Si Fugain chante que l’oiseau vit d’air pur et d’eau fraîche, Lyne-Marie Bilodeau vit plutôt de surprise et d’adaptation depuis le début de l’année. C’est seulement lors du retour au nid qu’elle a réalisé que 2022 avait été l’année de la grande éclosion.

Lyne-Marie Bilodeau a eu la drôle d’impression que l’année qui vient de s’écouler est allée aussi vite que le fouet du colibri.

Elle a quitté son Sherbrooke natal pour s’établir en Alberta, elle a participé à ses premiers Jeux paralympiques et elle a remporté, il y a quelques jours, ses deux premières médailles en Coupe du monde de ski paranordique.

« C’est incroyable », a-t-elle lancé au téléphone, quelques jours après s’être déposée chez elle à son retour de Scandinavie.

Dur à croire, précise-t-elle, parce qu’elle ne s’attendait pas à monter sur le podium en début de saison. Néanmoins, elle a remporté deux médailles de bronze à Vuokatti, en Finlande, aux épreuves du 5 et du 10 kilomètres.

À 21 ans, réussir à se démarquer dans un sport à long développement comme le sien relève de l’exploit.

PHOTO DAVE BJORN TAYLOR

Lyne-Marie Bilodeau (à droite) a remporté deux médailles de bronze à Vuokatti, en Finlande.

Je ne pensais pas faire de podiums internationaux aussi tôt dans ma carrière. Le faire à la première Coupe du monde de la saison est vraiment inattendu, mais c’est une belle surprise.

Lyne-Marie Bilodeau

Faire du bruit

Si elle admet que la transition entre le Québec et l’Alberta pendant une année paralympique a été « vraiment difficile », elle croit s’être bien adaptée à sa nouvelle réalité grâce à l’encadrement dont elle a pu bénéficier.

« Oh mon Dieu, 2022 a vraiment été une grosse année. C’est allé tellement vite que je n’ai pas vu le temps passer », précise-t-elle. Elle maintient toutefois que « les sacrifices des deux dernières années ont été payants ».

Ses premiers Jeux paralympiques, à Pékin, ont été une belle occasion de se comparer aux meilleures de sa discipline. Elle en est sortie grandie, mais surtout motivée. Comme l’effet papillon, cette expérience a eu des retombées sur les mois qui ont suivi.

« Ça m’a permis de voir à quel niveau j’étais rendue sur le plan international. […] Je me suis entraînée pour combler le retard et ça a donné ce qui est arrivé en Finlande », ajoute Bilodeau.

Ses deux médailles lui ont au moins permis de confirmer qu’elle était dans la cour des grands. « Surtout savoir que j’ai ma place sur le circuit international à seulement 21 ans », insiste-t-elle. La plus grande satisfaction dans son cas est surtout celle-ci : « Maintenant que j’ai touché au podium, je sais que je suis capable. »

Le pilier de l’équipe canadienne

L’arrivée de Brian McKeever dans l’entourage de l’équipe nationale de ski paranordique n’est pas étrangère à la progression fulgurante de Bilodeau.

McKeever, l’un des plus grands athlètes de l’histoire du Canada avec ses 20 médailles paralympiques, s’est joint à l’équipe comme entraîneur et consultant après avoir annoncé sa retraite de la compétition il y a quelques mois.

« Pour moi, ça a tout changé, lance la Québécoise. Ça m’a permis d’avoir un nouveau départ. »

L’arrivée du plus impressionnant fondeur paralympique de l’histoire du pays a changé la manière dont elle voyait son sport, la compétition et l’entraînement.

Les qualités d’entraîneur de McKeever sont indéniables, précise-t-elle, mais son écoute est sa plus grande qualité. « Il est toujours là pour discuter et j’en apprends chaque jour. On peut parler de tout et de rien. »

Bilodeau veut mordre dans chaque seconde que la vie lui offre. Elle veut apprendre et s’épanouir dans chaque moment de grâce, que ce soit au cours d’un battement d’ailes ou sur une dizaine de kilomètres.

Elle reprendra la route des États-Unis à la fin du mois de décembre pour continuer à se surprendre elle-même.