Ils étaient des milliers à l’Auditorium de Verdun pour le match inaugural de l’Alliance, vendredi dernier. Mais entre deux paniers, les yeux se portaient forcément sur les deux colosses installés aux abords du terrain.

Lunettes fumées sur le nez, sweat-shirt sur le dos, les joueurs de la NBA Luguentz Dort et Chris Boucher étaient des spectateurs attentifs pour cette première victoire du club montréalais.

Au cours des dernières années, les deux hommes sont devenus les porte-étendards du mouvement du basketball québécois, qui ne cesse de grandir. Si Luguentz Dort est l’athlète québécois le mieux payé, tous sports confondus, la vie des gens riches et célèbres ne l’a pas éloigné de ses racines. Pour preuve, il s’est déplacé pour encourager l’équipe locale pour la deuxième saison consécutive.

À la mi-temps, le joueur du Thunder d’Oklahoma City a accordé à La Presse quelques minutes de son temps, alors qu’une jeune fille attendait patiemment d’obtenir un autographe sur son ballon.

Inévitablement, un des sujets de discussion a été le Québécois Olivier-Maxence Prosper, qui s’était déclaré admissible au repêchage de la NBA un peu plus tôt dans la journée. Dort connaît Prosper depuis longtemps, ayant évolué avec lui au sein du programme Brookwood Élite.

« Je suis vraiment content pour O-Max »,
a-t-il lancé.

Je lui ai donné beaucoup de conseils. Je lui ai dit qu’il était prêt pour le prochain niveau. Je suis vraiment heureux qu’il se soit déclaré.

Luguentz Dort

Prosper, qui pourrait être sélectionné dès le premier tour, pourrait s’ajouter à la liste des Québécois à atteindre les grandes ligues. Une liste encore courte, certes, mais qui s’allonge d’année en année.

Il y a un an à peine, c’est le nom de Bennedict Mathurin qui était sur toutes les lèvres. Il est devenu le Québécois repêché le plus tôt de l’histoire de la NBA lorsque les Pacers de l’Indiana ont fait de lui le sixième choix de la séance de sélection.

Quand on lui a demandé son opinion sur la première saison professionnelle de son jeune compatriote, contre qui il a joué deux fois cette saison, Dort a esquissé un sourire.

« Incroyable », a-t-il répondu dans un premier temps.

« C’était le fun de l’affronter. C’est un ami proche. C’était vraiment bien de jouer contre lui [dans la NBA]. En plus, il a choqué beaucoup de personnes », a-t-il ajouté en référence à l’impact immédiat qu’a eu Mathurin dans la grande ligue.

Une question de temps

Luguentz Dort a terminé il y a quelques semaines la première année de son contrat de cinq ans et 82,5 millions de dollars avec le Thunder. Encore cette saison, il a démontré qu’il est indispensable pour la défense.

PHOTO GARY A. VASQUEZ, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Luguentz Dort en action contre les Lakers de Los Angeles

Dans un article de Forbes paru au début du mois de mai, le directeur général du Thunder, Sam Presti, a déploré que le Québécois ne soit pas reconnu à sa juste valeur pour son travail défensif. « Notre équipe est radicalement différente sans sa défense », a-t-il insisté. En début de saison, la vedette des Mavericks de Dallas Luka Dončić a affirmé lors d’une conférence de presse que Dort est « un des trois meilleurs défenseurs de la ligue ».

Malgré tout, le natif de Montréal-Nord n’a pas encore été nommé sur les équipes d’étoiles défensives du circuit au terme de la campagne. Mais le principal intéressé ne semble pas trop s’en faire avec ça.

C’est sûr que ça va prendre du temps avant que le monde commence à parler de moi défensivement parce qu’on n’est pas encore l’équipe qui joue souvent à la télévision. C’est quelque chose qui va venir. C’est juste une question de temps.

Luguentz Dort

La reconstruction du Thunder tire à sa fin, même si l’équipe a une banque de choix encore fort bien garnie pour les prochains repêchages. Menée par le Canadien Shai Gilgeous-Alexander, la troupe de l’entraîneur-chef Mark Daigneault a remporté 40 victoires et obtenu sa place dans le tournoi play-in de fin de saison.

« On a choqué beaucoup d’équipes », a affirmé Dort à ce sujet, se disant « satisfait » de sa saison d’un point de vue personnel.

« Somme toute, je pense que j’ai eu une très bonne saison. C’est sûr que je suis emballé pour les saisons à venir, mais je suis encore jeune. J’ai beaucoup de choses à développer encore. »

S’il prévoit prendre « beaucoup de temps » de repos cet été, le Québécois entend bien s’entraîner avec la « même intensité » en vue de la deuxième saison de son contrat. D’ici là, il profite de ses vacances pour… regarder du basketball !