(Calgary) Le panneau sur pied indiquant la direction vers la salle des médias à l’Anneau olympique de Calgary en a pris pour son rhume, dimanche après-midi.

Ivanie Blondin l’a fait valser au sol à l’aide d’un bon coup de poing après avoir appris qu’elle était disqualifiée pour un changement de trajectoire irrégulier au début de la finale de l’épreuve de départ de groupe.

La patineuse canadienne, qui avait franchi la ligne au troisième rang, partait se changer au vestiaire pour donner une entrevue à CBC à titre de médaillée de bronze…

« C’est une décision stupide », a fulminé Blondin, qui avait quand même retrouvé son calme un quart d’heure plus tard devant les journalistes de la presse écrite.

La double médaillée des Jeux olympiques de Pékin a expliqué qu’elle s’était glissée à l’intérieur pour réagir préventivement à de potentielles attaques de ses deux rivales néerlandaises. Celles-ci avaient usé d’une stratégie analogue pour conduire leur pays à la victoire à la Coupe du monde précédente à Heerenveen.

Ce qui me confond, c’est que de toute évidence, j’ai été victime d’un changement de couloir [similaire] dans l’avant-dernière ligne droite. J’ai été gênée par [Irene] Schouten, je ne comprends donc pas pourquoi elle n’a pas été disqualifiée. C’est malheureux, la façon dont les choses se déroulent ; il semble que les arbitres ne soient pas exactement de notre côté en ce moment. C’est comme ça, je ne peux rien y faire.

Ivanie Blondin

Triple championne olympique, Schouten a devancé au sprint l’Américaine Mia Kilburg, et donc Blondin, pour décrocher sa deuxième médaille d’or consécutive dans cette épreuve. La Néerlandaise Marijke Groenewood a hérité du bronze après la disqualification de la Franco-Ontarienne.

Emboîtée à la sortie du dernier virage, Valérie Maltais a dû se déporter vers l’extérieur et n’a jamais été en mesure de se mêler au sprint final, terminant 12e. La Québécoise a tenté une attaque au cinquième tour, mais s’est ravisée en constatant que le peloton réagissait et qu’elle n’avait tout simplement pas les jambes pour mener la manœuvre à bon port.

PHOTO DAVE HOLLAND, FOURNIE PAR PATINAGE DE VITESSE CANADA

Valérie Maltais (7)

« Je n’ai pas essayé trop longtemps parce que j’ai senti tout de suite que je n’allais pas être capable de tenir physiquement », a admis celle qui avait fini cinquième et septième à Heerenveen et à Stavanger. « Ce n’est pas ma meilleure course, mais c’est certain que je vais pouvoir en tirer des apprentissages. »

« On ne patine pas ensemble »

Tandis que les Néerlandaises font front commun, Blondin et Maltais adoptent chacune leur tactique personnelle, avec l’accord tacite de ne pas se nuire mutuellement.

Cette formule ne semble pas plaire à Blondin, gagnante du premier départ de groupe en Norvège.

« Schouten et Marijke attaquaient l’une après l’autre et j’essayais de boucher les écarts parce que la dernière fois, j’étais la seule de tout le peloton à faire la job sale, a-t-elle affirmé. C’est typiquement le cas ; les filles ne veulent pas se battre. »

C’est merdique pour moi parce que je suis seule. J’ai une coéquipière, mais on ne patine pas ensemble.

Ivanie Blondin

Durant le dernier cycle olympique, Maltais s’est régulièrement mise à son service, mais la donne a changé depuis les JO de Pékin. Blondin a indiqué que ce n’était pas une décision des entraîneurs. « Ça vient des athlètes individuelles », a-t-elle précisé, ajoutant que ce n’était pas elle « qui ne veut pas travailler ensemble ».

Le prochain départ de groupe à la deuxième Coupe du monde de Calgary, le week-end prochain, promet. La Belge Sandrine Tas, sixième de la course, a pris soin de remettre le panneau sur pied, les journalistes devraient pouvoir se retrouver.