Il y a sept ans à peine, lors du repêchage de 2016, un 31e choix au total n’était pas considéré comme un choix de premier tour. Le dernier choix s’arrêtait à 30.

Mais l’arrivée de Vegas en 2017, puis celle de Seattle, en 2021, a élargi le nombre de choix à 32 par tour. Évoquer un choix de premier tour frappe toujours l’imaginaire, mais à compter du 31e rang, les meilleurs joueurs de talent ont eu le temps de trouver preneur, à quelques exceptions près, évidemment.

Les plus pessimistes diront que le Canadien a presque hérité d’un choix de deuxième tour des Panthers de la Floride pour le défenseur Ben Chiarot avec la percée de cette surprenante équipe jusqu’à la finale de la Coupe Stanley…

Si les Penguins de Pittsburgh n’avaient pas perdu bêtement 5-2 à domicile lors de leur avant-dernier match de la saison régulière, la Floride était exclue des séries et le CH aurait obtenu le 14e choix au total.

Le Canadien demeurait certain d’obtenir le 17e choix au total il y a un mois. Les Bruins menaient leur série de premier tour contre les Panthers 3-1, avant de voir leurs adversaires remporter le cinquième match en prolongation, puis les deux suivants.

Les quatre demi-finalistes héritent des derniers choix de chaque tour du repêchage. Les finalistes des 31e et 32e choix. Celui du CH a donc chuté de quinze rangs avec la victoire des Panthers au deuxième tour contre les Maple Leafs de Toronto et pourrait même descendre d’un rang supplémentaire si la Floride remporte la Coupe Stanley.

Nous avions fait l’exercice il y a un mois, avec les Panthers au seuil de l’élimination, en répertoriant seize joueurs repêchés entre le 17e et le 20e rang, entre 2014 et 2017.

Neuf de ces seize espoirs étaient devenus des attaquants de trio offensif ou un top quatre en défense, pour un taux de succès de 56 %. Parmi eux, Robert Thomas, Josh Norris, Joel Eriksson-Ek, Alex Tuch, Kyle Connor, Thomas Chabot, Tomas Hertl, Teuvo Teravainen et Andrei Vasilevskiy.

Répéter l’analyse avec les choix situés entre le 31e et le 34e rang peut s’avérer déprimant. Lançons-nous néanmoins, par souci de véracité.

2014

  • 31- Brendan Lemieux, attaquant, Buffalo
  • 32- Jayce Hawryluk, attaquant, Floride
  • 33- Ivan Barbashev, attaquant, St. Louis.
  • 34- Mason McDonald, gardien, Calgary

2015

  • 31- Jérémy Roy, défenseur, San Jose
  • 32- Christian Fischer, attaquant, Arizona
  • 33- Mitchell Stephens, centre, Tampa
  • 34- Travis Dermott, défenseur, Toronto

2016

  • 31- Egor Korshkov, attaquant, Toronto
  • 32- Tyler Benson, attaquant, Edmonton
  • 33- Rasmus Asplund, centre, Buffalo
  • 34- Andrew Peeke, défenseur, Columbus

2017

  • 31- Klim Kostin, centre, St. Louis
  • 32- Conor Timmins, défenseur, Colorado
  • 33- Kole Lind, attaquant, Vancouver
  • 34- Nicolas Hague, défenseur, Vegas

Du lot, on retrouve seulement six joueurs établis dans la LNH : Peeke, Hague, Fischer, Lemieux, Barbashev, Kostin.

Barbashev est sans doute le meilleur du groupe. Il connait des séries éliminatoires fantastiques à Vegas, avec 14 points en 16 matchs, à l’aile gauche du premier trio avec Jack Eichel et Jonathan Marchessault.

Cet ancien des Wildcats de Moncton a finalement explosé offensivement la saison précédente chez les Blues, à 26 ans, avec une saison de 60 points, dont 26 buts.

Sinon, les autres joueurs cités demeurent des joueurs de troisième ou quatrième trio, ou de troisième paire en défense.

Il y a évidemment toujours moyen de trouver des perles. Brayden Point a été repêché au troisième tour en 2014, Gustav Forsling au cinquième tour ; Jason Robertson, des Stars, a été choisi au 39e rang en 2017, après Klostin, Timmins, Lind et Hague ; Alex DeBrincat sept rangs après Asplund en 2016.

Mais le taux de succès est nettement plus faible à compter du deuxième tour, moins de 10 %, et il faut une combinaison de flair et de chance.

Le Canadien a repêché Logan Mailloux au 31e rang en 2021 et Owen Beck au 33e rang l’année suivante. Ils montrent de belles promesses, mais attendons avant de les consacrer.

Mailloux vient de battre des records offensifs à London, avec 24 points en 21 matchs de séries éliminatoires, mais il faut toujours prendre les exploits dans les rangs juniors d’un joueur de 19 ou 20 ans avec un grain de sel puisqu’il affronte des joueurs plus jeunes.

Ses performances à Laval l’hiver prochain nous en diront plus long sur son potentiel que ses points amassés cette saison dans la Ligue junior de l’Ontario, deux ans après avoir été repêché dans la LNH.

Rappelons-nous seulement l’engouement pour Josh Brook, ce choix de second tour du Canadien en 2017, après sa saison de 75 points en 59 matchs à Moose Jaw, dans la Ligue junior de l’Ouest, deux ans justement après le repêchage. Même avant que des blessures ne fassent dérailler sa carrière, Brook peinait à s’établir à Laval.

Quant à Beck, ses performances au camp d’entraînement du Canadien nous laissent entrevoir un éventuel joueur de la LNH, dans un rôle plus défensif. Généralement, les gros producteurs de points dominent déjà offensivement dans les rangs juniors à 19 ans.

À titre de comparaison, Nick Suzuki a amassé 100 points en 64 matchs à Owen Sound en 2017-2018 après avoir été repêché par Vegas au premier tour. Il a eu 19 ans en août. Beck en a obtenu 66 en 60 matchs à Mississauga, puis en Peterborough, sa nouvelle équipe, où il ne joue pas au sein du premier trio.

Beck a marqué un joli but ce week-end à la Coupe Memorial, son seul point en deux matchs. Peterborough a néanmoins perdu ses deux premières rencontres 6-3 contre Seattle et 10-2 contre Kamloops. Voyons contre Québec mardi.

Pete DeBoer et les bouchées d’éléphant…

PHOTO LM OTERO, ASSOCIATED PRESS

Pete DeBoer. entraîneur des Stars de Dallas

« Gagner pour Joe ! », clamait-on dans le vestiaire des Stars depuis le début de la finale de l’Association de l’Ouest. À 38 ans, et après 16 saisons dans la LNH, Joe Pavelski n’a jamais remporté la Coupe Stanley, malgré 1001 points en 1250 matchs.

On voulait chez les Stars se servir de cet élément comme d’une source de motivation, à l’instar de l’Avalanche du Colorado à l’époque avec Raymond Bourque.

Mais avec les Stars en déficit de 0-3 dans la série contre Vegas, et la suspension de deux matchs du capitaine Jamie Benn, qui y croyait encore ?

Pavelski a pris les choses en main avec un but en prolongation jeudi dans le quatrième match, et Dallas l’a emporté à nouveau samedi, 4-2.

Jamais une équipe de la LNH n’a-t-elle comblé un déficit de 0-3 dans le carré d’as. Les Stars viennent probablement de semer le doute dans la tête des joueurs de Vegas. Dallas pourra-t-il remporter un troisième match consécutif lundi soir ?

« Il y a une seule façon de manger un éléphant, une bouchée à la fois… », a déclaré après le troisième match l’entraîneur des Stars, Pete DeBoer, pour paraphraser le célèbre récipiendaire du prix Nobel de la paix en 1984, le Sud-Africain Desmond Tutu.

Il reste deux grosses bouchées…

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