Le nouveau directeur général des Predators de Nashville, Barry Trotz, vient de faire le plus beau cadeau à ses recruteurs, à l’aube du repêchage.

« Prenez des risques, choisissez des espoirs de grand talent malgré les points d’interrogation, a-t-il lancé en conférence de presse mercredi, en marge de l’embauche de son nouvel entraîneur Andrew Brunette. Je peux vous trouver des joueurs de troisième et quatrième trio sans problème. Optez de votre côté pour des joueurs qui feront lever nos partisans de leur siège. »

La déclaration de Trotz détonne dans le milieu plutôt conservateur du repêchage de la LNH. On peut comprendre à certains égards les directeurs du recrutement.

Il est difficile de justifier le maintien de votre poste lorsque les sept ou huit joueurs repêchés dans une année n’ont pas percé. Pour améliorer sa feuille de route, le recruteur en chef aura souvent le réflexe d’opter pour le joueur un peu moins nanti en habiletés individuelles, mais dont les chances de s’établir dans la Ligue nationale de hockey sont plus sûres.

Ce phénomène est moins présent parmi les choix du top dix où les valeurs sont plus sûres, mais peut s’observer davantage à compter de la fin du premier tour, parfois même plus tôt.

Le choix de Ryan Poehling par le Canadien au 25e rang en 2017 illustre bien ce phénomène. Poehling a confondu les fans du CH en marquant trois buts à son premier match en carrière quelques années plus tard, mais il était d’abord reconnu pour son efficacité dans les trois zones, sans pour autant être reconnu comme un grand centre offensif.

Poehling avait d’ailleurs obtenu seulement 13 points, dont 7 buts, en 35 matchs à St. Cloud State University à son année d’admissibilité au repêchage. « C’est un centre doté d’un bon gabarit qui joue de la bonne façon, avait déclaré le directeur général Marc Bergevin après le choix. Il a du talent offensif et il ne triche pas défensivement. Nous croyons qu’il est un joueur avec qui nous pourrons gagner. »

Les Stars de Dallas ont tenté le circuit à la manière dont Barry Trotz les espère à Nashville au 39e rang. Après avoir obtenu Miro Heiskanen au troisième rang total et un gardien immédiatement après Poehling, au 26e rang, ils ont pris un risque avec un attaquant très productif dans les rangs juniors ontariens, 81 points, dont 42 buts, en 68 matchs à Kingston, mais dont le coup de patin médiocre allait constituer un obstacle majeur à sa progression. Il était aussi l’un des plus jeunes espoirs de sa cuvée, étant né en juillet.

Certains analystes ne plaçaient même pas Jason Robertson parmi les choix deuxième ou troisième tour sur leur liste. « Il possède un potentiel pour jouer au sein d’un trio offensif, mais pourrait aussi échouer s’il ne s’adapte pas à la vitesse du jeu au prochain niveau, écrivait Mark Scheig à quelques semaines du repêchage. Le choisir tôt constitue un risque, mais pourrait rapporter gros. »

Comme prévu, Ryan Poehling a réussi à s’établir dans la LNH. Il joue désormais au centre du quatrième trio des Penguins et a obtenu 14 points en 53 matchs la saison dernière. Pittsburgh l’a obtenu presque gratuitement puisque Kent Hughes l’a cédé avec Jeff Petry dans l’échange pour Mike Matheson l’an dernier afin de libérer de la masse salariale et ainsi renouveler le contrat de Rem Pitlick.

Plusieurs patineurs médiocres au niveau junior ont fait chou blanc dans les rangs professionnels. Robertson aurait pu être l’un de ceux-là. Il a néanmoins fait fructifier son talent au-delà des espérances. Ce jeune homme de 23 ans vient d’amasser 109 points, dont 46 buts, cette saison à Dallas. Seuls McDavid, Draisaitl, Pastrnak, Kucherov et MacKinnon en ont obtenu davantage.

Pour repêcher de façon aussi téméraire, il faut aussi accepter le faible taux de succès qui y est associé. Nashville a pris un certain risque avec Eeli Tolvanen au 30e rang en raison de la petite taille du jeune homme. St. Louis a repêché le géant Klim Kostin au 31e rang malgré les blessures à répétitions du jeune homme et le risque de le voir demeurer en Russie.

Mais il s’agissait du second choix de premier tour pour les Blues, après Robert Thomas au 20e rang, ce qui rend la prise de risque toujours un peu plus facile.

Les Predators n’ont pas été assez patients avec Tolvanen. Ils l’ont cédé au ballottage en décembre. Ce jeune homme de 23 ans avait obtenu 51 points en 135 matchs depuis le début de sa carrière dans la LNH. Il a depuis lancé sa carrière à Seattle et amassé 27 points, dont 16 buts, en 48 matchs en deuxième moitié de saison. Nashville s’est néanmoins retrouvé les mains vides.

Klostin, un géant de 6 pieds 3 pouces et 215 livres, n’est jamais devenu le grand centre espéré chez les Blues. Il a été échangé aux Oilers en octobre pour un défenseur du même âge, Dmitri Samorukov, toujours dans la Ligue américaine. Klostin s’est néanmoins trouvé une niche chez les Oilers au sein du troisième trio.

Les Predators détiennent deux choix de premier tour, le leur au 17e rang et celui des Oilers obtenu dans l’échange de Mattias Ekholm, au 24e rang. Ils possèdent aussi deux choix de deuxième tour et trois choix de troisième tour.

Il sera intéressant de suivre leur stratégie fin juin, tout comme celle du Canadien si Matvei Michkov est toujours disponible au cinquième rang et avec son choix de premier tour au 31e ou 32e rang selon le résultat de la finale de la Coupe Stanley.

Michael Pezzetta récompensé

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Michael Pezzetta

Michael Pezzetta n’est pas un grand hockeyeur. Modeste choix de sixième tour en 2016, il a amassé 26 points en 114 matchs en carrière. Qu’il soit établi dans la LNH relève déjà de l’exploit.

À 25 ans, il vient de signer un contrat garanti de deux ans, moyennant 812 500 $ par saison sur la masse salariale du Canadien. Dans le pire des cas, on peut le renvoyer dans la Ligue américaine et effacer son salaire de la masse. Le risque n’est donc pas énorme de lui faire confiance pour deux autres années.

À défaut de produire, Pezzetta amène une énergie certaine au sein d’un quatrième trio, ne semble pas broncher quand on le retire de la formation et accepte les taloches sur la gueule sans broncher si ça peut servir la cause du club. Pezzetta ne fait pas trembler les brutes adverses, mais son enthousiasme est contagieux.

Quatre joueurs ont été repêchés par le CH avant Pezzetta en 2016 : Mikhail Sergachev au premier tour, William Bitten au troisième, Victor Mete au quatrième et Casey Staum au cinquième. Peu auraient parié sur ses chances de disputer au moins 100 matchs dans la Ligue nationale de hockey avec une saison de 28 points en 64 matchs dans les rangs juniors à Sudbury à son année d’admissibilité.

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