion du monde de ski de bosses, samedi matin. Pour la septième fois en carrière, la quatrième en simple.

« Je me suis levé du bon pied », a lancé Mikaël Kingsbury en conférence de presse, une heure et demie après sa victoire. C’est le moins qu’on puisse dire…

Encore une fois, la fierté de Deux-Montagnes a fait de l’art sur neige. Lunettes rouges au visage, maillot jaune sur le dos, « petits papillons » au ventre, Kingsbury a splendidement dévalé la pente de Bakuriani, en Géorgie, pour défendre encore une fois son titre de champion du monde. Il s’agit de son septième sacre en carrière, le quatrième en simple.

En apercevant son score au tableau, le Québécois a levé les bras dans les airs avant de laisser tomber ses skis sur le sol dans un mouvement d’excitation. Il a serré un à un ses adversaires dans ses bras, comme il en a l’habitude.

PHOTO IRAKLI GEDENIDZE, REUTERS

Ikuma Horishima sur la piste de bosses de Bakuriani, en Géorgie, où ont lieu les Championnats du monde

« Juste mettre champion du monde à côté de mon nom, c’est incroyable. Il y a bien des athlètes qui ont des carrières exceptionnelles, mais qui n’ont jamais été champions du monde. L’avoir fait sept fois, c’est spécial. […] Je trouve que champion du monde, ça sonne juste bien », a-t-il déclaré avec humilité en conférence de presse virtuelle.

Après chaque compétition, qui se termine souvent par une victoire, c’est la même routine médiatique pour l’athlète de 30 ans. Les questions, après tant de titres et d’exploits, se ressemblent inévitablement. Cette routine, quasi banale par la force des choses, en dit long, au fond. Sur l’immensité de la carrière de Mikaël Kingsbury. Sur la légende qu’il a créée.

Mais même s’il est abonné aux victoires, le roi des bosses a assuré que celles en Championnats du monde – un évènement qui n’a lieu qu’une fois tous les deux ans et dont l’envergure se rapproche de celle des Jeux olympiques – sont toujours aussi savoureuses.

Le feeling est le même. C’est tellement puissant, gagner les Championnats du monde, entendre les annonceurs dire : And the new world champion ! J’étais déjà champion du monde, mais je continue à l’être.

Mikaël Kingsbury

La logique a été respectée. La domination se poursuit. Le roi reste bien installé sur son trône.

Toujours sans pression

Mikaël Kingsbury s’est présenté en Géorgie sans pression pour ses septièmes Championnats du monde en 12 ans. En 2019, il a remporté l’or en simple et en parallèle. Même chose en 2021. Son plan, cette année, était donc le même. Il voulait défendre ses titres. Les deuxième et troisième places ne l’intéressaient pas.

« J’aimais mieux finir 6e en ayant essayé de gagner, a-t-il expliqué. C’était un peu ça, la mentalité que j’avais. C’était de skier sans rien laisser sur la table et j’ai senti que j’ai pu faire ça. »

Dans sa préparation, Kingsbury n’a pas essayé d’apprendre cette nouvelle piste par cœur. Il préférait « rester dans le moment présent, laisser le skieur [en lui] skier la piste du mieux [qu’il] le pouvait ».

Fidèle à son habitude, il a mené le groupe en qualifications, puis en finale. Il était donc le dernier à s’élancer en super finale, alors que le soleil s’était caché derrière les arbres et les montagnes. Il y avait donc « beaucoup d’ombre » dans la piste, ce qui réduit la visibilité.

Les skieurs qui le précédaient ont mis la barre très haut. Les scores des juges étaient élevés. Celui à battre pour Kingsbury : 88,90 points, obtenus par l’Australien Matt Graham.

Kingsbury a dévalé la pente en 23,07 secondes. Il a été moins rapide que Graham (22,49 s), mais sa technique était plus au point. Le roi des bosses a atterri son saut périlleux arrière et son 1080 à la perfection. Sa note : 89,82 points.

Pour être honnête, quand j’ai croisé la ligne, je savais que j’avais fait ma job. Au moins, si j’étais deuxième, je savais que j’avais poussé fort pour la victoire, mais j’avais un bon feeling. Un point d’avance, c’est quand même pas pire. Ç’aurait pu être plus, selon moi, mais je suis vraiment satisfait avec ce que j’ai fait.

Mikaël Kingsbury

Au bas de la piste, tous les skieurs canadiens l’ont rejoint. « Le fait qu’ils sont restés en bas, qu’on s’est fait une grosse colle… C’était vraiment cool de voir que j’ai le soutien de mes coéquipiers et coéquipières », a d’ailleurs dit Kingsbury.

Graham a ainsi hérité de l’argent, alors que le Suédois Walter Wallberg a décroché le bronze avec ses 88,52 points.

Kingsbury tentera de réussir un troisième doublé en or consécutif, dimanche matin, à l’épreuve en parallèle. Comme il l’a bien résumé : « Je suis bien parti, la moitié de la job est faite. » « Je suis vraiment satisfait de mon simple, mais je vais être encore plus satisfait si je performe bien demain », a-t-il ajouté.

Le champion ne rentrera au Québec que mardi. Interrogé sur les célébrations qui l’attendent, Kingsbury ne savait trop à quoi elles ressembleraient. « J’ai hâte d’être à la maison et de prendre une petite coupe de champagne ! », s’est-il exclamé.

Autres résultats

Le parcours des Québécois Elliot Vaillancourt et Julien Viel s’est terminé en finale. Le premier a reçu une note de 80,49 points, lui valant le 12rang, tandis que le deuxième a pris le 14rang avec 80,13 points. Quant à Gabriel Dufresne, il a été exclu de la finale. Chez les femmes, la Française Perrine Lafont a décroché son quatrième titre de championne du monde avec un pointage de 87,40 points en super finale. L’argent appartient à l’Américaine Jaelin Kauf et le bronze à l’Autrichienne Avital Carroll. La Canadienne Maïa Schwinghammer a pris le 5rang. De son côté, la Québécoise Laurianne Desmarais-Gilbert a vu son parcours prendre fin avec une 11place en finale.