(Killington) Mikaela Shiffrin a-t-elle été ralentie par le vent ou en a-t-elle simplement beaucoup perdu en slalom géant ?

La supervedette américaine semblait elle-même se le demander après avoir enregistré le pire temps des neuf partantes, samedi. Elle a cédé 1,38 seconde à la meneuse, la Française Tessa Worley, sur un parcours pourtant raccourci de cinq ou six portes. Autant dire un gouffre pour une skieuse de son calibre.

Lisez l’article sur Valérie Grenier « Quand le vent dit non »

« Je suis un peu déçue de moi-même », a-t-elle admis avant qu’on ne l’informe de l’annulation de la course après une interruption d’une demi-heure. « C’est assurément une journée complexe. Ça joue dans la tête quand on se demande : “Est-ce que j’ai eu du vent, est-ce que toutes les autres ont eu du vent ?” »

L’athlète de 26 ans a louangé les préparateurs du parcours, actifs toute la nuit pour balayer le pied et demi de neige qui était tombé, et le public qui l’a accueillie avec un rugissement assourdissant à travers les bourrasques. « Le ski alpin est un sport extérieur. S’il y a une chose qu’on apprend, c’est qu’on ne peut pas vraiment se battre contre la météo. »

Victorieuse à Sölden en octobre, elle a été limitée depuis à quatre descentes d’entraînement en géant en raison de raideurs au dos. « Ç’a été dans la bonne direction dans la dernière semaine », s’est-elle encouragée.

Deux fois deuxième en slalom à Levi, Shiffrin tentera de signer un cinquième succès d’affilée entre les piquets à Killington ce dimanche. Elle égalerait ainsi la marque du grand Ingemar Stenmark pour le plus de victoires dans une seule discipline. Le Suédois s’est imposé 46 fois en slalom géant dans les années 1970 et 1980.

Worley en « tire du positif »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Tessa Worley

La grande perdante de l’annulation a été Tessa Worley, qui menait l’épreuve après avoir découpé le parcours Superstar grâce à une angulation pas possible. Pas pressée de partir, la Française de 32 ans a distribué cartes à son effigie et autographes à des jeunes trop heureux qu’elle s’arrête.

« C’est vrai que c’est rageant, a-t-elle confié à La Presse. En tout cas, ça fait bizarre que la journée se termine comme ça. Par contre, il y a quand même beaucoup de choses positives à en tirer. C’est vrai que cette première manche était très satisfaisante pour moi. J’ai réussi à faire mon ski et à me libérer malgré les conditions difficiles, et surtout à m’exprimer dès la première manche. »

Gagnante du géant inaugural de Killington en 2016, la double championne mondiale ne jugeait pas qu’elle avait perdu son temps dans le Vermont. Comme elle ne s’aligne qu’en super-G et pas en descente, elle ne se rendra pas à Lake Louise la semaine prochaine.

Néanmoins, Worley n’avait pas l’impression de s’être déplacée pour rien. « Non, ce n’est jamais pour rien, a-t-elle assuré. J’ai fait un bon stage de préparation ici aux États-Unis. D’abord dans le Colorado et ensuite on est venus ici. Malgré tout, ça reste une manche de Coupe du monde. Il n’y a pas eu beaucoup de partantes, mais parmi les meilleures du classement, j’ai réussi à tirer mon épingle du jeu. Il y a des satisfactions à en tirer quand même. »

Attention, neige devant !

J’ai compris que la journée ne serait pas facile quand un employé de la station m’a soufflé sa neige au visage à mon arrivée devant le centre de presse à 7 h du matin. Avec près d’un demi-mètre de neige tombé depuis la veille, il fallait tracer un chemin pour les quelques milliers de spectateurs attendus pour la course. Les organisateurs en ont annoncé 10 000, mais beaucoup ont oublié de se présenter ou préféré s’amuser dans la poudreuse. En tout cas, il y avait plus d’ambiance qu’à un match des Sabres de Buffalo. Chapeau bas au DJ Z-Trip, qui s’est échiné sur ses tourne-disques pour la centaine de braves agglutinés devant la scène sur l’heure du midi.