Elizabeth Hosking a reçu son invitation pour les X Games, qui auront lieu à Aspen du 27 au 29 janvier

Évaporé, le « petit syndrome de l’imposteur » dont Elizabeth Hosking a souffert par le passé. « J’ai ma place », affirme humblement celle qui fait maintenant partie des meilleures planchistes au monde.

Du haut de ses 21 ans, Hosking a participé à deux éditions des Jeux olympiques. Le 16 décembre dernier, elle a remporté sa première médaille sur le circuit de la Coupe du monde. Et au cours des dernières heures, elle a reçu, pour la deuxième année d’affilée, une invitation à prendre part aux X Games, un grand festival hivernal dans le monde des sports extrêmes. Seules huit planchistes y sont invitées pour l’épreuve de demi-lune.

« Pendant longtemps, je disais : telle personne est à cette compétition-ci, telle personne est à celle-là, ça va être une bonne compétition », raconte la jeune femme à La Presse.

À la veille de 2023, elle voit les choses autrement.

J’ai démontré que je suis parmi les meilleures. Ça m’a fait réaliser que les gens doivent sûrement dire ça par rapport à moi aussi.

Elizabeth Hosking

Il y a un an presque jour pour jour, la native de Longueuil – qui habite Mille-Isles depuis l’âge de 12 ans – annonçait avec enthousiasme sur les réseaux sociaux qu’elle avait reçu sa première invitation pour les X Games. À Aspen, elle avait pris le 7rang.

Cette année, la surprise était moins grande. Hosking s’attendait bien à recevoir le fameux courriel, surtout après avoir décroché sa médaille d’argent en Coupe du monde il n’y a qu’une douzaine de jours. Encore une fois, c’était « incroyable ».

Si la plupart des athlètes voient les X Games comme « le summum de la compétition », la Québécoise les perçoit davantage comme un « évènement ». « C’est un show », dit-elle. Pour cette raison, elle ne se met pas de pression ni ne se crée d’attentes particulières en vue de son passage au Colorado, à la fin de janvier.

« Puisque c’est sur invitation, c’est sûr qu’ils regardent les résultats, mais du côté business, ils veulent faire le meilleur show possible. C’est pour ça que je mets plus mon attention sur les Coupes du monde. […] Je trouve ça très chouette d’être invitée, qu’ils pensent que je donnerais un bon évènement pour le public, mais c’est sûr qu’en termes de compétition, c’est dans les Coupes du monde que ça se joue. »

Il demeure que la planchiste est une compétitrice dans l’âme. Elle voudra donc faire « le mieux possible » et « viser haut ».

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Elizabeth Hosking

Une question de temps

En janvier 2021, Elizabeth Hosking revenait à la compétition après deux ans d’arrêt en raison d’une blessure à une cheville ayant nécessité une opération, puis une réadaptation qui a coïncidé avec la pandémie. Son résultat : une 23place. Déçue, elle s’était fait réconforter par sa concurrente espagnole, Queralt Castellet.

« Elle m’avait dit : “Eli, on sait que tu es là, tu nous pousses à être meilleures, on sait toutes que c’est une question de temps avant que ça débloque.” »

Un peu moins de 12 mois plus tard, en décembre 2021, Hosking réalisait son meilleur résultat en Coupe du monde jusque-là dans sa carrière : une quatrième place. Et c’est Castellet, troisième, qui la privait d’une place sur le podium. « J’étais comme : “Hé, j’arrive, là !” », se souvient Hosking en riant.

Le 16 décembre dernier, la Québécoise s’est présentée à Copper Mountain pour la première compétition de la saison. Malgré des conditions difficiles qui l’empêchaient d’atteindre l’amplitude qui la démarque habituellement des autres, elle a pris le premier rang au terme des qualifications : une première dans sa carrière.

« C’était un gros exploit pour moi ! », s’exclame-t-elle.

Le jour de la finale, la météo était « géniale », un gros soleil pointait sur la montagne. Hosking a répété la même descente qu’en qualifications, mais avec « plus d’amplitude », en « plus gros » et « mieux exécuté ». Après sa première de trois descentes, elle était deuxième. La jeune femme a effectué les deux descentes suivantes sans trop savoir où elle se situait au classement.

C’est vraiment en arrivant en bas [après la dernière descente] que j’ai réalisé. [Les organisateurs] retiennent toujours celles qui vont sur le podium. Et ils m’attendaient, moi.

Elizabeth Hosking

La médaillée d’or ? Queralt Castellet.

« C’était un podium incroyable », résume Hosking, qui, ce jour-là, a récolté les fruits de son travail et de sa patience.

« J’avais juste hâte de revoir mon entraîneur [Brian Smith] parce que je sais qu’un podium pour moi, c’est aussi un podium avec lui. Ça fait 10 ans qu’on travaille ensemble ! »

Pour gagner

Hosking s’envolera pour la Suisse dans deux semaines en vue de la Coupe du monde de Laax, qui débutera le 18 janvier. Dans la demi-lune qu’elle considère comme la « plus belle » du monde, la jeune athlète tentera de poursuivre sur sa lancée.

Après un tel début de saison, son objectif pour 2023 est « d’arriver à chaque compétition et de dire : je suis ici pour gagner ».

« On n’en a pas vraiment reparlé avec mon équipe, mais pourquoi ne pas viser le globe de cristal ? Au pire du pire, tu arrives deuxième. Câline, tu as terminé deuxième pareil ! »