Alexis Lafrenière est en train de confirmer une chose depuis le début des séries éliminatoires : certains joueurs sélectionnés au premier rang du repêchage peuvent parfois mettre du temps à trouver leur valeur. Non seulement le Québécois a trouvé la sienne, mais elle est de plus en plus ajoutée.

Lafrenière a été le meilleur élément de son équipe, dimanche après-midi, dans un autre gain des Rangers de New York en prolongation, cette fois au compte de 5-4, contre les Panthers de la Floride. Les Rangers mènent la finale de l’Association de l’Est 2-1.

L’ailier a marqué le premier et le troisième but des siens, les deux fois de brillante façon.

En première période, en échappée, il a logé son tir du revers par-dessus la mitaine de Sergei Bobrovsky pour égaliser la marque, 1-1. En fin de deuxième, il a inscrit ce qui est sans doute le but le plus spectaculaire de sa jeune carrière en déculottant le vétéran défenseur Dmitry Kulikov, avant de déjouer à nouveau le gardien des Panthers du revers, tout en perdant l’équilibre. Il donnait alors les devants 3-2 à son équipe.

Alexis Lafrenière épate depuis le début de la saison. Mais l’échantillon de 13 matchs qui nous est offert depuis le début des séries est suffisant pour renforcer l’idée qu’un premier choix, comme lui, peut avoir besoin d’une certaine période avant de trouver ses aises, comprendre son rôle, prendre confiance et s’habituer au calibre de la meilleure ligue au monde.

Le joueur de 22 ans évolue dans une équipe éminemment talentueuse. Premiers au classement général cette saison, les Rangers peuvent compter sur cinq joueurs d’au moins 70 points. Lors de ce premier match en Floride, Artemi Panarin, Chris Kreider et Mika Zibanejad ont été invisibles. C’est donc Lafrenière qui a pris les choses en main. En marquant son sixième but du printemps, il arrive maintenant au troisième rang de son équipe.

La progression du joueur de Saint-Eustache a de quoi impressionner. Les attentes étaient démesurées à son arrivée dans la LNH, à l’image du panneau que les Rangers avaient fait installer sur Times Square lorsque Lafrenière avait été repêché et sur lequel il était inscrit « Bienvenue à Broadway ». Il en est maintenant à 12 points en 13 matchs. Avant cette année, il avait amassé seulement 9 points, dont 2 buts, en 27 rencontres éliminatoires.

Lafrenière ne dépend plus de Panarin ou de Vincent Trocheck pour produire. Il est devenu lui-même maître de son destin. Vif, impliqué et créatif, le Québécois a conclu la rencontre avec 2 points, une fiche de +2, 6 tirs au but et près de 16 minutes de temps d’utilisation. Des statistiques que ne pourrait pas revendiquer un joueur dont la progression est un échec, comme l’avaient annoncé plusieurs observateurs avant son éclosion.

Goodrow prouve sa valeur

Les critiques avaient été vives à l’endroit de Barclay Goodrow cette année dans la ville qui ne dort jamais. Les amateurs refusaient de fermer les yeux sur la maigre production de l’attaquant qui touchera presque 4 millions de dollars par année jusqu’en 2027.

Si Lafrenière a été un élément crucial dans la deuxième victoire d’affilée des Rangers, on peut en dire autant de Goodrow. Le joueur de centre de 31 ans a imité son coéquipier en marquant deux fois. D’abord, en déviant le tir de Braden Schneider au premier vingt. Puis, grâce à un tir sur réception en toute fin de deuxième engagement, alors que les Rangers devaient se défendre à court d’un homme.

PHOTO WILFREDO LEE, ASSOCIATED PRESS

Barclay Goodrow (21) décoche un tir au filet défendu par Sergei Bobrovsky (72), en deuxième période.

Goodrow a lui aussi marqué ses cinquième et sixième buts des séries. Une production déjà plus élevée qu’en saison, puisqu’il avait touché la cible seulement 4 fois en 80 matchs.

Le vétéran a même été utilisé rapidement en prolongation par son entraîneur-chef Peter Laviolette, tellement il est un joueur revigoré.

C’est toutefois Alex Wennberg qui a tranché le débat un peu plus de cinq minutes après le début de la période supplémentaire. L’attaquant, peu visible au cours du match, a redirigé le tir de Ryan Lindgren pour offrir une avance d’un match à sa formation.

Les gros canons fonctionnent

Ce n’est cependant pas par manque d’effort et d’initiative que les Panthers ont perdu ce premier match devant les leurs. Les Floridiens ont dominé une bonne partie de ce match, surtout en fin de troisième période et en prolongation. Les Rangers paraissaient épuisés et à bout de solutions. Ils additionnaient les dégagements refusés. Trocheck a même été obligé d’étirer l’une de ses présences sur plus de deux minutes. Mais malgré les 37 tirs dirigés vers Igor Shesterkin, les Panthers sont rentrés au vestiaire en accusant un retard dans la série.

PHOTO WILFREDO LEE, ASSOCIATED PRESS

Les Panthers rentrent au vestiaire après la défaite en prolongation.

Tout n’est pas perdu, toutefois, pour la troupe de Paul Maurice. Les meilleurs joueurs ont été les meilleurs, et elle a simplement fait face à une équipe plus opportuniste.

Le capitaine Aleksander Barkov a encore une fois été étincelant. Il a inscrit deux points au tableau, dont le troisième but des siens, celui qui a offert le second souffle à son équipe. Sam Reinhart a été efficace en avantage numérique, marquant deux buts dès la première période, deux fois près du demi-cercle du cerbère adverse.

En plus de ses deux mentions d’aide, Matthew Tkachuk a provoqué plusieurs chances de marquer. Bref, il n’y a aucune inquiétude à avoir chez les Panthers. Leur jeu le long des rampes, leur contrôle de rondelle en zone offensive et leur manière de fermer le centre en défense sont des indicateurs qui ne trompent pas.

On s’attendait à une série serrée entre les deux meilleures formations de l’Association de l’Est, et c’est exactement ce à quoi on a droit.