Erik Bazinyan est arrivé au Cabaret du Casino de Montréal avec tout à perdre et tout à prouver. S’il n’a pas réussi à démontrer exactement ce qu’il souhaitait, il n’a rien perdu.

Bazinyan (30-0, 21 K.-O.) a défait, par décision unanime, Jose de Jesus Macias (28-12-4, 14 K.-O.) jeudi et a conservé ses titres NABA et NABF.

Or, ce qui a marqué le combat, c’est un moment où la foule a retenu son souffle. Un moment où le résultat n’était plus si évident pour un duel qui s’annonçait peu dangereux.

Au 7round, le Lavallois a tenté autant que possible de résister aux assauts de son rival. La foule s’est levée, s’est mise à scander « Bazzo », car le Québécois était dans les câbles, recroquevillé, et à la recherche de soutien. Cette séquence s’est aussi prolongée pendant un instant au 8e.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Jose de Jesus Macias et Erik Bazinyan

Cette semaine, le président d’Eye of the Tiger Management (EOTTM), Camille Estephan, a dit vouloir un combat spectaculaire. Il a été servi.

« C’était un spectacle, peut-être un peu trop », a laissé tomber Estephan en riant.

On a fait exprès de trouver des combats compliqués. Tu ne peux pas apprendre des choses comme ça dans le gym.

Camille Estephan, président d’Eye of the Tiger Management

Si le reste du combat a été à l’avantage de Bazinyan, c’est tout de même cette séquence où le visiteur a mené et a été dangereux qui a retenu l’attention. Macias, qui a par le passé défait Steven Butler et Francis Lafrenière, a failli jouer les trouble-fêtes de nouveau.

C’est un moment qui a, certes, fait augmenter le niveau de stress de l’entraîneur de Bazinyan, Marc Ramsay, mais pas par crainte d’un K.-O. « J’ai plutôt eu peur en raison de la baisse d’énergie. Il restait encore trois rounds à disputer », a noté l’instructeur.

Néanmoins, Bazinyan a persévéré et les juges ont remis des cartes de 97-93, 98-92 et 98-92 en sa faveur. Il a ainsi préservé sa fiche parfaite, ses titres, mais également son titre de deuxième aspirant à la World Boxing Association (WBA), au World Boxing Council (WBC) et à la World Boxing Organization (WBO).

Des apprentissages avant d’affronter les grands

Chez les super-moyens il y a Canelo Álvarez, qui détient les quatre ceintures de la division, et David Benavidez, champion intérimaire du WBC. Ensuite il y a un groupe de poursuivants, parmi lequel se trouve Bazinyan.

Maintenant que sa fiche est plus reluisante que jamais, le Québécois pourrait-il s’attaquer aux plus grands comme Álvarez ?

À défaut d’avoir pu obtenir une réponse du principal intéressé, qui n’a pas rencontré les médias en raison d’un examen médical, son entraîneur a plutôt tempéré les attentes.

« Quelqu’un est-il vraiment prêt pour Canelo ? », a répondu Ramsay. L’entraîneur a expliqué qu’il s’agit également d’un business et que le processus peut être assez complexe avant d’affronter les plus gros. Il a toutefois noté que son protégé « peut encore et toujours s’améliorer ».

Selon Ramsay, ce combat et cette séquence tumultueuse pourront s’inscrire dans la colonne des apprentissages.

« On a affronté des gauchers, des contre-attaquants, des gars de force et on continue de relever le niveau de talent des adversaires », a dit Ramsay au sujet des rivaux de Bazinyan.

« Dans les derniers combats, on a affronté différents profils et, surtout, à un niveau plus élevé. On a affronté un technicien en [Alantez] Fox, puis un gars plus physique en Macias. Par contre, quand tu affrontes Canelo ou Benavidez, ils regroupent tout ça. Alors il faut que tu goûtes à la soupe avant, car quand la soupe est chaude tu vas te brûler, ça c’est garanti. »

Des apprentissages précieux qui se font avec des victoires. En fin de compte, il y a aussi du positif dans cette victoire.